Encore un mauvais film ? Vous allez finir par croire que je le fais exprès ! Mais c'est que chers amis, le monde est parfois un peu injuste, et bien loin de vouloir redresser les torts, je me permets simplement de partager un retour sur un petit film qu'envers et contre tout j'ai plutôt apprécié.
Péloche réalisée en 2017 par Sarik Andreasyan, soit cinq ans après le premier Avengers, les intentions du métrage ont quelque chose d'assez clair : donner à la Russie leur univers super-héroïque où les rues de New York se transforment en gratte-ciels de Moscou. Globalement un four au box-office, Guardians a eu un succès fugace dans son pays natal, a très vite été boudé après sa sortie, et a récolté des critiques négatives à la pelle. Fort heureusement, cher lecteur, on peut compter sur des maisons d'éditions comme Wild Side pour éditer en DVD, et avec des sous-titres, ce genre de film mal aimé.
Alors on ne va pas se voiler la face, le film a beaucoup de défauts, même avec beaucoup de bienveillance, on ne peut pas tout pardonner. Malgré tout il y a quand même des choses à rattraper pour qui veut juste passer un bon petit moment sans prise de tête, et à vrai dire, le film évite parfois certains écueils de films Marvel, c'est dire ! Quand je vois que ce film a un moins bon bilan critique que le Daredevil de 2003 et le Spawn de 97, sincèrement je me scandalise.
Pour brosser largement l'histoire, on a affaire à un scientifique trop fier de lui dont le projet a capoté pendant la guerre froide, qui revient avec l'aide d'une armée pour voler un émetteur de la station Baïkonour pour renouer le contact avec un satellite militaire à la dérive, et prendre le contrôle du monde. Pour sauver la situation, on rappelle quatre personnages aux pouvoirs surhumains, créés par le méchant, pour prendre leur revanche sur lui et sauver Moscou.
Commençons donc par les reproches que j'ai à faire au film. Les voilà , comme ça on règle la question très vite.
Le film, pour commencer, manque de rythme, notamment sur des séquences d'actions où la tension est sensée monter. Attention, c'est loin d'être aussi barbant que les ralentis de Zack Snyder sur 300 (je ne vais pas me faire des amis avec cet avis, mais sans rire, 300 m'insupporte avec ses ralentis), mais disons que l'action est rendue un peu fade par des passages lents, des plans un peu inutiles, et d'autres qui durent trop longtemps. C'est souvent l'histoire d'une poignée de secondes mais c'est souvent ce qui va faire qu'on n'est pas autant investis qu'on le devrait.
Un autre problème, c'est une certaine faiblesse d'écriture. les personnages d'abord, ont peu de personnalité. Pour vous donner une idée, c'est un peu comme si tous les héros étaient écrits comme Black Widow dans le MCU : un background délivré de façon un peu poussive histoire de dire qu'il y en a un, une sensibilité assez tiède, bref, c'est un peu léger. Les personnages de l'organisation gouvernementale "Patriot" qui chapote nos héros, c'est un peu pareil, à plein d'un titre, ce sont des tanches : pour rendre service à nos héros, ils ne trouvent jamais rien du mieux que de leur donner des machines... pour combattre un méchant qui peut les contrôler. Forcément, ça marche moins bien, et ça ne rend pas service à la crédibilité du bazar. Pour couronner le tout, le méchant aussi est assez superficiel au-delà de sa motivation à prouver son génie, ce qui ne sauve pas beaucoup le charisme qu'il perd avec son costume de mec musclé perdu entre le Bane de "Batman et Robin" et Gras Double d'Austin Powers.
Le scénario souffre également de son côté peu original : le film est un drôle de mix entre Avengers, X-Men, et Goldeneye, avec des références à Batman par-ci, des références aux Quatre Fantastiques par là ; le tout avec une approche très scolaire des parties du récit. On retrouve donc le passage où l'équipe est rassemblée, le passage où ils font une première tentative de battre le méchant, se prennent la tannée de leurs beaux jours, se remettent en question, s'améliorent, sont à deux doigts de se reprendre une ratatouille, mais finalement triomphent grâce au pouvoir de l'amitié. On en est là .
On en est là dis-je mais en fait, c'est comme ça sur tous les films de super-héros mainstream qu'on se farcit ces derniers temps. Je ne parle pas de Watchmen et Birdman, mais il faut admettre que pour ce qui est du MCU, c'est quand même souvent ça. Moi-même qui ai vraiment aimé Avengers Infinity War et Endgame, si on résume le scénario des deux films à l'échelle post-it, on n'est pas loin d'avoir la même chose que Guardians. Parfois on a même l'impression que le film est conscient de ses propres lacunes, et s'en amuse, notamment dans une scène où le méchant se moque ouvertement de ses adversaires qui lui envoient des missiles, en les détournant sans difficulté, et en criant "C'est ça, votre plan ?" Car après tout, rien ne dit que le film n'a pas subi de pression de la production, et rien ne dit non plus que le film n'a pas pu vouloir s'amuser de son côté fauché.
Parce que oui le film est fauché, et ça n'est pas une excuse à tout, mais pour un film qu'on compare souvent aux films Les Quatre Fantastiques sorti dans les années 2000, ma foi, force est de constater que Guardians fait probablement mieux, avec vingt-quatre fois moins de budget (5 millions de dollars contre 122 millions). On reproche notamment la qualité de la CGI, mais là où j'apporterais une nuance, c'est que le film est très cohérent visuellement : ce qui rend certains films irregardables aujourd'hui à cause de la CGI, c'est souvent que les effets spéciaux font comme une intrusion dans les textures de l'image. Prenez les graphisme de Spawn par exemple, on comprend vite ce qui ne va pas. En revanche, Guardians est entièrement plongée dans cette ambiance quasiment visuelle vidéoludique. Certes un se croirait un peu dans Mortal Kombat IX, mais tout étant baigné de CGI, on ne peut pas accuser l'équipe du film d'être incohérente. Un vrai effort a été fait pour que la continuité visuelle soit maintenue. Et pour revenir à l'opposition qu'on fait souvent avec les Quatre Fantastiques, comparez les visuels de la Chose avec celui de Arsus dans Guardians, pour moi le choix est tout fait : c'est l'ours qui gagne.
Un autre vrai point fort du film, c'est que sans forcément s'adonner à la violence graphique, je ne pense pas qu'il soit autant obnubilé par le besoin d'être familial que chez Marvel, et c'est un vrai plus. Pour tout vous dire, les comics reliefs divers et variés de l'univers cinématographique Marvel ont souvent tendance à me sortir du film, notamment quand c'est mal dosé, ou que ça sort de la mauvaise bouche. Par exemple, dans les Quatre Fantastiques, la Torche Humaine est vite crispante. Autre exemple : dans Avengers Endgame, il y a toute une partie du film qui joue trop le buddy movie à mon goût, avec des touches d'humours qui viennent parfois de personnages à qui ça ne va pas très bien. Typiquement, chez Marvel, Spider-Man, et les Gardiens de la Galaxie sont d'excellents comic reliefs, et on ne peut pas remettre en question cette cohérence vis-à -vis de leur personnage, c'est quasiment dans leurs gènes. La décontraction chez les personnages d'Avengers Endgame alors qu'ils ont tous perdus un nombre colossal de leurs amis et famille, quand on sait que ceux qui travaillent à la solution sont notamment Captain America, et Hulk, je suis désolé, il y a des moments où ça fait perdre à la menace de son importance, et c'est ce qu'on évite avec Guardians. Les personnages sont sérieux, et leur préoccupation par rapport à la mission qui leur est donnée n'est pas discutable. à‡a ne veut pas dire qu'il n'y a aucun moment de relâchement (la scène fugace de l'ascenseur notamment), simplement oui, ils sont plus subtiles, moins nombreux, et moins poussifs.
Ce côté pas forcément familial se ressent aussi sur le fait que les personnages ne sont pas spécialement vertueux, et pourquoi pas : la noblesse de nos héros, elle est mentionnée sur une ligne, mais c'est à peu près tout. Leur motivation principale, c'est la vengeance, et vaguement la quête de soi-même. Et donc peut-être que ça en fait moins des héros, parce que forcément, on est un peu éloignés du chevalier servant sans peur et sans reproche, mais quelque part ça les rend déjà un peu moins lisses. Typiquement, Khan, c'est un super-héro ultra rapide qui se bat avec des lames, et qui donc, peu ou proue, tue des gens. Pour tout vous dire, je lui trouve des petits airs de Soldat de l'Hiver, sauf que dans un des cas, c'est le personnage principal de son film, dans l'autre, c'est vaguement plus qu'un personnage secondaire. Les héros de Guardians ne sont pas des modèles : ils mènent leur propre combat. Et quelque part, j'ai l'impression que ça les rend un peu plus vrais.
Enfin, je dois dire que j'ai trouvé le film spectaculaire plus d'une fois, non pas de façon forcément originale est novatrice, mais largement assez pour passer un bon moment. Par exemple, à chaque fois qu'il s'agit de réunir l'équipe, on les retrouve dans des toiles de fond assez savoureuse, avec une composition du cadre sympathique. J'ai également bien aimé l'idée de transporter l'émetteur par flotte d'hélicoptères : visuellement, dans cet univers assez irréel où l'incrédulité est bien suspendue, ça passait très bien. Les tatouages luminescents de Xenia, là encore, visuellement ça marche bien ; même chose pour la télékinésie de Ler, et les transformations d'Arsus (c'est d'ailleurs une très bonne idée d'avoir imaginée deux niveaux de transformation, dans le film ça fonctionne très bien). Pour aller jouer carrément la carte du fan écervelé, moi, un berserk avec une Gatling, ça me fait au moins autant rêver qu'un raton laveur. De façon assez frontale je me suis laissé charmer par ces héros leader price ; parce qu'avec les prétentions du film, le minimum à faire c'est d'avoir des héros qui ont l'air cool, et ça, c'est réussi au-delà du minimum syndical. Le film a posé les bases d'un univers qui mériterait qu'on en développe le potentiel.
Donc non, Guardians n'est pas un chef d'Å“uvre, loin de là , malgré tout c'est un film qui s'est plutôt bien débrouillé avec les moyens qu'il avait à disposition pour proposer du spectacle, en sachant plus ou moins que le parie était perdu d'avance. C'est un film qui vaut le coup qu'on s'y attarde un peu, avec l'esprit ouvert.