Décidément cette semaine, après la chronique du dernier POPPY par le copain Verveneyel, on continue dans la thématique « laissons le metal s'ouvrir à d'autres univers ». Aujourd'hui je vous propose de revenir sur la comédie française POP REDEMPTION que je trouve bien plus intéressante et intelligente que d'autres films soi-disant comiques ayant connus un plus gros succès au box-office.
L'intro du film nous met directement dans l'ambiance : on passe d'une interview de Dozzy Cooper (mélange d'Ozzy et d'Alice Cooper) qui nous donne sa définition du Black Metal (BM) avec tous ses codes, à la répétition d'un groupe underground de BM dans l'arrière-boutique d'un restaurant asiatique. Le chanteur Alex, incarné par Julien Doré, reproche au guitariste de tenter un solo ; il lui lance même « la virtuosité s'est méprisable ». Le leader, à l'attitude clairement dictatoriale, impose aux 3 autres membres le nouveau planning des répets et leur parle d'un vague projet de tournée dans les pays de l'Est (les metalheads commencent surement déjà à sourire ^^). On le retrouve un peu plus tard dans sa chambre en pleine rituel païen/satanique, mais il est interrompu par un membre de sa famille et se brûle (on n'est pas si loin de la vidéo sorti en 2017 où un jeune prénommé Baptiste jouait avec du feu lol). Les 3 autres membres nous sont présentés également à leur domicile, et franchement difficile de ne pas leur trouver des vrais-faux airs des Pieds Nickelés et/ou des Charlots. Le ton est donné et il faut avouer que si le trait est quand même pas mal grossi, certaines situations peuvent ressembler à des moments vécus par certains. La dérision est un ressort clé de ce long métrage, ce qui lui confère une colorisation british très appréciable et tranche avec le côté lourdaud de nombreuses comédies contemporaines. Ce qui n'est pas pour me déplaire, bien au contraire.
On apprend aussi que ces 3 derniers partagent la volonté commune d'arrêter le groupe (le gratteux n'en peut plus d'attendre depuis 15 ans pour taper un solo lol). Mais patatras, voilà le frontman qui arrive avec une grande nouvelle : suite à un désistement de dernière minute, et face au faible nombre de groupes de BM hexagonaux, ils se retrouvent programmés en fin de semaine, le dimanche, au Hellfest, pour partage l'affiche avec le légendaire Dozzy Cooper.
Premier point positif : les vannes fusent d'entrée de jeu et il n'y aura pas de véritable temps mort. Comment ne pas sourire au fait que Julien Doré offre une baïonnette achetée dans une brocante (et qui potentiellement aurait tué des soldats allemands) à un gamin pour son anniversaire. Ou alors lorsqu'il répond chez lui « la variété française » à une question posée durant un jeu télévisé : « Quelle est selon Karl Marx l'opium du peuple ? ». Ou enfin lorsqu'il montre les nouveaux t-shirts du groupe (avec une faute d'orthographe dans le nom « DEAD MAKABE») et un modèle dragon dédié aux asiatiques. Le batteur lui répond que c'est l'année du lapin, Doré lui rétorque sèchement qu'un lapin ce n'est pas BM…comme vous le voyez l'ambiance est au beau fixe. D'ailleurs une autre (mauvaise) surprise tombe : Alex leur impose une date d'échauffement avant le HF pour retrouver une cohésion de groupe. Sauf qu'elle a lieu dans un resto-club du genre Lido Provincial pour retraités…je vous laisse imaginer la réaction du public et du responsable de la salle. Ils n'auront joué que 2 minutes, mais 2 minutes « géniales » et dans le « top five de leurs concerts mythiques » selon leur leader (ressenti non partagé par le reste du combo).
Ils se retrouvent alors poursuivis par le propriétaire de cette salle car le vocaliste a pissé sur la console de la salle. Sans surprise les tensions s'accentuent et l'inévitable accident survient et sera fatal pour le patron du club au beau milieu de nulle part (l'explication du très long délai pour retrouver le corps clichesque à souhait est totalement probable dans la vraie vie lol). Ils se débarrassent du véhicule bousillé, partent se cacher pour échapper aux forces de l'ordre (la Gendarmerie avec Audrey Fleurot - dont la fille est fan de metal - et la Section de Recherches avec Alexandre Astier en guest) et se déguisent pour passer incognitos (nouvelles fringues, nouvelles coupes de cheveux - le sacrifice ultime - : ils ressemblent désormais aux Beatles).
La suite continue en jouant finement avec des clichés metal : le chanteur plutôt beau-gosse en colère contre tous (enfin surtout contre les « cons ») qui parle aux arbres (non je n'ai pas pensé à NERGAL lol) ; le bassiste qui doute de son talent notamment vocal (qui me rappelle un peu SNOWY SHAW) ; le gratteux qui cherche à être plus connu/à sortir de l'ombre du chanteur quitte à passer par la case de la téléréalité. Autres passages qui parleront au public metal : la séquence « Some Kind Of Monster » dans la grange où chacun des zicos vide son sac ; la leçon histoire du metal de la fille à sa mère (avec le groupe qui joue simultanément les différents styles évoqués) ; les mimiques de Julien Doré lorsqu'il chante (à priori c'est lui qui chante vraiment les parties BM)… bref nous ne sommes pas dépaysés.
Ils arrivent à voler un véhicule (van de Scooby Doo…le film a un côté geek/fan-service plaisant) et pensent pouvoir enfin s'échapper. Manque de chance la gendarmerie les confond avec un groupe pop programmé à la fête de la Fraise d'un petit village voisin Saint-Peperac. Les gendarmes les accompagnent et les obligent de fait à jouer de la pop. Le public est totalement réceptif à cette musique pourtant jouée en dernier recours et en redemande. Sans surprise le chanteur fait part de son dégout et quitte ses 3 collègues avant ce rappel demandé. Lors de ce dernier morceau, les 3 copains se font finalement démasqués par Audrey Fleurot grâce aux tatouages et sont donc arrêtés par la Gendarmerie (la Section de Recherches étant sur la route car parti au Hellfest car ils pensaient les trouver là -bas). L'incompétence des représentants des forces de l'ordre est plus à chercher du côté anglais Mr. Fowler, Brigadier-Chef (en V.O The Thin Blue Line avec Rowan Atkinson) plutôt que des américains de Police Academy (POP REDEMPTION privilégie le cocasse subtil plutôt que le potache plus balourd).
Aidés par la jeune metalleuse évoquée précédemment qui a retrouvé Alex aux alentours du village et libéré les 3 zicos prisonniers, les DEAD MAKABE partent finalement pour le Hellfest. Vont-ils parvenir à monter sur scène ? Je vous laisse le découvrir ^^.
Sur le bluray les bonus « backstage » sont plutôt sympas avec le « Metal d'avant » sur les accessoires black metal présentés par Jonathan Cohen et Yacine Belhousse (cela montre que les acteurs ont bien pigé certains codes metal) ; ou encore « la télécommande à Johnny » et « La chanson Gadebois » qui témoignent d'une vraie complicité entre les acteurs.
Un film sur un thème moderne (le metal), avec des références et une approche humoristique plus vintage (comédie 60-70), qui parlera aux 7-77 ans. Une comédie familiale que je trouve assez atypique par rapport à nos sorties habituelles et donc à réhabiliter d'urgence !
Bonne séance.