Pour le 1er mai, il me semblait bon de sortir de l'oubli un groupe de laborieux camarades qui vous donneront le goût de la grève !
Avant de rentrer au cÅ“ur de la musique du groupe du jour, rappelons un fait : le Black Metal, c'est globalement un penchant du Metal de droite, politiquement parlant. Donnez-moi tous les contre-exemples que vous voudrez, c'est la seul sous-branche du Metal qui a en son sein un courant ouvertement néo-nazi. Et même quand ça n'est pas aussi viscéralement encré dans la musique, c'est l'état d'esprit d'un certain nombre de fondateurs du genre. Comme diraient les philosophes : "Je déteste les animaux préhistoriques partouzeurs de droite, c'est de la merde, mélanger comme ça partouze et politique..."
Bref, je ne suis pas là pour débattre, et vous non plus. Toujours est-il que quand les groupes évitent de parler politique, c'est mieux. Quand ceux-ci s'affirment d'une contre-opinion, ma foi, ça remet un peu les pendules à l'heure. On va donc ressortir aujourd'hui notre version poussiéreuse des écrits de Karl Marx, et partir dans les neiges de Russie apprendre le collectivisme à coup de blast beats.
Aujourd'hui, point de Red Anarchist Black Metal, mais juste Red. Aujourd'hui on attaque la chronique de ЯроÑÑ‚ÑŒ МаркÑа (ce qui signifie "La Rage Marxiste" en Russe, c'est déjà génial en soit), groupe de Black Metal communiste, qui n'aura sorti qu'une seule démo en 2008 avant de disparaître dans le blizzard. Et pas moyen de se tromper : marteau, faucille, épis de blé, poings levés, étoile, tout y est !
Cette démo, elle s'appelle We The People, et compte trois titres (dont une reprise d'un chant de l'armée rouge), pour un total de vingt minutes environ, pleines de qualités.
À noter tout d'abord que la production est très roots, et si ça déplaît à beaucoup, vous savez que moi j'aime bien. C'est tellement cru qu'on a parfois l'impression que par intermittence il y a un peu trop de signal pour le périphérique son de l'enregistreur. Ceci dit on perçoit quand même de très belles mélodies à la fois mélancoliques et va-t-en guerre, qui rappelleraient presque Peste Noire (haha qu'est-ce qu'on se marre). L'agressivité se ponctue de moments plus doux, presque berçants si tant est que la double-pédale en arrière plan vous repose ; comme pour faire écho aux paroles.
Car en effet, si le groupe revendique son communisme, celui-ci n'est pas à envisager sous le prisme des dictatures soviétiques, mais plus sur le plan de l'idéal égalitaire véritable, émancipé des religions, de l'argent, de l'oppression de l'état. Comprenez : mort aux staliniens, gloire aux vrais marxistes.
Pour revenir sur la guitare, on retrouve également des harmonies, et des questions-réponses bien sentis, avec un très léger décalage entre les deux guitares qui donne un côté chaotique étrangement parfait.
La batterie, elle, est noyée dans le mix hasardeux, la plupart du temps ce qui donne un petit côté "neige audio" aux cymbales. La grosse caisse et la caisse claire sont très atténués sous ces nappes, mais on perçoit les blasts beats et les descentes de toms assez distinctement.
Le chant quant à lui tient du corvidé : il est principalement aigu, avec un grain assez particulier, cassant, râpeux.
Fait notable : selon toute vraisemblance, le chanteur est Français, et se nomme Antoine Durand.
Bien entendu, si des tréfonds de l'obscurité ce groupe était né ; aux tréfonds de l'obscurité il est retourné et nul trace ne persiste des membres actuels.
Pour finir le produit semble vraiment avoir été pensé comme unité, avec ce qui semble être une outro indépendante à la fin de la reprise de Sacred War. On ne le saura jamais.
En attendant, quel que soit votre bord, laissez-vous séduire : c'est de la bonne ! Allez, tous avec moi : "C'est la luuuuuuutteeeeeeuh finaaaaaaaleeeeeuuh..."