AGGRETSUKO (Sanrio)

Japanimation

Japon

Metal

Série

Evil Ted

-

1 août 2023

" Présentation de la série animée japonaise AGGRETSUKO (Aggressive Retsuko) qui n'est pas pour les enfants ! "
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Ne vous fiez pas aux apparences : si le dessin est relativement enfantin et mignon, le propos tenu dans cet animé japonais est quant à  lui tourné essentiellement vers les adultes.
Le synopsis est le suivant : Retsuko, une panda roux de 25 ans discrète, célibataire et vivant à  Tokyo, est quotidiennement victime de harcèlement au travail par sa hiérarchie. Mais elle a un secret : le soir elle réserve un box de karaoké pour chanter seule (au début) du death metal afin d'évacuer tout son stress, sa colère, ses soucis professionnels, personnels et sentimentaux… Dans la playlist proposé, elle choisit toujours le même titre instrumental particulier sur lequel elle met des mots sur ses maux pour se libérer (temporairement) de toutes les tensions et frustrations accumulées, et ce à  l'abri des regards et du jugement des autres (n'oublions pas qu'au Japon, il faut rester stoïque, honorable et ne rien laisser paraître en société).
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AGGRETSUKO c'est le cri d'alarme des femmes japonaises dans une société nipponne trop traditionnelle, inégalitaire et dominée par les hommes. La dévotion a laissé la place à  l'asservissement et il semble très difficile, pour ne pas dire impossible, de se révolter sous peine de tout perdre. Difficile ne pas penser au roman « Stupeur et Tremblements » d'Amélie Nothomb publié en 1999 et adapté en 2003 au cinéma avec Sylvie Testud dans le rôle principal (notamment lorsque Retsuko est amenée à  exécuter les tâches ingrates dans l'entreprise…servir le thé à  son chef par exemple).
Le dessin « kawaii » (mignon) rend ce constat d'autant plus brutal tant il contraste avec la dureté des situations traversées par l'héroïne : burn-out, harcèlement, déconsidération, menaces par les collègues et notamment une jeune recrue stressée et totalement perdue, insécurité du CDD et chantage à  l'emploi en CDI (le graal inaccessible). Comment ne pas bondir lorsque l'on entend à  maintes reprises Retsuko dire que la seule solution/échappatoire pour échapper à  tout cela est de faire un bon mariage pour ne plus travailler dans de telles conditions (le compagnon présenté comme idéal travaille dans les nouvelles technologies…normal nous sommes au Japon, et l'animé aime jouer avec les clichés parfois bien réels dans notre société). Dans cette recherche d'un mari, la série critique également le poids des parents, ici d'une mère prête à  tout pour trouver un « bon parti » via un mariage arrangé (en multipliant les propositions de candidats à  sa fille).
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Pour notre plus grand plaisir, les personnages secondaires sont bien traités (le choix des animaux est judicieux : sa responsable est un serpent et son directeur un cochon, ce qui colle parfaitement avec leurs caractères exécrables…), et si certains paraissent grossiers et caricaturaux, c'est pour mieux dénoncer un travers social de la société nippone (le monde des « idols » avec ses dérives est parfaitement abordé dans quelques épisodes). Cependant, réduire la portée des critiques au « pays du soleil-levant » serait une erreur car quel que soit le pays où l'on vit/travaille, chacun d'entre nous peut se reconnaitre dans Retsuko : travail peu valorisant (faire le dos rond pour payer les factures), de plus en plus de tâches qui sont affectées sans aucune valorisation, une démotivation grandissante pour aller bosser, des collègues de travail qui ne paraissent pas tellement imaginaires (le lèche, la peau de vache, la pipelette, le lourdaud amoureux …), le poids des réseaux sociaux avec notamment cette « vie » que l'on partage mais qui n'est pas forcément notre vraie vie au quotidien (l'importance du paraître et une certaine superficialité pour se protéger), la nécessité d'avoir un jardin secret pour s'évader et extérioriser…
Finalement cette fiction est assez proche de ce que peut-être notre réalité ; et puis, quand on y réfléchit, ne peut-on pas chanter en mode karaoké/a capella : « […] On a tous quelque chose en nous de Retsuko […] Ce désir fou de vivre une autre vie […] Le cÅ“ur en fièvre et le corps démoli Avec cette formidable envie de vie […] ».
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Bonne séance. Trailer :
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