Ce livre que vous cachez : Heca-Tomb - Zaroff

Metal

Verveneyel

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1 août 2023

" L'horreur est un genre parcouru de nombreux méandres. Aujourd'hui les amis, on s'en va explorer des recoins sals, des recoins inavouables. Les amis, aujourd'hui, du petit bout de la lorgnette, on va faire un petit tour du côté du splatter-gore. Et avant que les âmes les plus prudes n'interviennent pour crier à  l'immondice, il ne faut pas oublier que depuis des temps immémoriaux, certains types de spectateurs se repaissent de démonstrations choquantes pour assouvir leur soif de sang. Après tout, les spectacles de gladiateurs, s'ils étaient beaucoup moins mortels qu'on le pense, étaient violents et sanglants pour le bon plaisir des yeux. Pire encore, à  votre avis, pourquoi jusque très tard les exécutions étaient-elles publiques ? Inutiles de se voiler la face, vils primates que nous sommes, quelque chose en nous est fasciné par le sang et la violence. Et là  où il faut se réjouir, c'est que depuis l'apparition des spectacles Grand Guignol, puis du cinéma, on peut voir les gens mourir de façon toujours plus spectaculaire, sans mourir vraiment. Réfléchissez-y, l'art gore est-il si affreux que ça ? "
L'horreur est un genre parcouru de nombreux méandres. Aujourd'hui les amis, on s'en va explorer des recoins sals, des recoins inavouables. Les amis, aujourd'hui, du petit bout de la lorgnette, on va faire un petit tour du côté du splatter-gore. Et avant que les âmes les plus prudes n'interviennent pour crier à  l'immondice, il ne faut pas oublier que depuis des temps immémoriaux, certains types de spectateurs se repaissent de démonstrations choquantes pour assouvir leur soif de sang. Après tout, les spectacles de gladiateurs, s'ils étaient beaucoup moins mortels qu'on le pense, étaient violents et sanglants pour le bon plaisir des yeux. Pire encore, à  votre avis, pourquoi jusque très tard les exécutions étaient-elles publiques ? Inutiles de se voiler la face, vils primates que nous sommes, quelque chose en nous est fasciné par le sang et la violence. Et là  où il faut se réjouir, c'est que depuis l'apparition des spectacles Grand Guignol, puis du cinéma, on peut voir les gens mourir de façon toujours plus spectaculaire, sans mourir vraiment. Réfléchissez-y, l'art gore est-il si affreux que ça ? Bien-sûr, si le gore s'est fait une belle place au cinéma avec des sagas et opus plus ou moins mythiques, plus ou moins bons, c'est un genre qu'on envisage relativement peu dans la littérature. Sur grand écran, c'est déjà  un style relativement marginal, alors sur le papier... Aujourd'hui je vous propose de découvrir un concept Français, écrit par Zaroff et illustré musicalement par Black Zombie Procession : Heca-Tomb.
Description de l'image
Alors mes amis, Heca-Tomb, qu'est-ce que c'est ? Deux choses en réalité : c'est à  la fois un roman, et un EP. Pour que vous compreniez, le livre nous raconte l'histoire d'un adolescent, métalleux, qui va dans une boutique, Heca-Tomb, en quête d'une trouvaille qui lui donnera le grand frisson auditif. Le mystérieux vendeur de la boutique lui remet alors un CD au visuel peu ragoutant, en lui disant qu'il ne le regrettera pas. Et là  je vais vous faire un tout petit, minuscule spoiler : la musique du CD transforme tous ceux qui l'écoutent en monstrueux psychotiques sanguinaires sauvages et pervers. à‡a fait rêver non ? Et encore, ça n'est rien de le dire. Parce qu'effectivement, le roman de Zaroff est immonde, abominable, complètement immoral, disons-le franchement, c'est un livre dont vous voudrez cacher la lecture à  votre famille. Tout le monde en prend méchamment pour son grade : hommes, femmes, enfants, animaux, jeunes, vieux... Et pour accompagner ce livre fangeux donc, on a un CD six titres (un par chapitre) du groupe Black Zombie Procession, ou BZP pour les intimes, dont vous pouvez jouer les chansons une par une en même temps que les personnages du livre, pour entendre la même chose qu'eux. Musicalement, c'est très bon d'ailleurs. Le son de BZP se rapproche d'un bon gros crossover Thrash, qui, à  défaut de vous donner envie de trucider votre famille, vous donnera au moins l'énergie pour faire de la capoeira dans votre chambre ou dans un pit.
Le texte nous propulse alors dans l'époque devenue lointaine des années 1990, avec une ambiance pesante et malsain... et c'est cool ! Parce que disons-le, l'auteur est ultra inventif et nous donne rien de moins que ce que l'on cherche avec ce genre de bouquin : une surenchère de violence, honteuse et cathartique. Et malgré tout, on pourrait avec de l'interprétation constater que le livre est loin d'être écervelé. Je ne me risquerai pas à  imaginer les intentions de l'auteur, mais j'ai personnellement trouvé quelques éléments que je ressens comme une critique sociale et humaine, cohérents avec notre époque ; même si, bien-sûr, cela passe par l'atrocité grandiloquente la plus extrême. Je me suis notamment interrogé sur le personnage du flic, qui à  mon sens est parfois plus horrible que les tueurs sanguinaires. Je ne vous en dit pas plus, comprenez simplement que dans Heca-Tomb, certains repères moraux sont mis à  mal, questionnés.
D'ailleurs, est-ce que c'est mal d'aimer un roman pareil ? Vous l'aurez compris, je penche plutôt vers le non, pour une raison très simple que l'auteur évoque lui-même : quelle que soit l'horreur que l'on mette dans une fiction, la réalité est souvent bien plus atroce. Après tout, un roman comme Heca-Tomb est délibérément caricatural, irréaliste. Pour citer d'autres pontes du genre, Zaroff est beaucoup moins terre à  terre qu'un Jack Ketchum, et donc moins traumatique. Il se situe à  des années lumières la dévastation psychologique que l'on peut ressentir dans des situations de la vraie vie, il ne s'aventure pas sur l'indicible horreur du quotidien sur Terre. La fiction gore, ça n'est rien de moins qu'un délire, une Å“uvre libre d'être excessive, qui exorcise les cauchemars. Rien de moins, et rien de plus. Alors bien-sûr, c'est compliqué de conseiller un livre pareil, mais prenons-le ainsi : si vous avez plus de dix-huit ans, que vous êtes curieux, et que vous avez les tripes bien accrochées, pensez-y. Tentez l'expérience de la lecture en musique, jetez vous dans la gueule de la bête, et vous verrez. à‡a oui, vous verrez...