Vous savez ce qu'on dit sur le manque de sommeil ? À termes, ça vous chamboule complètement la tête ! Parlez-en à votre médecin. Le record du monde enregistré, il a été battu un étudiant Britannique, qui est resté onze nuits sans dormir ; et l'arsouille en a développé de la paranoïa, des hallucinations, des problèmes cognitifs et mémoriels. "Long story short", comme dirait nos amis les anglophones, on ne peut pas dire que ça lui ait fait du bien.
Imaginez maintenant quelqu'un qui ne dort pas du tout. Si onze nuits ça ne réussit déjà pas tellement à l'être humain, imaginez une suite ininterrompues de nuits sans sommeil. Ce pourrait bien être la musique de Sleepless.
Après tout, c'est le postulat que nous vend le nom du groupe, et le premier titre de ce premier EP "Blood Libel" : "The Man Who Could Not Sleep".
À l'écoute, on pourrait bien se dire que l'illustration est faite et bien faite, car la musique de Sleepless, c'est la violence et la folie, sans l'ombre d'un doute. Ce trio de choc venu de Portland dans l'Oregon nous propose une sorte de Thrash Metal dans lequel on aurait laissé macérer quelques jours des graines de Candlemass. Oui ça va vite, oui ça tabasse, mais il y a avec ça un côté épique et très solennel dans le chant ; ainsi qu'une noirceur peu commune dans les mélodies, les ambiances. Et ma foi, c'est fort bien exécuté. L'EP ne manque pas d'inventivité dans l'écriture, ose autant les dissonances acrobates que les harmonies dramatiques ; les passages les plus maléfiques s'enchaînent avec des moments plus Rock'N'Roll, et autres pérégrinations plus guerrières.
Dès qu'on a l'impression d'avoir fait le tour, le morceau suivant nous attend avec une nouvelle surprise.
Le groupe construit en ces quelques titres un univers crédible musicalement ; visuellement aussi avec cette pochette qui a le grotesque raffiné d'un Jérôme Bosch.
C'est à recommander pour les plus esthètes des Thrasheux, ceux qui n'ont pas peur de Mekong Delta par exemple. Bonne écoute, avec mes compliments.