" Review pour (re)découvrir le film « ROCK STAR ». Avec notamment Mark Wahlberg et Jennifer Aniston au casting. "
Qui n'a jamais rêvé de chanter dans son groupe favori ? Voilà un résumé très succinct mais fidèle du pitch de « ROCK STAR », film dans lequel un chanteur amateur, Chris « Izzy » Cole (Mark Wahlberg), membre d'un tribute de son groupe préféré STEEL DRAGON, se retrouve catapulté derrière le micro de ces légendes du metal. Evidemment, comme pour ma review sur « THE STORY OF ANVIL », je me doute bien ne pas vous faire découvrir ce film. Mais j'espère au moins vous donnez l'envie de le revoir car il est plutôt sympa et son propos reste assez plausible avec ce qu'il pourrait se passer lors de telles situations dans la « vraie vie ».
Evidemment ce groupe est fictif et n'a jamais existé…mais…comment ne pas penser à l'histoire de Tim « The Ripper » Owens qui a intégré JUDAS PRIEST (pour 2 albums studio et 2 albums live) après le départ de Rob Halford (après le cultissime PAINKILLER). Ce n'est d'ailleurs pas les seules similitudes que l'on peut retrouver avec le groupe british : le chanteur originel du groupe apprendra à Izzy qu'il préfère les mecs (lorsqu'il lui dévoilera la signification d'un de leurs tubes), le costume exposé dans la maison du guitariste-lead vous rappellera celui porté un certain « metal god » (photo ci-contre), le guitar-hero blond et beau-gosse (une sorte de K.K Downing interprété par… Zakk Wylde himself), le jeune chanteur naïf et plein de belles intentions, le dénouement de l'aventure…ce n'est pas JUDAS PRIEST mais nous n'en sommes quand même pas tellement loin.
Evoquons tout d'abord la B.O qui se doit d'être au niveau pour un film ayant pour thème l'univers du metal ? Fort heureusement elle est très sympa : on retient tout particulièrement « STAND UP » de SAMMY HAGAR repris avec la touche plus heavy de Steel Dragon (avec Jeff Scott Soto au chant) et la power-ballad « WE ALL DIE YOUNG » (avec Miljenko Matijevic de STEELHEART au chant…oui ce n'est pas le même chanteur pour les parties doublées/chantées par Mark Wahlberg) qui sont présentés comme des hits du groupe. Pour le reste on retrouve des inédits créés spécialement pour ce groupe fictif STEEL DRAGON (BLOOD POLLUTION…), et évidemment des classiques de KISS (« LICK IT UP »), de Mà–TLEY CRàœE (« WILD SIDE ») … bref majoritairement du bon son.
Quant au film, ce n'est certainement pas un chef d'Å“uvre, il n'en demeure pas moins intéressant car il n'aborde pas seulement les côtés sexe, drogues, rock n'roll, strasses et paillettes (considérés par beaucoup de fans comme les bons côtés). Le film montre également la « rançon de la gloire » et les difficultés que va traverser le jeune chanteur non-professionnel suite à sa mise sous les projecteurs du jour au lendemain.
Au début c'est un rêve éveillé même si l'aventure commence pourtant mal : une bonne grosse chute sur scène pour le premier concert qui aurait pu lui couter sa place (les autres membres ne le calculent pas et ne vont pas à son secours ou même prendre des nouvelles). Mais il se relève et montre aux autres, malgré sa blessure, qu'il tient le coup et qu'il est metal. Dès lors, il va pouvoir découvrir, et profiter un temps, des joies de la célébrité : photos et articles de presse, argent qui permet tous les achats même les plus dispensables, groupies à foison, alcool et drogues à volonté, parties à 3/orgies et fêtes qui rythment les quotidiens … la vie de rock star !
Mais, car il y a bien trop souvent un mais, il va vite se rendre compte qu'il va être très difficile voire impossible pour lui d'être pleinement Chris « Izzy » Cole dans STEEL DRAGON. Il découvre et ressent de plein fouet les conséquences physiques de ses nombreux excès (alcool, drogues, sexe, décalage par rapport à la « vraie vie » du fait de son quotidien isolé en tournée/tour-bus, éloignement progressif avec sa copine incarnée par Jennifer Aniston…). Et psychologiquement ça ne va pas très fort non plus pour « Izzy » : en effet, les titres du nouvel album ont déjà été composés sans lui, et le guitariste-leader n'attache pas le moindre intérêt à ses propositions/compositions. Les membres, et le management, lui demandent tout simplement de chanter comme son prédécesseur, en étant plus docile pour ne pas dire malléable (il a été recruté pour ça car le précédent frontman était devenu ingérable).
De plus, les premiers doutes commencent pour Chris comme pour le groupe : Chris copiait les lignes de chant déjà existantes/ enregistrées et là il se trouve face à de la nouveauté, à des inédits jamais chantés. Les premières prises sont décevantes, ses collègues lui font d'ailleurs très bien comprendre ; on sent que le malaise est palpable et prend limite la forme d'un chantage. Il renie donc toute sa personnalité artistique pour faire ce que le groupe attend de lui : un simple clone vocal. Le nouvel album est un succès, mais à quel prix pour Chris…
Je pense que l'on peut avoir une pensée sympathique pour Tim Owens, Blaze Bayley ou encore Anette Olzon pour qui cela n'a pas dû être facile de prendre la suite, de faire une place pour leur personnalité artistique dans ces groupes très connus et bien trop souvent très conservateurs (tant pour les membres du groupe que pour les fans). Et pourtant, ils ont quand même livré des prestations convaincantes sur album : Jugulator, The X Factor, Imaginaerum sont de (très) bons albums
Prenons l'exemple de Blaze Bayley : « THE X FACTOR » est un album enfin réhabilité (que je trouve bien meilleur que « NO PRAYER FOR THE DYING » ou « THE FINAL FRONTIER »). Si la mayonnaise n'a pas véritablement prise, il faut reconnaître que la bande à Steve Harris, les fans et même les médias n'ont pas joué totalement franc-jeu avec Blaze. Pour moi, l'échec de cette période s'explique en grande partie par les prestations live d'Iron Maiden. La voix de Blaze était bien plus grave et moins riche dans la variété que celle de Bruce. Les nouveaux morceaux étaient de fait adaptés à son spectre vocal, mais les plus anciens n'ont pas été réarrangés (accordages et tonalités d'origine). Dès lors c'était la porte-ouverte aux critiques qui reprochaient souvent aux britanniques d'égratigner les titres cultes (crime de lèse-majesté). Ce raisonnement vaut également pour NIGHTWISH. Le poids des « die-hard fans » et de la presse, les enjeux financiers qui en découlent, se retrouvent aussi en filigrane dans « ROCK STAR » lors de l'enregistrement du nouvel album. Petit à petit le téléspectateur commence à relativiser sur la place de Chris dans STEEL DRAGON qui n'apparait plus si envieuse que cela.
Lors d'un concert, qui nous rappelle le début du film, il remarque un fan (Myles Kennedy…oui le chanteur d'ALTER BRIDGE et du groupe solo de Slash) près des barrières en fosse qui semble très bien chanter. Il se retrouve face à un choix : continuer à être une marionnette ou redevenir lui-même. Il lui tend le micro, le fait monter sur scène et s'échappe par les coulisses, quittant ainsi le groupe. Le film se finit sur un Chris ayant tourné la page et chantant du rock alternatif dans un pub (clin d'Å“il au contexte musicale et à son évolution à l'époque…ça nous rappelle des débats enragés dans la communauté metal lol) ; tandis que STEEL DRAGON est sous les feux de l'actualité en raison du « flou artistique » entourant le poste de chanteur. Les membres et le manager (qui le comprenait pourtant en off) ne manquent pas d'égratigner Chris…Ah le monde impitoyable du metal. Finalement on n'est pas si loin de la réalité tant les règlements de comptes entre musiciens ont alimenté, et alimentent encore, les médias.
« Le cinéma est un mélange parfait de vérité et de spectacle », François Truffaut.