Une dernière, et je vais sauver le monde : Mikros et Photonik - Jean-Yves Mitton & Reed Man

BD

Comics

Epic

Europe

France

Historique

Verveneyel

-

1 août 2023

" Chers lecteurs, aimez-vous les super-héros ? Etant donné leur succès ces vingt dernières années, ce ne serait pas pour ainsi dire fantastique ! Peut-être aimez-vous tendrement la folle saga du MCU, ou les séries Marvel plus intimistes sur Netflix. Peut-être encore êtes-vous un fan inconditionnel de comics, les plus sombres d'entre vous aimant certainement davantage DC Comics, les plus esthètes, Vertigo, et les plus japonophiles, One Punch Man. Mais saviez-vous, brave gens, qu'en des temps immémoriaux, nous aussi, nous avions nos super-héros Français, qui à  l'instar de leurs collègues, maîtrisaient l'art de castagner les malandrins ? "
Description de l'image
Chers lecteurs, aimez-vous les super-héros ? Etant donné leur succès ces vingt dernières années, ce ne serait pas pour ainsi dire fantastique ! Peut-être aimez-vous tendrement la folle saga du MCU, ou les séries Marvel plus intimistes sur Netflix. Peut-être encore êtes-vous un fan inconditionnel de comics, les plus sombres d'entre vous aimant certainement davantage DC Comics, les plus esthètes, Vertigo, et les plus japonophiles, One Punch Man. Mais saviez-vous, brave gens, qu'en des temps immémoriaux, nous aussi, nous avions nos super-héros Français, qui à  l'instar de leurs collègues, maîtrisaient l'art de castagner les malandrins ?
Dans les années 80 notamment, étaient publiés deux périodiques : Titans et Mustang, sous la houlette des éditions Lug. On pouvait y retrouver les péripéties des deux héros qui nous intéressent aujourd'hui, j'ai nommé Mikros, et Photonik. Tous les deux dessinés par Jean-Yves Mitton, ces deux protagonistes ont vécu six à  sept bonnes années rocambolesques sans pour autant jamais se rencontrer, chacun à  la tête de leur truculente équipe respective.
Description de l'image
Description de l'image
Pour vous donner une idée, on a d'un côté Mikros, éminent entomologiste, qui par diverses expériences avec les insectes et l'électricité (deux choses qui font "bzzz bzzz" donc), développe une peau ultra résistante, la capacité de devenir minuscule, le vol, et une super vision. Accompagné par sa femme, la sexy et volcanique Saltarella, ex-gymnaste olympique, et Crabby, mastodonte ancien boxeur, voilà  qui forme une fine équipe.
De l'autre côté, on a Photonik, un homme né bossu qui par une puissante magie devient un être de lumière surpuissant, toujours accompagné par Docteur Ziegel, un magicien juif qui tire ses sorts du talmud, et Tom Pouce, un sautillant garnement qui se bat avec une fronde. Epatant n'est-ce pas ?
Description de l'image
Mais comme je vous le disais, après quelque sept ans de bons et loyaux services, nos héros nationaux ont disparu des écrans radars, et du coeur des fans... jusqu'en 2013. Je sais, ça fait presque dix ans, mais il est toujours bon de dépoussiérer ses étagères. En 2013 en effet, Jean-Yves Mitton accouchait de "Mikros et Photonik : L'Ombre et la Lumière" aux éditions Delcourt, pour enfin accomplir les rêves de tout ceux qui s'en souvenaient : croiser les effluves... euh... pardon, les équipes ! Et là  où l'injustice se poursuit, c'est que ce one shot bien sympathique n'a même pas droit à  sa page wikipédia, alors qu'à  plus d'un titre, il mérite d'être lu.
Description de l'image
Parce que ce comic book Français tire son épingle du jeu : il arrive à  créer une ambiance à  la fois joyeusement bon-enfant, et une aventure palpitante, sans pour autant devenir trop enfantin ou superficiel comme certains opus Marvel.
Description de l'image
Dans "L'ombre et la Lumière", nos héros reçoivent une invitation du maire de New York en personne pour assister à  l'inauguration de la Freedom Tower, une tour commémorative bâtie sur l'emplacement des tours jumelles. Sont conviés tous les anciens gardiens de l'humanité, aujourd'hui à  la retraite. Nos deux équipes favorites sont les dernières à  manquer à  l'appel, alors que le groupe de Photonik vit dans la clandestinité dans les égouts de New York, se nourrissant de rats et d'écureuils ; tandis que la compagnie de Mikros coule des jours paisibles en Provence, à  descendre des pastagas et perdre à  la pétanque. Alors que chacun se décide finalement à  se joindre à  la fête, la situation va vite tourner au vinaigre alors que Saltarella découvre que le maire de New York est une vieille connaissance ; et qu'une mystérieuse odeur de soufre, doublée d'un curieux nuage noir, flottent au dessus de la tour.
Avec un tel scénario, Mitton reprend son Å“uvre en l'ayant laissée prendre de l'âge, comme si effectivement la vie de nos héros avait continué pendant les trente dernières années. Les héros ont vieilli, se sont empâtés avec l'inactivité (on pense notamment à  la plantureuse Cosmic Girl), et si d'un côté les choses ne sont pas roses pour ceux qui vivent dans les sous-sols, ce n'est pas plus mal pour les autres ; et dans les deux cas, ils se dégage une certaine joie de vivre. Là  où Marvel aurait pris un malin plaisir à  nous montrer une sombre décrépitude de ses héros, fatigués et désabusés (coucou "Old Man Logan" et "Moon Knight"), ici on nous montre effectivement nos personnages décadents, sans pour autant que ça déclenche une crise existentielle. Quelque part, c'est déjà  assez original en soi. Le goût d'être un super-héro est passé, comme il peut passer pour n'importe quelle profession, et chacun à  droit à  sa retraite.
Sortir de cette retraite n'est d'ailleurs pas le premier choix de nos personnages, qui finissent par accepter l'invitation soit attiré par le buffet, soit complètement à  contrecÅ“ur alors qu'ils ont une revanche à  prendre à  la pétanque.
Sur l'action principale, on ne peut pas dire que les choses soient très subtiles : on se doute très vite de qui sont les méchants (parce que disons-le, ils ont une tête de méchant), et on se doute aussi que la menace n'est pas aussi grande qu'elle le paraît. Mais ce n'est pas grave ! Parce que contrairement à  Marvel cité plus haut qui va réfléchir sur les écueils de la vieillesse, "Mikros et Photonik : l'Ombre et la Lumière" est une Å“uvre méta, où Mitton est ses héros. Comme eux il reprend du service, longtemps après avoir arrêté, sûrement après avoir refusé plusieurs fois, pour redonner au gens quelque chose "comme avant". Ce comics porte dans son histoire et ses costumes colorés toute la douce naïveté des vieux comics, où les enjeux étaient souvent beaucoup moins graves qu'à  l'heure actuelle, et où l'objectif c'était de se détendre en regardant des super-costauds en costumes régler leurs comptes à  des vilains en trois pirouettes. Si vous aimez par exemple la vieille série Batman avec Adam West, ou la vieille série animée Spider-Man, ce comics est totalement fait pour vous. Combien de super-héros à  l'heure actuelle sont préoccupés par l'idée d'être un gentleman ? Combien de super-vilains invitent leurs vieux ennemis à  danser un tango ? Combien de personnages comme ceux-ci mettent encore des costumes aussi bariolés ? Plus tellement, et oui, c'est un peu dommage !
Description de l'image
Ce livre est une petite pause détente néo-vintage avec ses graphismes à  l'ancienne, le tout à  la sauce franchouillarde, et ça, mes amis, c'est bon, attachant aussi, et ça peut largement parler aux fans de la premières heures comme aux néophytes (la preuve, moi, de 80 à  86 mes parents ne se connaissaient même pas, autant dire que ce n'était vraiment pas mon époque).
Description de l'image
C'est d'autant plus important que vous le sachiez que cet opus est déjà  complètement introuvable et n'aura certainement pas touché un public assez large à  sa sortie. Alors soyez curieux, recherchez des occasions, des rééditions, et peut-être, sait-on jamais, qu'on en aura encore ; d'autant qu'un certain nombre de héros oubliés des éditions Lug attendent toujours d'être ravivés. Parce qu'il n'y a pas que les Avengers dans la vie !
Description de l'image