" Chronique du 2nd EP/mini album de MUR sorti le 26 mars 2021 chez Les Acteurs de l'Ombre. "
Le coup de projecteur du jour est mis sur la nouvelle sortie de MUR. Sur TRUTH, le groupe continue à faire sa mue et à expérimenter en enrichissant son post black metal, déjà fortement teinté d'hardcore, avec des sonorités plus électro (sans pour autant verser dans le blackcore). En effet, si l'influence de l'indus était déjà palpable sur leurs précédents efforts, la coldwave vient apporter plus de contrastes et de nuances à travers notamment le recours à des mélodies clavier. On peut d'ailleurs considérer que la reprise du hit intemporel pop « SUCH A SHAME » de Talk Talk vient officialiser, en quelque sorte, cette filiation avec le son électro des années 80's.
Que les fans de la première heure soient rassurés, les couleurs restent sombres et le rendu brutal. Le metal reste encore une part importante de leur identité sur 4 des 5 compositions présentes ce mini-album.
« EPIPHANY », placé en ouverture, vient faire le lien entre l'album Brutalism sorti en 2019 et ce nouvel effort. Atmosphère lourde et chaotique, chant torturé, symbolique forte, MUR n'a pas adouci ou édulcoré son propos…même si des claviers mélodiques viennent l'éclaircir par intermittence, comme une lueur d'espoir dans les ténèbres. La thématique centrale étant l'effondrement, tant sur le plan global que personnel, il n'est guère surprenant de retrouver quelques gouttes d'optimisme dans l'océan de pessimisme que nous connaissons actuellement. Le salut de notre monde (intérieur comme extérieur) passerait par une quête introspective de grandeur, notamment celle de l'âme, où chacun a un rôle à jouer pour sortir la tête de l'eau et (se) tirer vers le haut.
Le bien nommé « SUICIDE SUMMER » reste dans cette dualité ombre/lumière au sein de laquelle flotte une impression/sensation d'être constamment sur le fil du rasoir, au bord de la rupture. Ici la noirceur ne s'exprime plus uniquement via des teintes black metal, mais également à travers sa structure complexe et tumultueuse (beaucoup de changements de rythmes). Une sorte de chaos maitrisé.
« INNER HOLE » marque un vrai changement par rapport aux 2 morceaux précédents. Si le chant reste rageur, musicalement on s'éloigne quand même pas mal de ce que l'on a l'habitude d'entendre de leur part avec cet extrait où se côtoient synthwave, noisy-rock voire néo à la Deftones.
Evoqué en introduction, le combo nous propose ensuite une reprise d'un classique pop-rock. MUR fait une vraie relecture de « SUCH A SHAME », avec sa patte, et accentue ainsi le fatalisme, la soumission (volontaire au hasard), déjà présente dans la version originelle. Ce qui fait qu'elle s'inscrit parfaitement dans le concept de TRUTH.
L'EP se termine avec « TRUTH », titre éponyme, qui se détache du reste de l'album et pas seulement pour sa durée qui avoisine les 10 minutes. Difficile de trouver du metal sur cet instrumental qui lorgne plutôt vers l'électro/électro-rock à la Kavinsky (je pense en particulier à NIGHTCALL entendu sur la B.O du film Drive avec Ryan Gosling et Carey Mulligan). Pour autant, il n'en demeure pas moins réussi de bout en bout, pour peu que l'on soit ouvert à d'autres sonorités.
Surprenant, secouant, parfois déroutant mais toujours enthousiasmant, tels sont les adjectifs qui me viennent à l'esprit après plusieurs écoutes de ce mini-album TRUTH de MUR. Les frenchies nous prouvent une nouvelle fois que le metal est une scène bien plus riche, plus ouverte à l'expérimentation et moins conservatrice que ce que l'on pourrait croire. Ils font mentir les gardiens du temple qui ne jurent que par les « chapelles oldschool cloisonnées », ainsi que les médias non-spécialistes qui s'acharnent aujourd'hui encore à limiter le metal à de vieux stéréotypes (allez voir la récente interview de TRUST sur Culturebox, chaine 19 de la TNT…). On a hâte de découvrir de ce que nous réserve MUR pour l'avenir.