Rock vs Metal dans le désert américain. Review d'un film « pulp » qui puise son inspiration dans la pop culture des 80's.
Sorti en 1998, bien avant les 2 Kill Bill et les 2 Machete, je regarde toujours ce « SIX-STRING SAMIURAI » avec un certain plaisir car il se révèle fun et rend hommage à la culture des 80's et aux pulps américains.
Attention, ne vous attendez pas à du gore et à des jets d'hémoglobine à la différence des films de Tarantino et Rodriguez précédemment cités. Dans l'esprit, je le rapprocherai plus de la saga « El Mariachi » où la musique occupe une place importante dans la narration, avec en plus ce côté action décalé/exagéré voire même parodique/WTF assumé. Ici point de mitraillette ou de lance-missile dans un étui à guitare ; mais un katana dont le fourreau est une guitare de 1957 qui suscite bien des convoitises. D'ailleurs, en parlant de Tarantino, ce n'est pas une surprise de retrouver « Misirlou », le hit de Pulp Fiction, dans la B.O de « Six-String Samourai ».
Clip de « Surfing In Siberia » :
Le pitch est simple et mêle fantastique, science-fiction, western (dans la pure tradition des pulps américains) : l'URSS a gagné la guerre froide suite à un holocauste nucléaire, les USA semblent être devenus un désert géant où cohabitent, non sans violence, l'armée rouge, des cannibales, des cosmonautes qui « viennent avec le vent » (zone 51 ?), des monstres épinards vivants sous terre (des irradiés), et quelques survivants. Las Vegas est le dernier bastion où règneraient la liberté et une forme de civilisation. Elvis, le King et Dieu du Rock'N'Roll, y règne en maitre (logique, Vegas, la ville rock par excellence… allez tous en choeur « Viva Las Vegas … Viva Las Vegas »). Mais nul n'est immortel, le King décède et on lui cherche donc un successeur (la radio FM relaie ce message d'appel à un héritier, tout au long du film). Pour cela, les prétendants doivent se rendre à Vegas même pour revendiquer le trône. Notre héros, Buddy marche vers la cité, armé de sa guitare, d'un katana et d'un parasol pour se protéger du soleil. Sur son chemin, il fera des rencontres, affrontera des concurrents plus clichesques les uns que les autres (mentions spéciales au groupe THE RED ELVISES sorte de Toys Dolls moscovites ; un power trio joueurs de Bowling, un jeune mariachi…) avec en point d'orgue la Mort elle-même (DEATH), qui sera à ses trousses jusqu'au dénouement final.
Cette lutte entre Buddy et Death est également symbolique entre 2 générations/évolutions : Buddy ressemble comme 2 gouttes d'eau à Buddy Holly et incarne le rock originel/pur, tandis que Death ressemble à Slash et représente, comme il le dit lui-même, le Heavy Metal/sombre (une symbolique du Yin et du Yang ?). Death veut s'emparer la ville pour y régner en despote, avec son heavy metal. La Mort est d'ailleurs accompagnée de 3 sbires en mode cavaliers de l'Apocalypse (mais sans les chevaux). D'ailleurs ne surnomme-t-on pas Metallica les « 4 Horsemen » ?! Un autre clin d'oeil à l'univers metal en quelque sorte.
N'oublions pas non plus, qu'en 1998, date à laquelle fut sorti le film, le heavy et le thrash connaissaient une petite traversée du désert. A cette époque les tauliers étaient considérés comme ringards, dépassés, et ce même avec pas mal de changements (line-up pour Judas Priest et Iron Maiden ; look et direction musicale pour Metallica et Megadeth…). Tandis que le rock, le vrai, semblait plus épargné de toutes ces considérations (on comprend un peu mieux le pourquoi du synopsis).
Au niveau des influences, difficile de ne pas penser à Mad Max, Ken le survivant, Highlander, Zatoichi, Desperado, ou encore à La Colline A Des Yeux. Un film très rythmé, sans véritable temps mort, normal me diriez-vous pour une ode au rock !
La présence d'un enfant, dès le tout début du film, sauvé par Buddy et qui s'accroche à lui alors qu'il n'hésite pourtant jamais à le rejeter (pour toujours partir à sa rescousse) donne également un aspect conte, avec une petite morale à la fin (le dernier combat et le plan final). D'ailleurs, on peut être frustré par la fin du long métrage, mais en y réfléchissant, elle est finalement assez logique.
J'ai bien aimé la bande-son qui accompagne les combats : celle-ci est toujours en accord avec les adversaires du héros (ambiance russe contre l'armée rouge par exemple), et les punchlines que l'on entend tout au long du film. Si le héros parle peu, il « snipe » très souvent ses interlocuteurs (du genre : «If you were me, you'd be good-lookin' » ). Ses adversaires ne sont pas en reste eux aussi : comment ne pas rire à l'écoute d'un « Nice tuxedo. Nice tuxedo to die in ! ». Tellement ringard que ça en devient bon lol.
Je n'en dirai pas plus pour ne rien vous spoiler. A la question qui gagne entre Buddy (le rock) et Death (le heavy-metal), je vous répondrai simplement que sans le rock il n'y aurait pas de metal, et que le metal a permis à la nouvelle génération de (re)découvrir ces pionniers du rock. L'un ne va pas sans l'autre. Et puis, qu'importe le gagnant, l'essentiel c'est que la musique soit bonne et qu'elle perdure ! C'est d'autant plus vrai dans cette période de confinement où la culture est en souffrance.
J'espère avoir suscité votre curiosité et vous avoir donné envie de voir ou revoir ce film assez atypique à l'époque.
Bonne séance.