Les confins de l'underground grouillent de territoires inexplorés, d'histoire mystérieuses, de tentatives, d'abandons, d'occasions loupées, et tant d'autre chose. J'en prends d'ailleurs pour preuve qu'on a bien failli ne rien pouvoir se mettre sous la dent avec le groupe du jour, ça s'est joué à peu de choses, et ça aurait été bien dommage.
Car le groupe du jour, c'est Windfall, un groupe de Black Metal Argentin, formé dès les premières heures du Black Metal, dans le plus grand secret, puisque leur formation date de 1994. À leur échelle géographique, on peut carrément parler de pionniers du genre. Et si de manière informelle, une cassette démo totalement introuvable a circulé dans les années 90, on a bien failli ne plus jamais en entendre parler puisque le groupe a splitté en 1998.
Heureusement, les bonnes augures font leur magie en ce début de XXIème siècle puisque le groupe s'est reformé en 2016, sortant en 2017 une compilation faite à partir de deux répétitions enregistrées, avant que, miracle, 2019 voit venir l'arrivée d'un premier album. Et je sais ce que vous allez me dire, 2019 est fini, il faut que j'en fasse le deuil, mais il faut le dire, 2019 était une grande année! Rendez-vous compte, on peut maintenant savourer un monument du Black Metal Argentin que pendant des années on a cru perdu à jamais! Allez, j'arrête de radoter!
Et même si ce nouvel album n'a qu'un an, il transporte avec lui tout le bagage du son d'antan, avec une production bien cru qui fait grésiller les cymbales - on sent bien d'ailleurs que la batterie acoustique - un son de guitare chargé en fréquences aigus, plus proche d'un overdrive que d'une distorsion à proprement parler, avec des progressions principalement en power chords plus ou moins rapides; une basse au son rond et chaud, et pour finir, un chant étonnamment varié quoique toujours Black Metal, tantôt caverneux et grave, tantôt plus aigu, parfois plaintifs et plus proche du véritable hurlement que d'une technique particulière de chant guttural.
La composition est très simple dans son exécution technique, très Punk dans son approche, ce qui ne l'empêche pas de faire passer une ambiance intéressante, entre hantise, tourment, colère et belligérance. Les morceaux prennent leur temps sans s'éterniser, tournant toujours autour de cinq à six minutes. Là où certains groupes donnent en général plus dans le va-t-en guerre (Immortal par exemple), et d'autres plus dans l'atmosphère (Inquisition par exemple), Windfall sait marier plutôt bien les deux, de manière successive ou mélangée, et mérite sa place au sein de cet espèce de panthéon tacite des développeurs d'un style.
Il est difficile de quantifier leur impact général sur la scène Argentine, la seule chose que l'on sait, c'est qu'il s'agit bien du premier groupe Argentin à s'être rapproché du son de la scène Norvégienne, allant jusqu'à obtenir des opportunités en Europe, qu'ils auront donc manquées.
À présent que le retour parmi nous est officiel, je leur souhaite bon vent!