Les amis, j'ai beaucoup de chance, car dans ma modeste bourgade du Pas-de-Calais, on a la chance d'avoir la fine fleur des disquaires, j'ai nommé Big Star Records. Et moi, les endroits sympas, je suis toujours tenté d'y revenir. C'est ainsi qu'il y a peu je trouvais, dans une caisse de vinyls d'occasion, deux galettes qui allaient faire tomber ma mâchoire de plaisir et d'envie. Ces deux disques, c'était Warning de Warning, excellent groupe français dont on parlera une prochaine fois, et - roulement de tambour - l'EP 6 titres Unchained du groupe Canadien Thor, notre sujet du jour!
Si vous avez suivi un peu les vidéos de Maxwell, je n'aurai pas grand chose à vous apprendre sur Thor, mais pour les autres, comprenez qu'on a ici affaire à du gros Hard Rock/Heavy assez catchy, à l'ancienne, formé à la fin des années 70 par leur charismatique leader Jon Mikl Thor, également passionné de bodybuilding, ce qui influencera énormément l'imagerie du groupe. Leur premier album, Keep The Dogs Away, est sorti en 1977, et l'EP auquel on va s'intéresser aujourd'hui est à proprement parler la deuxième sortie du groupe, puisqu'elle arrive six ans après la première galette, sans entre deux.
Et avant même de rentrer dans le contenu musical de l'EP, il faut déjà qu'on parle des visuels du vinyl, totalement collectors. Disons-le simplement, Jon Mikl Thor, c'est un Conan le Barbare des temps modernes, aux muscles saillants, huilés, maintenus à leur base par une imposante ceinture, et voilà que sur la cover de cet EP, intitulée Unchained je vous le rappelle, il nous fixe de son regard déterminé, en tenant à pleine main devant un mur de brique de bonnes grosses chaînes, comme prêt à les casser comme l'homme fort de La Strada. Retournons le vinyle ensemble, et là on se retrouve propulsé dans une espèce de délire qui Porno-Donjon-Soumission-Fantasy du meilleur goût, avec une joyeuse bande de pieds-nickelés en cuir clouté, Karl Cochran, Keith Zazzi, Mike Favata, et Pantera (Rusty Hamilton, femme de Thor, il fut un temps), entourant leur maître de guilde, armé d'un glaive qui ne couperait pas une pomme.
Est-ce que c'est kitsch ? Oui! Est-ce qu'on aime ça ? OUI!
Et c'est par là qu'il me semble intéressant d'aborder le groupe: pour son imagerie assez bas de gamme qui fait presque Manowar marque Eco+, le groupe a été longtemps moqué, et en l'occurrence, de manière injuste, car la musique est, quoi qu'on en dise, efficace, et de qualité.
Et pour cause, le Heavy de Thor est assez FM, mais comprenez qu'il est fait de bonnes recettes et avec les meilleurs intentions. On retrouve un riffing très efficace, mélodique, fédérateur, tout l'essentiel pour faire se bouger la foule. Les refrains eux-aussi mettent tout le monde d'accord et je gage que même un francophone pourrait finir par chanter avant qu'un morceau finisse. Et force est de constater que Jon Mikl Thor a une belle voix, pas forcément la plus agressive, mais c'est juste et puissant, les chÅ“urs sont utilisés à la perfection et ont quelque part cette touche qui rappellerait presque les années 60. On sent du reste que le groupe a des histoires à nous raconter, car ils ont ce sens de l'épic qu'on retrouve aussi chez Hawkwind ou certains morceaux de Blue Oyster Cult.
Je vous parlait plus tôt du côté FM, c'est qu'il y a effectivement du clavier sur cet EP, qui a probablement été enregistré par les musiciens invités; mais si leur son est intimement ancré, sans surprise, dans l'époque, ils restent beaucoup moins présents que chez des Bon Jovi et Toto, et donc l'ensemble reste solidement Heavy, avec des lignes de clavier que de fait je qualifierais surtout d'atmosphérique.
Unchained c'est donc la deuxième sortie très solide d'un groupe de son temps, injustement boudé, et plein de talent. Foncez.