" Chronique du premier album du groupe Silence Of The Abyss sorti le 13 mars 2020. "
S'il y a un CD que j'écoute en boucle depuis la fin du confinement, c'est bien le premier album des Corses de SILENCE OF THE ABYSS. Si leur premier EP éponyme (sorti en 2018) avait déjà récolté pas mal d'éloges, force est de constater qu'avec ce skeud les profondeurs marines n'ont jamais autant résonné sur la terre ferme. Le Kraken se serait-il réfugié en mer Méditerranée ^^ ?
Le trio a connu un changement de line-up. Si David (guitare) et Diane (batterie) sont toujours présents, Jean Bernard (un proche du groupe) a remplacé Julien derrière le micro. Ce qui apporte une plus grande diversité vocale, et accentue ainsi la variété de l'album. A noter qu'il n'y a toujours pas de bassiste que ce soit sur disque ou en live ; la basse étant remplacée par des séquences programmées.
La musique a également évoluée entre l'EP et l'album : si leur premier effort tendait vers un metal progressif combinant l'énergie du thrash (on sent qu'ils sont fans de Metallica) et la lourdeur du death (Gojira), « Unease & Unfairness » rajoute en plus des ambiances néo/groove (RATM, SOAD…), voire même carrément crossover/alternatif au sens (très) large du terme : acoustiques via le passage flamenco (le groupe apprécie Rodrigo y Gabriela), rap (sur le titre « Weak !! »)… Les Corses créent et jouent la musique qu'ils aiment, un metal complexe que je qualifie plus de métissé plutôt qu'hybride (écoutez le titre « My fair fury » qui illustre parfaitement la patte du groupe et la richesse de l'album). Un metal méditerranéen comme le groupe l'a lui-même baptisé à travers différentes interviews (jetez une oreille sur le titre « Nothing At All », vous comprendrez le pourquoi du comment).
L'album est composé de 9 titres pour une durée avoisinant les 40 minutes : Amok / Nothing At All / See Arcturus / My Fair Fury / Matando / The Color Of The Walls / God is Dead / Weak !! / Lunar. Outre « My Fair Fury », « Weak !! » et « Nothing At All » (ces riffs qui donnent envie d'headbanguer à s'en rompre le cou), j'ai également apprécié « God Is Dead » qui n'a rien à envier aux tubes modernes venus du pays de l'Oncle Sam. Pas besoin de traverser l'Océan Atlantique pour écouter un metal fusion qui déboite ; il suffit juste de parcourir un petit bout de Mer Méditerranée.
Sur ce premier album SILENCE OF THE ABYSS nous propose ce que le metal contemporain peut nous offrir de mieux : une musique personnelle, originale, ouverte vers d'autres horizons et sans frontière. Le tout en restant brutal et très bien produit (les parties de batterie de Diane sont à tomber).
L'Ile de beauté n'est décidément pas avare en merveilles. Une nouvelle spécialité corse à exporter de toute urgence.