Emanuelle et les derniers cannibales

Film

Horreur

Italie

Evil Ted

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1 août 2023

" Non mais ils sont fous chez Blastphème ! Voilà  qu'ils se mettent à  chroniquer des films classés X ! Oui mais non en fait ^^. Pourquoi parler de ce film dans ce webzine ? Premièrement, il a récemment eu le privilège d'être proposé avec le dernier Mad Movies et de faire l'objet d'une réédition remasterisée Blu-ray/DVD. Deuxièmement, il nous amène à  nous réinterroger sur la notion même de « l'horreur ». Et troisième, c'est un film culte et assez particulier. Un sous-genre dans un sous-genre en quelque sorte. "
Non mais ils sont fous chez Blastphème ! Voilà  qu'ils se mettent à  chroniquer des films classés X ! Oui mais non en fait ^^. Pourquoi parler de ce film dans ce webzine ? Premièrement, il a récemment eu le privilège d'être proposé avec le dernier Mad Movies et de faire l'objet d'une réédition remasterisée Blu-ray/DVD. Deuxièmement, il nous amène à  nous réinterroger sur la notion même de « l'horreur ». Et troisième, c'est un film culte et assez particulier. Un sous-genre dans un sous-genre en quelque sorte.
Description de l'image
Le synopsis est assez simple, mais un peu plus recherché des « standards habituels et éculés » : lors d'un reportage dans un hôpital psychiatrique Emanuelle découvre un étrange tatouage sur le ventre d'une jeune fille. Après quelques recherches, elle découvre que celle-ci a un lien avec une tribu de cannibales présumés. « Black Emanuelle », à  la manière d'une Sydney Fox, part alors en expédition dans la forêt amazonienne pour résoudre ce le mystère et se retrouvera face à  des terribles rituels. Le tout étant raconté et filmé sur le ton d'un reportage filmé qui va déraper dans l'horreur.
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A sa sortie en France, le film est tout d'abord intitulé « Viol sous les tropiques ». Je trouve se titre très réducteur, même s'il n'est pas totalement à  côté de la plaque comme nous le verrons plus tard. Laura Gemser reprend une nouvelle fois son rôle d'Emanuelle (avec un seul « m ») et partage l'affiche avec son compagnon à  la ville Gabriele Tinti (R.I.P). Pour beaucoup, la Black Emanuelle réussit le tour de force de dépasser son modèle (la saga Emmanuelle avec 2 « m ») tant la modèle crève l'écran sous la direction de Joe D'Amato. Avant de s'attarder sur les points positifs du film, car oui il y en a et pas seulement pour les plans « coquins », nous allons évacuer les défauts du long-métrage. Les décors de la jungle amazonienne ne sont vraiment pas convaincants. On se croirait plutôt, à  de très nombreuses reprises, dans des collines du sud de la France ou en Italie. Pour l'authenticité des décors il faudra repasser.
C'est parfois très mal filmé, notamment dans la jungle où se succèdent des plans ensoleillés/lumineux et des plans sombres/de nuit sans aucune logique. Petit budget ne veut pas dire que l'on doit tout pardonner. La B.O est assez indigeste, notamment le « tube » du film est ces airs de mauvais disco-slows. Certes nous sommes dans la fin des 70's, mais bon c'est vraiment cul-cul la praline pour ne pas dire mauvais kitsch.
Le « scénario », car oui il y en a un, n'évite pas les gros raccourcis/clichés/préjugé occidentaux, notamment lors du passage érotique où une des (s)exploratrices a une relation extraconjugale avec un des membres de l'équipe. Ce dernier, black, est montré au summum de sa virilité (muscles luisants, look de soldat…) tandis que son compagnon blanc est impuissant et incapable de satisfaire la compagne. Il arrive à  retrouver sa virilité après avoir trouvé le trésor recherché, juste avant de finir en compagnie des anthropophages. Le monologue de fin d'Emanuelle est d'une banalité affligeante, tout comme la conclusion de son compagnon : « c'est la civilisation ». Je vous avoue que de tels propos digne du « café du commerce », après la scène la plus dure du film, ont l'effet d'une douche froide. Bon après-tout c'est du porno-soft me diriez-vous, et vous n'aurez pas tort.
Il arrive aussi qu'il ne se passe pas grand-chose pendant quelques minutes, surtout lorsque l'équipe crapahute dans la « jungle italie…amazonienne ». Et là  clairement l'ennui se fait sentir. Enfin, les scène érotiques sont finalement assez peu nombreuses et sont clairement surpassées par les scènes plus violentes. Et c'est en ce point que cet épisode de la sage Black Emanuelle vaut le coup d'Å“il : il est très convaincant dans un climax horrifico-gore. Le début du film annonce clairement la couleur : l'intérêt ne réside pas dans les scènes « salaces » qui sont très softs (digne d'un porno du dimanche soir sur M6 pour les plus vieux, ou sur CSTAR pour les plus jeunes…oui oui, ne faites pas comme si vous ne savez pas de quoi je parle ^^), mais bel et bien dans les scènes gores ou malaisantes. Nous retenons plus la scène de l'infirmière blessée à  la poitrine plutôt que la scène où la reportrice caresse la patiente volante pour la calmer. Dommage qu'après un début si dynamique les téléspectateurs doivent attendre plus de 50 minutes pour retrouver le goût du sang.
D'ailleurs, je me demande même si un tel film pourrait être tourné de nos jours. Les seventies, à  tort ou à  raison je vous laisse être le seul juge, me semblent bien moins aseptisées, et je trouve aujourd'hui que l'audace/la prise de risque est souvent mise en arrière plan, pour ne pas dire au placard, au profit de toujours plus de gore. L'horreur n'est pas que sanglante Messieurs les réalisateurs. Le Larousse nous le rappelle très justement : « Très vive impression, physique ou psychique, éprouvée par quelqu'un à  la vue ou à  l'idée d'une chose affreuse, repoussante ».
Et ce film suscite de l'horreur sous bien des niveaux. En effet, d'Amato se lâche avec des séquences filmées en gros plan qui sont assez réalistes et pas avares en hémoglobine (les aficionados de « Cannibal Holocaust » ne seront pas dépaysés). Sexe masculin et féminin découpés et mangés, yeux humains arrachés et gobés, éviscération, décapitation, arrachage de tétons … D'Amato a compris et assimilé les règles du genre pour notre plus grand plaisir. Dommage que ces scènes ne soient pas plus nombreuses.
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Précédemment j'ai parlé d'horreur au sens large car le film suscite le dégout dans la scène de viol collectif des indigènes sur l'une des jeunes exploratrices. Le réalisateur a l'intelligence de ne pas en rajouter, et heureusement d'ailleurs tant ce qui est filmé reste traumatisant et malaisant…l'horreur est clairement au rendez-vous. Et on a beau savoir que cette scène arrive, elle reste toujours autant dérangeante à  chaque visionnage.
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« Emanuelle et les derniers cannibales » est aujourd'hui considéré, à  juste titre, comme un film culte. Eli Roth l'a cité comme l'une des références principales de son « Green Inferno » (tout comme « Cannibal holocaust », ce qui n'est pas vraiment étonnant). Je vous invite donc à  sauter le pas et à  (re)découvrir ce film qui reflète assez bien cette époque décalée, libérée et expérimentale des 70's.
Bonne séance pour celles et ceux qui iront le regarder et je vous dis à  très vite pour des films de genre assez uniques…dans leur genre…oui c'est capillotractré ^^.
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