Daemonologie

Historique

Horreur

Jeu video

Verveneyel

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1 octobre 2024

" Un jeu indépendant proprement glaçant, sorti le 1er octobre 2024. "

Âmes sensibles s'abstenir et plutôt deux fois qu'une. Le jeu dont je vous parle aujourd'hui ne fait pas semblant.

Découvert au détour d'une page de réseaux sociaux, j'ai mis dans ma liste de souhaits le jeu Daemonologie développé indépendemment par Katanalevy, pour une raison très simple : la promotion du jeu faisait état de l'utilisation d'animation stop-motion, et pour un jeu d'horreur s'il vous plaît ! Il n'en fallait pas beaucoup plus pour me ferrer.

 

Voilà que le jeu sort, et sans hésiter, je m'en saisis et je le lance. En menant ma petite enquête, j'ai découvert qu'il s'agissait en fait d'un remake d'un jeu pré-existant, qui n'était au départ qu'une succession de dialogues. C'est cette nouvelle version qui introduit l'animation stop-motion, pour notre plus grand plaisir.

 

Dès le départ, c'est absolument magnifique, l'esthétique vieillie et sombre nous emporte tout de suite, de même que le texte en vieil écossais, dans une police gothique menaçante. 

 

L'animation amène toute l'étrangeté Ô combien aimable du stop motion avec des figures assez proches du style de Jiri Trnka. Bel essai également pour la musique, originale et saisissante dès les premières secondes.

 

Vous l'aurez compris, artistiquement, c'est du superbe travail. En dehors de ces cinématiques superbes, le jeu adopte une direction artistique minimaliste en noir et blanc, légèrement pixellisée, qui conviendra aux fans des premiers jeux Donjons et Dragons, dans une version drainée de sa vitalité.

 

C'est en découvrant votre rôle dans le jeu qu'un frisson de malaise vous attrape dans le bas du dos : vous jouez le rôle d'un chasseur de sorcière. Et votre mission va être de découvrir qui dans le village est coupable d'hérésie et de magie noire, pour le pendre cinq jours plus tard. Pour ce faire, le jeu vous propose de visiter les différents lieux du village où évoluent les différents suspects, et dès lors, il ne vous reste que deux possibilités : discuter avec eux… ou les torturer. Oui, vous avez bien lu. Et tandis que vous vous engagez sur cette pente terrible, vous voilà renvoyé brutalement à votre malice de joueur, de spectateur décideur, tandis que vous malmenez la chair de vos victimes.

C'est un jeu qui vous mettra la même torgnole qu'un Funny Games de Michael Haneke, car il vous fera commettre des choses abjectes , et jouera sur le balancement entre votre honte et la volonté d'avancer dans le jeu. De surcroît, les choses que vous entreprenez son faciles à accomplir. Un peu d'adresse vous amènera à vos fins sans trop de résistance. Et c'est affreux. 

Le soleil se couchant, vous tombez dans les bras de morphée où vous viennent des cauchemars prophétiques, montrant encore davantage la beauté sordide qui pave cet opus. Une fois réveillé, les interrogatoires reprennent, et vous ferez de ce qu'on vous dira ce que vous voudrez. Vous, et personne d'autre.

Très vite, vous arrivez à la fin de votre enquête, le jeu se termine, et immédiatement vous êtes invités à recommencer. À quoi bon ? Pour récolter tous les témoignages, avoir tous les éléments de l'histoire. Et jusque dans son choix de fin, que je ne divulguerai pas, le jeu aura été une froide leçon, et un tour de force du medium. 

Dès lors, ce n'est pas à proprement parler un jeu que l'on vous conseille. Ceci dit, c'est le genre de jeu qui pourrait vous faire réfléchir deux minutes aux nombreuses fois où vous avez lancé GTA pour le seul plaisir de canarder des PNJs ; et au-delà de cela un objet d'art abouti qui honnore le jeu-vidéo par son existence.