Avec le retour des beaux jours et la fin des restrictions, les festivals pullulent de nouveau dans nos contrées pour notre plus grand plaisir. Le samedi 7 mai, en région Hauts-de-France, un bras de fer se jouait entre deux géants du Death Metal : Mercyless à Calais, Loudblast à Lomme.
Figurez-vous qu'avec pas moins de trois membres fondateurs de Blastphème Webzine, on a choisi d'aller voir les enfants du pays, à savoir Loudblast, de retour là où tout a commencé comme le disait lui-même Stéphane Buriez.
Au bout de la route, s'offrit à nous la façade fort belle de la maison Folie Beaulieu de Lomme, qui pour la soirée abritait la première édition du Furious Cirkus, édition brassant large stylistiquement à ses risques et périls mais non sans brio.
Le temps de s'envoyer un petit café dans le fond de la gorge, voilà Unfate qui monte sur scène. Si le groupe a eu relativement peu d'occasions de se produire en concert, COVID oblige, le groupe tient la scène avec aisance et qualité, notamment avec des parties instrumentales très carrées qui profitent pleinement de l'amplitude donnée par le son live, et un chanteur très à l'aise, au catalogue vocal très vaste. On a du scream, des cleans, du rap, et tout ce mélange finement dans ce bel essai, alors même que le groupe occupe de loin la place la plus difficile : la première.
Peu après, entrait en scène Death Structure, prenant la place de The Klown qui s'était fait porter pâle. La lumière se fait plus tamisée, nos deux photographes pestent, mais la performance reste très bonne, à base de Death Metal bien senti, teinté d'une dose de Hardcore à travers le type de voix du chanteur. Les morceaux du nouvel album sont d'excellente facture, solidement riffés, et je suis pour ma part toujours épaté par la dextérité du bassiste du groupe.
S'ensuit Penumbra, performance qu'à titre personnel j'attendais de pied ferme, d'une part n'ayant pas vu ce genre de musique en concert depuis pas mal de temps, et d'autre part parce que j'avais très envie de découvrir la nouvelle chanteuse du projet. Il m'est apparu particulièrement agréable le fait que le groupe travaille sa scénographie avec de l'animation visuelle en arrière plan, élément très/trop rare chez des projets de ce calibre. L'expérience est immersive, et musicalement, ça suit. Les riffs sont efficaces, les parties symphoniques épiques, le doublette chantée délicieusement complémentaire. On s'y retrouve en tout point de vue, et ça laisse présager un excellent prochain album !
Arrive alors après cette phase féérique ce qui pour moi fut le point d'orgue de cette soirée. DROPDEAD FUCKING CHAOS ! Chers lecteurs, on tient là un projet qui va faire trembler des stades pour peu que les mecs tiennent le coup et ne se séparent pas ! Supergroupe de la scène Metal française, ils sont très loin de l'espèce d'artificialité qui rend certains projets fragiles et anecdotiques (désolé pour Chickenfoot ou Them Crooked Vultures). Ce concert était une tannée ! Pour commencer, le fait qu'il y ait sept personnes sur scène donne par essence une sorte d'importance. Il y a du monde sous les projecteurs, qui bouge, synchronisé ; et tout ce peuple vous envoie à la face un Nu-Metal moderne de très haute volée. Les Américains m'avaient épaté avec Tetrarch, et on dirait bien que la réplique au séisme est venue de France, encore plus fort. à‡a groove à fond, il y a du rap, des refrains épiques, des breakdowns, des solos virtuoses, des délires Korniens par-ci par-là . C'est franchement monstrueux et très communicatif quant à l'énergie exhalée. Il y en a pour un peu tout le monde, parce que la modernité c'est beau ; et les nostalgiques dans la salle auront pu se satisfaire de la reprise de Surfacing des Slipknot, avec Arno de Black Bomb A en guest. On était gâtés !
Pour passer derrière un tel rouleau compresseur, il fallait des performeurs de taille, et c'est ainsi que les lasers verts se sont allumés pour Shaarghot, en pleine forme, musicalement lancinant et lourd ; scéniquement très investi, au point même que l'esclave du groupe s'est offert un aller-retour à l'hosto. On aura pu savourer la puissance de morceaux comme "Z//B", "Now Die" et "Wake Up". De l'indus comme on l'aime, avec des gros riffs et des grosses machines, pas mal de cambouis... Vous reprendrez bien un peu d'huile de vidange ?!
Loudblast clos le show en revenant aux sources, son line-up renouvelé, pour défendre l'excellent Manifesto sorti en 2020. C'est très carré, probablement moins exubérant que les deux précédents groupes, mais toujours efficace dans l'exécution.
Pour une première, c'est rien de moins qu'un excellent événement que ce Furious Cirkus, riche musicalement, témoin d'une bonne santé de la scène régionale et nationale ; dans un cadre agréable au sein duquel auront évolué acrobates, cracheurs de feu, jongleurs et autres contorsionniste. C'était un excellent moment familial où l'on se sentait en permanence chez soi, avec une orga aux petits soins. Merci mille fois pour ce moment !