Les auteurs de SCOOBY-DOO (série créée en 1969) ont pris la bonne habitude de proposer des crossovers assez improbables dans leurs aventures : les Harlem Globetrotters Batman, les stars de la WrestleMania (John Cena), Supernatural … Il n'est pas vraiment surprenant de voir cette franchise, qui cartonne encore de nos jours (un nouveau long métrage animé est sorti au cinéma durant l'été 2020), rencontrer (enfin) en 2015 l'une des plus grandes franchises rock n'roll, pas si éloignée que cela de l'univers cartoon/comics : KISS (fondé en 1973).
"You want the best you got the best, the hottest band in the world : KISS !!!!".
KISS, qui se lance dans sa tournée d'adieu (« End Of The Road -The Final Tour Ever »), est une véritable institution dans la sphère hardrock/metal comme en témoigne leur intronisation en 2014 au Rock and Roll Hall of Fame (ils n'ont malheureusement pas gardé un très bon souvenir de cette cérémonie si l'on en croit les différentes interviews). De très nombreux musiciens tels que Jon Schaffer (Iced Earth) ou encore Dimebag Darrell (Pantera) sont connus pour être des fans inconditionnels du groupe. Enfin, combien de groupes peuvent se vanter d'avoir eu le privilège d'être associé, le temps d'une publicité devenue aujourd'hui culte, à la plus célèbre marque de soda au cola (https://www.youtube.com/watch?v=rqPAgiWMt2Y ) ?
Pourtant, nous avons parfois l'étrange impression que KISS est au moins autant adulé que détesté. Si ces mots sont forts c'est parce que KISS ne laisse personne indifférent (volontairement j'ajouterai même). En effet, il n'est pas rare d'entendre et/ou de lire que : « Paul Stanley n'a jamais su chanter », « Gene Simmons est détestable et n'aime que l'argent », « I was made for lovin' you est leur seul succès », « Ils jouent en playback » (ndlr : alors pourquoi dire que Paul chante faux ???), « Ils n'ont rien apporté au rock n'roll si ce n'est le (sur)développement du merchandising », « Le fric, le fric toujours plus de fric » … j'en passe et des meilleures. Mais malgré toutes ces critiques (fondées ou pas, je vous laisse seul(e) en juger), il n'en demeure pas moins que leur venue dans une ville est toujours un événement (il n'y a qu'à voir le nombre de fans maquillés), leurs concerts affichent très souvent sold-out, qu'ils ont donné une vraie dimension événementielle-spectaculaire aux concerts (le fameux entertainment/show à l'américaine), qu'ils possèdent l'un des plus grands fan-clubs au monde (la fameuse KISS ARMY), et qu'ils disposent un répertoire solide avec des titres forts et ce quelque soit la période. KISS a été et reste encore un grand nom du RN'R.
Quant à la team Scooby, la bande reste toujours une référence pour les moins jeunes mais aussi pour les plus jeunes (Playmobil vient d'éditer une collection très réussie avec la Mystery Machine). On retrouve notamment des hommages à l'animé dans Johnny Bravo, South Park (où Korn jouait l'équipe de chasseurs de mystères), Wayne's World 1. Et on ne compte plus les remakes, films, séries, jeux vidéos et adaptations Lego. Notre toutou gourmand peut encore dormir sur ces 2 oreilles, sa gamelle ne risque pas de manquer de croques-scooby ^^.
Pour en revenir au dessin animé en question, le pitch est le suivant : Sammy et ses acolytes visitent le nouveau parc d'attraction KISS WORLD inspiré par l'univers de KISS. Des événements étranges vont se produire, ce qui amènera les 2 équipes à collaborer ensemble pour résoudre ce mystère.
On espère que cette aventure soit bien plus réussie que le navet « KISS contre les fantômes (KISS meets the Phantom of the Park/KISS in Attack of the Phantoms) » sorti en 1978 et qui se déroulait aussi dans un parc d'attraction (film présent dans le coffret KISSOLOGY VOL.2).
A l'exception de Fred, tout le reste de la bande adore le groupe. La jolie Daphné étant même particulièrement fan de Paul « Starchild » Stanley. Ce qui va mener à un petit duel de « macho-enquêteur-charmeur » entre 2 personnages : Fred vert de jalousie veut impressionner Daphné et Paul tandis que celui-ci va jouer le charmeur de service auprès de la belle rousse. La scène où il peint des tableaux en mode « polaroid » est savoureuse quand on connait la passion de ce dernier pour les toiles (diplômé de la High School of Music & Art en 1970, il expose et vend ses toiles depuis 2006). Scoody-Doo et Sammy (toujours doublé par l'excellent Matthew Lillard) vont logiquement se frotter avec Gene « The Demon » Simmons qui, en plus d'avoir un sale caractère, se révèle être au moins aussi gourmand et de mauvaise foi que notre duo glouton. Tandis que Vera, tout comme Tommy Thayer et Eric Singer, sera un peu plus en retrait mais toujours utile lorsqu'il s'agit de faire marcher ses méninges pour faire avancer l'enquête et démasquer les suspects. Et jouer les petites mains en quelque sorte…
Finalement les relations et interactions entre les personnages sont assez prévisibles, et l'animé va jouer habillement des clichés et des idées que l'on a sur ces 2 monstres sacrés. Et ce quitte à déroger à l'univers de Scooby-Doo pour épouser au mieux le mythe KISS, dans les comics. Dans le SCOOBY-DOO original, si les mystères paraissaient aux premiers abords fantastiques, ils étaient finalement l'Å“uvre de malfaiteurs qui utilisaient la technologie pour donner l'illusion de phénomènes paranormaux, effrayer la population et commettre tranquillement leurs méfaits. Dans ce long métrage animé ce n'est pas le cas, nos héros vont petit à petit découvrir que les 4 membres de KISS ont des superpouvoirs, qu'ils viennent d'une dimension parallèle KISSTERIA et que leur musique permet notamment de lutter contre un destructeur de mondes (qui ressemble au Galactus des 4 Fantastiques soit dit en passant).
Cette liberté par rapport au matériel originel peut ne pas plaire aux aficionados les plus anciens de SCOOBY-DOO. D'ailleurs les auteurs en ont conscience ; c'est pour cela que Fred, Daphné et Vera ne croient pas Sammy et Scooby lorsqu'ils disent que les membres de KISS ont des superpouvoirs. Ils leur disent que leur imagination leur joue des tours et qu'il y a forcément une explication logique à ce qu'ils ont cru voir (comme d'habitude finalement). Ils ne prendront pas non plus au sérieux les avertissements et mises en garde de la voyante « Chikara » sur la légende du « Black diamond », Vera se montrant même très sceptique envers la voyante qui constitue, à ses yeux, l'une des principales suspectes.
Le « black diamond »â€¦tiens donc…ça me rappelle quelque chose. Comme pas mal de choses qui dans le film quand on y pense. La responsable de la sécurité du parc s'appelle « Delilah Domino » (un mix entre 2 titres « Modern Day Delilah » et « Domino »), la technicienne du parc se nomme « Shandi Strutter » (mix de 2 titres encore une fois), ses assistantes se prénomment « Beth » et « Christine » (encore des titres), « Chikara » est le nom d'une compilation sortie exclusivement au Japon en 1988, la leader du peuple de KISSTERIA se nomme « The Elder » (comme l'album), le monstre de la dimension KISSTERIA se nomme « Destroyer » (comme l'album) etc … Le groupe soigne le fan-service avec tous ces easter eggs plus ou moins voyants.
Les moments forts sont appuyés avec des extraits des plus grands tubes du quatuor américain (« Rock and Roll All Nite », Shout It Out Loud », « Detroit Rock City », « Modern Day Delilah » etc…). Cet animé étant destiné à toute la famille, il est assez logique d'entendre le titre « Love Gun », dans sa forme uniquement instrumentale en raison de lyrics assez imagé ^^. « L'instant épique » est accompagné sans surprise par « I was made for lovin' you », mais je dois avouer n'être pas vraiment fan de ce passage. Passage pourtant au combien important qui montre la bascule et le parti pris pour le coté comics/fantasy de KISS plutôt que le côté enquête ancrée dans le réel de la team SCOOBY-DOO.
KISS fait même preuve d'autodérision avec le personnage de Chip McGhoo. Ce personnage est une parodie de Doc McGhee (le vrai manager du groupe) et cherche par tous les moyens possibles à vendre à nos héros des produits de merchandising estampillés KISS, plus ou moins utiles, à la moindre occasion en mode opération spéciale flash. Les fans, tout comme les haters, ont dû apprécier ce running gag qui sied comme un gant au groupe souvent décrié pour son merchandising outrancier (cercueil, table de bière pong, bières, skateboard, céréales, flippers, poupées, jouets, comics, préservatifs…) .
Au final, que retenir de cet animé ? En tant que fan de KISS et de SCOOBY-DOO, j'ai vraiment apprécié ce crossover qui est rythmé, drôle, pouvant être regardé par toute la famille, et surtout il peut donner envie de découvrir le groupe KISS pour celles et ceux qui ne connaitraient pas ou peu les américains. Je vous le conseille donc. Par contre, il faut reconnaitre qu'il respecte plus l'univers du groupe que celui des enquêteurs ; les critiques qui regrettent ce parti pris sont donc tout à fait compréhensibles. Et on peut considérer que ces libertés ne sont pas pour autant être totalement blasphématoires et impardonnables pour les die-hard fans du toutou gaffeur (ça passe car c'est du « rock n'roll »).
Comme dit en début d'article, KISS s'apprête à tirer sa révérence à bientôt 50 ans de carrière. Il y aura un avant et un après Kiss dans le monde du rock, tant pis si cela déplait à leurs détracteurs.
D'ailleurs est-ce que KISS va vraiment s'arrêter un jour ? Sous cette forme surement ; toutefois Paul et Gene ont souvent déclaré que KISS pourrait continuer avec d'autres musiciens. Le groupe étant également réputé pour la gestion de son image (les membres sont officiellement apparus sans maquillage en 1983, soit 10 ans après la création du groupe), on pourrait imaginer des groupes officiellement « franchisés KISS », ce qui viendrait à concurrencer tous les tributes non-officiels (Gene si tu me lis ^^). L'avenir nous le dira mais les rockeurs nous réservent peut-être encore de surprises. Wait and see...
J'en profite également pour vous rappeler que KISS fait également une apparition dans le film « Detroit Rock City » avec Edwar « John Connor -Terminator 2& Dark Fate »Furlong et Melanie « Rose dans Mon Oncle Charlie » Lynskey. Bonne séance.