Cher lecteur, mon petit doigt me dit qu'avec les beaux jours ton humeur s'améliore, ton vague à l'âme s'étiole, tes zygomatiques reprennent du service... Et c'est une infâmie que je ne puis souffrir ! Avec la chronique du jour, je compte bien faire ressurgir tes idées noires, tes cauchemars et ta nausée. Après tout, pourquoi être béat quand on peut être grave et déprimé ?!
Tu l'auras compris, le groupe du jour n'est pas tellement fait pour les bisounours à poils ras. Oeuvrons plutôt à invoquer nos pires démons avec la masse grouillante et mortifère qu'est Ancient Tome ; groupe de Doom aux accent Black Metal émergé des plus noires contrées étatsuniennes, avec un premier EP : Final Tomb.
Fort de ses quatre titres pour un peu plus de 23 minutes, Final Tomb est un immense monolithe qui vient frapper vos tympans à la manière d'une enclume tombant sur un oeuf. C'est une musique basée sur la pesanteur et la longueur, relativement minimaliste : les cordes bourdonnent pour exhaler des power chords alanguis, rallongés jusqu'au grésillement. Quelques larsens subtilement contrôlés ponctuent ces chutes d'astéroïdes, les cymbales claquent. Implacable, la peau de la caisse claire résonne interminablement dans le mix. Tout dans les parties instrumentales respirent une langueur malsaine et purulente qui vous rappellera l'indicible angoisse d'un "Begotten" (le film, bien-sûr). Vos forces vous quittent, en un rien de temps, vous êtes avalé.
Le chant finit d'asseoir l'absolue terreur de cet EP. Là encore, on parle de cris longs et terribles, chargés en reverb, comme vomit par les voûtes d'une vétuste crypte.
Tout n'est que torture dans ce fameux EP, et pour une première, c'est un joli coup à n'en point douter !