Il ne restait plus grand chose à faire. Un pas, et on y était ! Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi, mais j'avais comme l'impression qu'à mesure que les années passaient, Nervosa devenait de plus en plus extrême, de plus en plus proche du Death Metal, de plus en plus furieux. Et puis le combo Brésilien a connu quelques péripéties, Fernanda Lira et Luana Dametto ont fait leurs bagages et sont partis vers de nouveaux horizons.
La nouvelle fut alors aussi agréable que prévisible : peu après, on apprenait la naissance de Crypta, groupe de Death Metal mélodique avec de sévères touches de Black Metal. À la barre, Fernanda et Luana bien-sûr, mais aussi Taina Bergamaschi et Sonia Anubis pour faire vrombir les six-cordes. Rien qu'au niveau du line-up, il y a de quoi saliver !
Mais c'est seulement une fois le disque lancé qu'on sait, pour de bon, le hasard fait bien les choses. Ce premier album est tellement bon qu'on ne peut qu'y voir un geste de la destinée.
Pour tout dire, si vous aimiez déjà la patte de Fernanda sur le plan du Thrash, avec le riffing maléfique, les saccades furieuses, la basse avec ce son bien bondissant, les hurlements de panthère ; tout est là , mais avec une grosse touche de Behemoth époque "The Satanist" en plus. À ce titre, c'est vraiment la dextérité des deux guitaristes qui va donner sa saveur toute particulière à cet album. On ne peut pas nier qu'Anubis et Bergamaschi ont un instinct particulièrement fin pour les mélodies bien senties. De très nombreux passages gagnent tantôt en malfaisance tantôt en majesté, précisément grâce aux riffs de guitare qui survolent la mêlée. Les passages en tapping notamment dans cet album sont de haute voltige ; à force d'écouter l'album on finit par s'en languir, à les attendre comme un nouveau souffle. Pour élargir la réflexion aux parties solistes en général, il est notable que si les parties rythmiques sont principalement chromatiques (comprenez "on peut utiliser toutes les notes sans souci de gamme) pour asseoir la brutalité, les solos sont souvent ce qui nous ramène à des gammes plus identifiables. Ce fait établi, les solos virtuoses rétablissent souvent quelque chose d'exaltant, épique et rassembleur. Au milieu de morceaux calibrés pour faire jaillir le mal, la cassure est bien vue, et ça marche du tonnerre.
Je vous parlais de la rythmique ? Je dois dire aussi que j'ai un petit faible pour le son aigu et bien sec de la caisse claire de Luana, et comme elle la mitraille sans relâche pendant une bonne partie de l'album, on a de quoi y goûter. La batterie est bien dosée dans le mix, elle n'avale pas tout et soutient avec justesse la structure.
C'est une très belle réussite pour ce premier essai de Crypta, je suis radicalement conquis.