" Chronique du 3ème album des Grenoblois d'AMON SETHIS, sorti le 12/12/2020. "
En ce qui me concerne, 2021 commence comme 2020 avait fini : toujours en télétravail, dans l'impossibilité d'aller voir un concert, un film au ciné, ou simplement boire une bière dans un pub… mais avec, heureusement, de belles découvertes metal (tout n'est pas perdu, il ne faut pas l'oublier !). Dans cette période très difficile pour les professionnels du monde de la Culture (et même pour tout amateur d'art en général), cela fait du bien de voir et d'entendre des musiciens ne pas baisser les bras et continuer à proposer du nouveau contenu de qualité. Car plus que jamais ils ont besoin de soutien.
Sorti en décembre 2020, je découvre donc, début janvier, ce 3ème album des grenoblois d'AMON SETHIS. Pour celles et ceux qui ne les connaîtraient pas encore, l'univers de nos frenchies trouve son inspiration dans l'Egypte Ancienne, et plus particulièrement durant la période allant de la fin de la 6ème Dynastie au début de la 7ème Dynastie. Cette période était assez chaotique, avec beaucoup de changements politiques et de luttes pour le pouvoir, ce qui fait qu'elle demeure encore un peu floue. Cela permet alors au groupe de laisser libre cours à son imagination, tout en essayant de rester quand même assez cohérent avec l'Histoire. Leur chanteur étant diplômé d'une maîtrise d'histoire ancienne, cela leur facilite grandement la tâche et leur permet une certaine vigilance avec certains faits et réalités historiques.
Cet album nous raconte une partie de la vie de Nitocris, reine qui a existé (la première femme pharaon à priori), mais dont on sait peu de choses (même la durée de son règne prête encore à quelques débats). C'est également un préquel qui vient compléter et clore une trilogie débutée avec le « PART I - THE PROPHECY » et le « PART II - THE FINAL STRUGGLE ». Ces derniers s'attachaient aux « enfants fictifs » de cette reine : les jumeaux Amon Sethis et Atevaris, descendants de Nitocris qui eux n'ont donc jamais existé contrairement à la souveraine.
Ce « PART 0 - THE QUEEN WITH GOLDEN HAIR » est composé de 14 titres pour une durée totale d' 1h12 (une bonus-track existe, « AND THEN COMES THE RAIN / ON THE WAYBACK TO MEMPHIS », disponible sur le CD bonus de l'édition limitée, et dans une box collector en forme de pyramide qui regroupe leur EP et leur 3 albums). On commence avec « THE LEGACY FROM THE PAST » qui, tel un trailer de film, nous pose une ambiance égyptienne et nous prévient que la suite va être épique.
On attaque ensuite avec le morceau éponyme « NITOCRIS - THE QUEEN WITH GOLDEN HAIR » (Nitocris est souvent désignée comme étant la reine « blonde aux joues roses ») qui a des allures d'hymne de power-metal bien catchy. Julien Tournoud nous dévoile déjà une bonne étendue de sa palette vocale (chant clair allant de grave à aigu) ; quant aux arrangements et aux claviers ils apportent tout le côté épique pour asseoir cette dimension, cette grandeur, que l'on associe toutes et tous (in)consciemment à l'Egypte Ancienne.
« MY SISTER, MY LOVE, MY PHARAOH » nous montre la facette la plus symphonique du groupe. A l'écoute de ces 2 premières compositions je définirai AMON SETHIS comme étant à mi-chemin entre SYMPHONY X et KAMELOT (technique notamment sur les solos, mais avec une recherche d'immédiateté, d'efficacité avec de vraies chansons que l'on peut chanter).
« THE CONSPIRACY » vient se poser comme l'un des tous meilleurs titres avec cette basse fretless en filigrane qui nous régale (Laà«titia Bertrand a une part importante dans ce rendu oriental…c'est flagrant sur « DESERT STORM, « MASK OF WRATH » et « BY THE TORTURE »). D'ailleurs, j'apprécie tout particulièrement le groupe quand il durcit un peu plus le ton en saupoudrant son power avec des teintes plus « thrashy » (comme il l'a également fait par le passé, sur ces anciennes productions).
Après « THE SECRET LETTER » un peu plus symphonique, place à « THE RISE OF AOUTEF'S ARMY » qui est, sans surprise, l'un de mes extraits favoris. Chant plus grave, riffs plus catchy (l'influence de SYMPHONY X est palpable…encore une belle prestation d'Olivier Billoint), je suis embrigadé de force dans les rangs de cette armée tant le titre est fédérateur. Excellent !
Viennent ensuite « LOST IN THE WEST » avec son ambiance orientale toujours réussie, et surtout « DESERT STORM » avec cette basse fretless bien ronde qui fait, une nouvelle fois, plaisir à entendre. Julien se laisse même aller à quelques « growls » et je dois dire que je suis emballé par cette facette plus soutenue qui donne une vraie variété/richesse à l'album. à‡a donne vraiment envie de l'entendre en live !
Ce constat vaut aussi pour « OSIRIS, GOD OF THE DEAD » sur lequel les growls de Julien apportent la petite touche de noirceur qu'il fallait à la lecture des paroles. Comme dit plus haut, j'ai été également conquis par « MASK OF WRATH » avec son approche plus rentre-dedans qui m'évoque une nouvelle fois les américains de SYMPHONY X de par son côté catchy/accrocheur.
Après un « BY THE TORTURE » sur lequel on se rend vraiment compte de la place prépondérante occupée par la basse (grand bien leur a fait de ne pas noyer cet instrument dans le mix), le combo nous propose avec « ETERNAL LOVE » la fameuse power-ballad incontournable dans chaque album de power-metal. Cette dernière est réussie et m'a fait penser à « UNDER GREY SKIES » de KAMELOT.
« THE BLOOD RED TEMPLE », premier single de l'album, revient à quelque chose de plus mélodique et attendu par les aficionados des grenoblois (vous trouverez un lien vidéo en fin de chronique). Ce « PART O… » s'achève sur « FROM DUST TO STARS » qui dure environ 10 minutes (qui passent très vite) et sur lequel le combo nous montre tout son savoir-faire tout en confirmant cette impression de « rendu cinématographique » (en résumé, un bon moyen de faire découvrir le groupe à un non-initié).
Sur « PART 0 - THE QUEEN WITH GOLDEN HAIR » AMON SETHIS nous fait voyager que ce soit dans l'espace et dans le temps : je me suis clairement retrouvé catapulté en Egypte au temps des pharaons. Un album passionnant de la première à la dernière note, riche et varié, et surtout très bien produit…pardon…autoproduit devrais-je dire ! En effet, vous lisez bien, le groupe a tout fait lui-même, avec ses propres deniers, et de manière indépendante. Un bien bel exemple du fameux « quand on veut, on peut » (le DIY peut bien sonner si on s'en donne la peine). Bravo au groupe qui nous délivre une des meilleures sorties metal 2020. Il est dommage que je la découvre seulement maintenant car elle aurait eu, sans l'ombre d'un doute, sa place dans mon Top 10 « France 2020 ».