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Comme vous tous cher lecteur, ces derniers temps je suis frappé par des instants de vague à l'âme ; la nostalgie aussi. Comme le temps est long, comme le monde est loin.

Mais alors que les éclaircies commencent vaguement à poindre vers les horizons estivaux, j'ai trouvé le parfait compagnon de mes nuits de glaçante langueur, incarné par le nouvel album de Seth, "La Morsure du Christ".

J'attendais cette sortie avec un enthousiasme palpable, car pour tout vous dire, le combo de Bordeaux a été ma plus récente révélation en live. Après les avoir vu à Oignies, lors du Tyrant Fest, pour la tournée anniversaire des Blessures de l'à‚me, j'étais ressorti du Métaphone complètement sonné, sous l'emprise ; au point que, mes amis s'en souviennent, je n'ai pas été en mesure de voir le groupe suivant. Ce concert m'avait drainé, hypnotisé.

Certes le groupe ne m'était pas inconnu avant cette occasion, il n'en a pas été moins marquant. Et tandis que la discographie des tristes sirs à tourné sans relâche dans mes enceintes longtemps après cette expérience, j'ai appris avec beaucoup de bonheur l'arrivée de la nouveauté, qui sort ce 7 mai chez Season of Mist.

Je pense qu'à moins d'un séisme inattendu, cet album sera au sommet du podium pour moi quand viendra le temps de dresser les bilans de l'année. Cette "Morsure du Christ" concentre tout ce qu'il y a de plus beau dans le Black Metal de vieilles pierres. Avec la majesté sublime et l'amplitude des mélodies traînantes, la pluie battante de percussions, le chant plaintif, ravagé, l'émotion terrible qui s'en dégage on ne peut rester indifférent.

Cela paraîtra paradoxale pour beaucoup de gens, mais pour moi cet album n'est pas violent. Intense, à fleur de peau, oui, mais pas brutal. C'est pour moi une invitation à l'introspection, au spleen des jours de pluie.

En parlant de spleen d'ailleurs, il faut aussi tirer son chapeau à Seth pour la qualité incroyable des paroles de Seth, assez bien compréhensible avec la diction nette de Saint Vincent. Les vocalistes ont changé tout au long de la carrière du groupe, mais une régularité dans la mérite des textes est restée : s'il faut un bel instinct pour écrire une belle phrase comme "Les blessures de l'âme sont éternelles", il en faut au moins autant pour écrire quelque chose comme :

"Trompant mon désespoir en bouquet de sévices.

à” qu'as-tu fais de moi ? Du sang le tributaire,

Diable infirme, je suis dipsomane sans cure,

Sous ton charme maudit, Circé des sépultures !"

Ou encore le Prométhéen :

"Noires, les galaxies, sidérantes prisons,

Pour les Dieux interdits et leurs malédictions.

Je viens de l'Infini tenant l'ardent tison ;

J'ai leur flamme ravie, le Feu de vos démons."

Je me garderai de trop vous en dire, mais la preuve est faite : La Morsure du Christ" est un monument romantique en flamme, un édifice de gloire impie, offert à vos oreilles avec une production d'excellente facture pour mieux vous donner le meilleur de ce que le spectre sonore peut offrir ; grandiose viscéral, pour tous les déchus trahis par la grâce.

C'est un incontournable de cette année, un album mémorable qui donne un rayonnement subjugueur à la scène Black Metal française.

Guérisseur familier des Angoisses Humaines : Seth - La Morsure du Christ