Remontez-vous les manches mes amis, c'est un album pas facile qu'on attaque aujourd'hui. On va enlever toutes vous Å“illères, ouvrir votre esprit, et plonger dans le monde étrange et infesté de curieux insectes de Doc Ed.
Doc Ed, ça fait partie de ses projets solos bizarroïdes qu'on a la chance d'abriter en France, comme les parisiens d'Heptaedium, les OVNIs d'Igorrr ou les inénarrables Carnival in Coal. Et si quelque part vous aimez ces deux projets il se pourrait bien que vous ayez trouvé autre chose pour faire ronfler vos oreillettes.
Extrêmement prolifique depuis ses premiers soubresauts en 2013, avec déjà une discographie de plus de quinze items, Doc Ed nous offre en 2021 Scrabs, le dernier né en date d'un one-man projet aussi unique qu'audacieux. En effet, le cerveau du projet, qui d'ailleurs lui donne son nom, ne recule généralement devant rien dans les mélanges métalliques et électroniques. Du Black Metal par-ci, de la Dub par là , un soupçon de Breakcore, vous voyez l'idée.
À vrai dire, sur Scrabs, le côté electro ressort principalement à travers les lignes de percussions, dont l'artificialité n'est pas caché, mais qui réussit à accentuer la brutalité des morceaux d'une manière que Morbid Angel aurait probablement aimé connaître avant de sortir "Illum Divinum Insanus". Chez eux, c'était raté ; ici, ça fonctionne du feu de dieu. On retrouve aussi, bien-sûr, des lignes de samples et claviers pour modeler l'atmosphère, mais c'est vraiment la percussion qui sera la plus saisissante.
Et qu'accompagnent-elles, ces groupes percussions ? Principalement un gros Death Metal moderne, généreusement nourri aux circonvolutions Djents de ces dix dernières années, avec une bonne touche de Slam sur le plan rythmique et les voix, mais aussi avec une franche dose de technique à la guitare qui n'est pas sans rappeler de petits bijous comme God Said Kill. On retrouve également ci et là des riffs mélodiques en tremolo picking, quelque part un peu Black Metal. Scrabs est un album très violent, comprenant douze morceaux relativement courts (la plupart des morceaux n'atteignent pas les trois minutes), avec un tabassage intense quasi constant. Le riffing est très rapide, les blasts sont de vraies mitraillettes, le chant toujours une vraie boucherie, aucun breakdown ne vous épargne, toutes les dissonances vous mordent les tympans, et les temps morts sont fugaces. C'est un album qui ne fait pas de quartier, qui respire l'urgence et l'agressivité. Et en ce sens, c'est un album résolument Metal très différent de certains de ses prédécesseurs comme Hasselti ou Beyond Stray Light (également moins Fusion qu'Enochian Colors), que vous feriez bien d'écouter aussi, ça n'en reste pas moins une très bonne sortie en ce début d'année 2021, qui devrait mettre d'accord pas mal de bourrins. N'oubliez pas de soutenir votre scène locale, surtout en ce moment.