" Chronique du 4ème album de NERVOSA sorti le 22/01/2021. Un opus qui marque un nouveau départ pour le groupe. "
Quel euphémisme de dire que ce 4ème album était attendu. Outre la qualité des 3 précédents opus, la question était de savoir ce qu'allait pouvoir nous proposer ce nouveau NERVOSA. En effet, le groupe a connu un bouleversement de line-up avec la guitariste Prika Amaral comme seule rescapée du line-up originel (le titre « PERPETUAL CHAOS » prend alors un autre sens, tant au niveau du récent passé du groupe qu'au regard des maux sociétaux actuels). Il y avait donc une certaine curiosité (parfois un peu mal placée) car beaucoup résumaient trop rapidement NERVOSA à sa seule chanteuse-bassiste Fernanda Lira (beaucoup plus démonstrative sur scène que ces collègues pour les avoir vu en live sur Marseille en 2016 avec DESTRUCTION, FLOTSAM & JETSAM et ENFORCER). Ce qui est heureusement et définitivement une « monumentale erreur » au regard des qualités intrinsèques de ce nouveau skeud. A noter que l'on parlera un peu plus tard dans la chronique de DESTRUCTION et FLOTSAM & JETSAM.
Désormais NERVOSA est un quatuor international et non plus 100% brésilien : Diva Satanica est espagnole (chant, que l'on a pu entendre chez BLOODHUNTER), Mia Wallace (ancienne bassiste d'ABBATH) vit en Italie, et Eleni Nota réside en Grèce. On imagine donc, au regard de la situation sanitaire en 2020, qu'une partie du processus de composition a eu lieu par voie dématérialisée, avant la rencontre finale pour peaufiner et enregistrer le tout. Pour une renaissance, ce « PERPETUAL CHAOS » forme un tout solide, cohérent, que je le trouve même bien meilleur que le précédent. En effet, le combo retrouve son identité thrash qu'il avait mis de côté sur « DOWNFALL OF MANKIND » où s'exprimait la facette la plus death-extrême de l'ancien trio (d'ailleurs, quand on y pense, « DOWNFALL OF MANKIND » était plus brutal qu' « AGONY », qui lui était plus brutal que « VICTIM OF YOURSELF »). Un retour aux origines bienvenu en ce qui me concerne.
Prika est fan de thrash oldschool, cela se sent tout au long des 13 extraits qui évoquent SLAYER ou DESTRUCTION. On retrouve même çà et là des teintes de black metal sur certaines lignes de basse (les plus rapides de Mia, car comme dit plus haut, elle joue sur l'album « OUTSTRIDER » d'ABBATH).
On commence dans le très costaud avec un « VENOMOUS » où les riffs transpirent le thrash et où la batterie nous martèle les tympans. Diva Satanica n'est pas en reste non plus et se montre vocalement bien agressive. Une « mise au poing » comme pour nous montrer qu'il ne fallait pas les enterrer trop vite. Rassurant !
Comment ne pas penser à SLAYER à l'écoute de l'intro de « GUIDED BY EVIL ». Je comprends pourquoi le groupe l'a choisi comme premier extrait : ce dernier a le potentiel d'un hit-single thrash-death pour ravager une fosse. Les growls de l'espagnole sont caverneux à souhait et font mouche. En un mot : réjouissant !
Vient ensuite un « PEOPLE OF THE ABYSS » sans fioriture et toujours mené tambour battant, puis le titre éponyme « PERPETUAL CHAOS » sur lequel le groupe ralentit le tempo sans pour autant perdre en puissance. Un peu moins de vitesse, un peu plus de groove, mais le tout reste toujours dévastateur !
« UNTIL THE VERY END » nous rappelle une nouvelle fois SLAYER (tant dans l'intro que sur les riffs/solos bien incisifs) avec un premier guest : Guilherme Miranda d'ENTOMBED A.D. à la guitare. Place maintenant au génial « GENOCIDAL COMMAND » sur lequel Schmier vient taper un guest. Le scream placé en tout début nous met directement dans l'ambiance : pas de quartier ! Diva, sans complexe, se montre tout aussi convaincante que le leader de DESTRUCTION, notamment sur les refrains et la fin où les 2 vocalistes se rendent la pareille. Une tuerie !
Après un « KINGS OF DOMINATION » plutôt classique (avec toutefois des petites teintes de black metal évoquées précédemment), un « TIME TO FIGHT » me surprend alors avec un esprit plutôt punk/hardcore. Le solo de gratte a un petit côté Motà¶rhead, influence que l'on reconnaîtra clairement un peu plus tard sur « REBEL SOUL ».
« GODLESS PRISONER » est l'un des 2 morceaux qui m'a le moins marqué (on est en territoire connu). Sur « BLOOD EAGLE » les filles ralentissent un peu le tempo, comme sur le titre éponyme, et apportent ainsi un peu plus de groove et de couleur à l'ensemble.
Nouveau guest prestigieux « REBEL SOUL » : Erik Ak de FLOTSAM & JETSAM vient épauler Diva derrière le micro pour un mélange savoureux « death-thrash n'roll ». Cette bombe étonne, détonne et donne plus de variété à ce 4ème effort. Une réussite !
L'écoute se termine avec un « PURSUED BY JUDGEMENT » que je trouve dispensable (il n'apporte rien de neuf) et le slayerien « UNDER RUINS », dont vous trouverez le clip vidéo en fin de chronique, qui clôt l'album de la même manière qu'il avait commencé : en territoire thrash-old avec des touches death bien senties.
Cette nouvelle cuvée de NERVOSA est un régal pour les tympans, et je trouve que leur thrash aromatisé de death plus savoureux qu'un death qui s'accorde avec des parfums plus thrash. Les aficionados de « VICTIM OF YOURSELF », dont je fais partie, seront ravis car on retrouve cette spontanéité/fraicheur du premier album.
Quant à celles et ceux qui regrettent Fernanda Lira, vous pouvez la retrouver chez CRYPTA, groupe bien plus death au sein duquel officie également Sonia Anubis (COBRA SPELL, ex BURNING WITCHES). En ce qui me concerne je considère que l'on a de la chance d'avoir désormais d'un côté un NERVOSA en forme et furieusement thrash ; et de l'autre côté un CRYPTA prometteur sur le papier et que l'on espère diaboliquement death. En définitive, nous n'avons rien perdu, nous avons même plutôt gagné.