Cytotoxin - Biographyte

Si je devais donner 3 noms pour former une sainte trinité du Brutal Death européen contemporain, je donnerais sûrement (et dans cet ordre) Aborted, Benighted et … Cytotoxin. 

Les allemands passionnés de radiations  ont, après 15 ans de carrière, une discographie plutôt intéressante. les 3 premiers albums demeurent très orientés Tech, avec des plages de sweep et de démonstration technique à la guitare tout à fait savoureuses entrecoupées de moshparts absolument débiles et dévastatrices. L'excellent Gammageddon de 2017 est un immanquable et synthétisait parfaitement cette orientation. 

En 2020 sort Nuklearth, qui amène une production beaucoup plus massive une fois de plus signée Kohlekeller Studio (qui produit les albums du groupe depuis Radiophobia, mais aussi les albums récents d'Aborted et Benighted, quelle coïncidence…). La voix est beaucoup plus présente, la section rythmique ressort plus et l'album demeure beaucoup plus centré sur l'aspect efficace du style et finalement moins démonstratif sur le plan guitaristique, en résulte un album équilibré, hymnique sur pas mal d'aspects (Lupus Aurora, Nuklearth…) et finalement très accessible pour qui veut découvrir l'univers du groupe. 

Cette année, le groupe nous offre Biographyte, et dès les premières notes du single et morceau d'ouverture Hope Terminator nous comprenons : Cytotoxin a décidé de synthétiser toute sa carrière en cet album. Plages de sweep et démonstrations techniques ahurissantes, breakdowns assassins, retour du pig squeal, production massive et mettant en valeur l'ensemble des instruments, efficacité des parties plus “traditionnelles” du death metal… Une telle absence de compromis et malgré tout un tel équilibre c'est un tour de force.

Si vous êtes rebutés par le tech death hyper démonstratif ou par les lignes assez typique des premiers albums, passez votre chemin. Le groupe n'invente rien et la plupart des compositions auraient pu figurer sur les albums précédents (notamment Gammageddon), mais qu'est ce que c'est bien fait et finalement reconnaissable. On retrouve des vrais passages épiques et menaçants dans l'album, voire des refrains et passages quasi hymniques (Behind Armored Doors, Biographyte, The Everslave… ) ce qui renforce encore l'équilibre entre mosh parts et tartines techniques. 

En dehors des leads et lignes tech, Cytotoxin est aussi un groupe extrêmement efficace en terme de solo, grâce au jeu absolument dément du guitariste fondateur Fonzo. (Chernopolis et Nuklearth sur les précédents albums), cet album nous en offre quelques nouveaux de très bonne facture (le morceau éponyme Biographyte, Eventless Horizon, Bulloverdozed, Transition of the Staring Dead, l'incroyable conclusion From Bitter Rivers).

En bref, si vous étiez déjà passablement rebutés par la guitare ou l'aspect monolithique des voix dans la musique de Cytotoxin sur les premiers albums : vous ne serez pas plus conquis par ce Biographyte. Si c'est la production autour de la voix, ou un sentiment de trop peu en termes de groove et d'efficacité, ou d'un brun de mélodie, et que vous aviez apprécié Nuklearth : vous devriez y trouver votre compte.  Les allemands sont reconnaissables, probablement grâce à un line up relativement stable (3 membres originels sont toujours en course avec Fonzo (guitares), Grimo (Chant) et VT (basse)). Dans tous les cas, cet album est une réussite, ça n'invente rien mais ça tombe bien, ce n'est pas ce qu'on lui demande.

Le site de Cytotoxin : https://www.cytotoxin.de/shop/cds/biographite-cd/