Disons-le, en cette année 2021, le Label Transcendance n'a pas chaumé. Quatre albums sortis depuis le début de l'année, sans compter la saison automne-hiver de 2020, faste également ; pour un label underground, ce n'est pas négligeable. D'autant plus qu ces sorties sont disponibles en format physique. Et s'il est une personne qui n'a pas compté ses heures, c'est bien la patronne du label elle même, qui sort à travers son label des nouveaux opus pour trois de ses projets. Sphere y a eu droit, Brouillard y a eu droit, et il ne manquerait plus que J'ai si Froid... pour avoir la totale.
Transcending Rites, que je n'avais pas encore cité, c'est la dernière sortie que Marie enfante en 2021, pour laquelle elle s'allie à un individu particulièrement prolifique lui aussi : Déhà , que vous connaissez peut-être à travers Merda Mundi, Yhdarl ou Wolvennest (en tout cas, moi je connaissais ça), mais dont je vous invite à explorer la discographie, tellement vaste qu'elle commence à avoir des airs d'annuaire téléphonique.
On a deux valeurs sûres à la barre, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ? Rien du tout en effet, parce que cet album est vraiment très bon !
Tout d'abord il est important de préciser que le Black Metal qu'on a ici n'a rien du Black propret et peinturluré de Nuclear Blast. Le son est lo-fi, acéré et saturé, mais attention, pas brouillon pour autant. à‡a crache et ça larsenne, mais c'est très mélodique, et en même temps franchement agressif. L'album se martelle à vos oreilles avec ses blasts frénétiques et la fureur de ses guitares. Plus d'une fois on se dit que les fans de "Transylvanian Hunger" sont à la maison.
Mais pas que. Le groupe se décrit comme du Black Metal Astral, et l'oreille attentive le percevra. Il y a ce petit quelque chose d'exalté dans la musique de Transcending Rites ; des petits tremolos dans les aigus, nappes nébuleuses dans un océan de chaos, qui font toute la différence avec un Metal Noir belliciste punk à chien. On retrouve un peu du mysticisme d'Inquisition, de l'onirisme de Lustre.
C'est d'autant plus net dans le gigantesque maà«lstrom qu'est le dernier morceau de l'album, "Awake", long de vingt et une minutes, où les rares traces de chant clair se font entendre, et où ces nappes plus hautes s'affirment d'avantage. On est balloté au gré des vagues de ce morceau, entre passages vraiment planants en dépit de leur brutalité, et craquage total, malsain, dérangé. On entendrait bien quelques individus impressionnables dans le fond de la salle pour trouver ça trop long ; en réalitéce morceau passe vite, car on est scotché à sa puissance émotionelle.
En ce qui me concerne, et ça s'applique grosso modo à l'ensemble de ses projets, je suis totalement admiratif du son des hurlements de Marie. Alors certes, il y a des effets qui jouent sur l'impact des voix, un peu de reverb n'a jamais tué personne, mais j'ai toujours trouvé saisissant la douleur que ce chant invoque. C'est extrêmement intense, et cela ne pouvait pas mieux servir le projet. On expérimente les trois morceaux de l'album avec une espèce de fascination morbide.
C'est encore une belle réussite à saluer, à écouter bien-sûr, et je vous invite également à découvrir le reste des projets couvés par Transcendance si ce n'est déjà fait. Si vous cherchez du Black Metal pour vos introspections profondes, vous êtes à la bonne adresse.