Enfin, 2022 permettait au Death Metal de résonner à nouveau dans les tréfonds de Saint-Omer. Le Dreamer Fest est revenu, avec une affiche qui s'est efforcée de conserver les promesses de 2020, avec le seul hic qu'il était impossible de ramener le regretté L-G Petrov d'entre les morts.
C'est donc en la mémoire du chanteur d'Entombed que s'ouvrait le festival le 30 avril dernier ; avec des exposants comme Sea Shepherd et Malpermesita Records sur le chemin de la scène, qu'on était contents de retrouver ; ainsi que les collègues d'Heretik et Crypt of Dr. Gore, les inénarrables Pizza Armaggeddon et VG'Terrien pour sustenter la populace... Du tatouage, des guitares, du merch ; pas de doute on est à la maison !
Arrive Insane Order pour ouvrir le bal avec son Grindcore à l'ancienne, défendant un nouvel album "Overraped" retenu par la poste. Le tour de chauffe est réussi, notamment grâce à la performance très athlétique du batteur, ainsi que des morceaux truculents comme le savoureux "Dead Balkanys". Du haut de ces riff rapides, un demi-siècle de Punk nous contemplent !
On enchaîne avec le Slam Death de Devour the Fetus, et Evil Ted de bougonner que le pit devient un peu violent à son goût. C'est là que ça a commencé à se réveiller voyez-vous ! Le public fait du karaté, les guitares amorcent la descente d'organes, et on aura pu pleinement savourer les pig squeals du chanteur. Le son était vraiment excellent, au service des grooves ; et l'humour joyeusement carnassier du combo aura terminé de rendre l'ambiance agréable.
Embrace Your Punishment prend le relai, et assure une performance de haute volée qui aura marqué notre ami Evil Ted, très réceptif à la couleur très Hardcore de leur riffing. Malgré des petits soucis de son ("J'entends rien dans le retour !"), le groupe a assuré, s'est même payé le luxe d'une apparition du chanteur de Stillbirth sur un morceau. Le concert a semblé notamment très intense pour le chanteur, physiquement marqué des stigmates de son show.
Sans plus de cérémonie, les papas du Grind français Sublime Cadaveric Decomposition foulent la scène avec au programme l'excellence du son, de l'énergie, de la violence, un line-up frais et efficace, bref, un vrai bonheur. Je les voyais pour la deuxième fois, et tirais la même conclusion que la première fois : c'est très carré, très efficace ; bref, un régale. Le tout, sans être guindé ou statique !
Et puis Carnation prend le relai, et dans la salle, j'ai eu comme l'impression que quelque chose changeait. Couvert de sang, le chanteur arrive et "Reincarnation" nous tombe dessus comme un ascenseur dont les câbles auraient lâché au trentième étage. C'était puissant, maléfique, et tenu de main de maître sur scène. Pour aller dans l'esprit d'hommage du jour, le groupe n'aura pas manqué de jouer "Supposed to Rot" d'Entombed, ce qui rajoute encore du cachet à la performance. Le groupe tient le public dans la paume de sa main.
Après cet excellent moment, est venu pour moi le point d'orgue de cette soirée : Stillbirth. Brutal, clinique, puissant, et en même temps très chaleureux, les Allemands ont brillé. Lukas Swiaczny n'a pas peur d'occuper l'espace, d'aller dans la foule pour s'assurer que les wall of deaths sont bien découpés ; de courir à droite à gauche sur scène pour motiver les troupes. Ce concert les honore, et me laisse penser que Stillbirth fait partie du vrai grand renouveau du Death Metal, avec Ingested par exemple. L'avenir il est là , et il tape dur. On aura pu constater d'ailleurs dans la foule le batteur d'Immolation, kiffant la vibe.
Sur Skeletal Remains, je l'avoue et le regrette presque, j'ai eu comme un coup de mou et ne l'ai probablement pas apprécié autant que mérité. Le groupe n'en demeurait pas moins très carré, ses accents mélodiques étant délectables après les déferlantes rythmiques des précédents groupes.
Et puis soudain, dans les ombres de la nuit, Immolation monte sur scène, pour défendre son meilleur album ! C'est frais, c'est puissant, ça vous percute et ça vous fracasse. On a notamment une énième confirmation du talent des deux guitariste. De surcroit, d'un point de vue scénique, c'est toujours très fort de voir Ross Dolan derrière le micro, avec sa stature de berserk ; et Robert Vigna secouant sa guitare avec l'adrénaline. Immolation, c'est non seulement une perle musicale, c'est aussi un monument de charisme, un incontournable pour ceux qui aiment le Death, le vrai, le bon !
Et merci qui ? Merci le DREAMER FEST !