Comédie
Film
Face à une ribambelle d'articles assez enthousiastes (pour ne pas dire très voire trop) sur le retour dans les salles obscures du bio-exorciste, j'ai eu envie de vous donner mon avis un peu plus tempéré. Premièrement j'ai souvent lu que Tim Burton aurait retrouvé sa patte, sa folie et je ne sais quoi encore...En ce qui me concerne je trouve que tourner une suite que j'estime non nécessaire (le premier se suffisant à lui-même), et de surcroît 36 ans après (ce n'est pas pour rien qu'il a autant attendu), c'est un peu paresseux. On peut alors me rétorquer "mais tu dis n'importe quoi, c'est super casse-gueule de faire cela. D'ailleurs s'il a mis autant d'années pour la faire, ce n'est pas pour rien". Effectivement ce n'est pas pour rien. Quand je regarde sa filmographie post-2000 (après SLEEPY HOLLOW sorti en 1999), je ne retiens pas grand chose mis à part BIG EYES et DARK SHADOWS.
Ce qui fait que l'on avait tendance à considérer, à tort ou à raison selon l'avis de chacun que je respecte évidemment, Tim Burton comme un réalisateur du passé. Et donc le voir revenir à l'univers de BEETLEJUICE (car un nouveau Batman ça serait trop compliqué aujourd'hui…je passe sous silence le retour de Michael Keaton dans THE FLASH qui n'est pas une si belle réussite pour être totalement objectif...), c'est en quelque sorte lui permettre de se redonner à coup-sûr une grande exposition, de susciter un fort intérêt et de la curiosité car il se sait attendu au tournant (le film sera forcément vu par beaucoup de monde, pour de bonnes ou de mauvaises raisons). D'ailleurs Burton se serait battu pour qu'il sorte sur grand écran et non pas sur une plate-forme (à la différence de la série MERCREDI, même si cette dernière lui a redonné de la visibilité et un nouveau souffle). En voulant ainsi prouver qu'il est toujours dans le coup, il joue donc un peu son joker (finalement Batman n'est pas si loin ^^) pour (nous) montrer qu'il en a encore dans le ventre.
Celles et ceux qui me connaissent et/ou qui me suivent sur les réseaux savent que j'ai qualifié ce BEETLEJUICE BEETLEJUICE, à chaud en sortant de la salle après l'avant-première, comme étant une catastrophe. Après une semaine de digestion en raison de ma déception (mais ce n'était pas tellement surprenant quand j'y pense), force est de reconnaitre que ce n'est pas une telle catastrophe. Cette suite est tout simplement très moyenne et c'est surement ça mon problème avec cette madeleine de Proust qu'est Beetlejuice.
Et pourquoi ai-je trouvé cela moyen ? Car comme dit plus haut, Burton veut nous montrer qu'il a encore des choses à (nous) dire. Et cette suite est finalement devenue une sorte de catharsis pour lui : elle existe plus pour lui que pour le public en fin de compte. En effet, ce long métrage est marqué par cette approche méta : le personnage de Lydia Deetz (Winona Ryder) c'est lui. Depuis le premier film, tout comme son héroïne, il a grandi et évolué (en tant que réalisateur et personne), il s'est un peu perdu en chemin (à cause de ses producteurs/studios, de l'attente des fans qui veulent toujours plus grand, d'un entourage toxique...) et a besoin de se retrouver lui-même dans un endroit où il se sent bien (même si c'est pour un événement tragique dans le film). Et face à ce contexte difficile il/elle va devoir lutter contre ses vieux démons.
Attention je ne juge pas de l'aspect un peu “autobiographique” du film, je dis juste que cela explique beaucoup de choses au niveau du scénario, et donc cela peut décevoir des fans car ce n'est pas la suite qu'elles/qu'ils imaginaient/espéraient. Ce vécu du cinéaste reste pesant, consciemment ou inconsciemment, et nous donne malheureusement un personnage de Beetlejuice plus lisse, plus soft, moins cabotin, moins irrévérencieux (Keaton est sur la réserve et n'en fait pas des caisses, ce qui est un comble pour ce personnage…). Il me paraît même un peu trop conciliant avec les autres protagonistes (pas vraiment de coups fourrés), en annonçant clairement ses intentions (il désire toujours épouser Lydia). Alors qu'il est censé être une sacrée crapule égoïste et solitaire.
Un autre personnage m'a laissé complétement de marbre : Astrid Deetz, la fille de Lydia, jouée par Jenna Ortega. Clichesque à souhait (trop naïve, en conflit avec sa mère…), elle vit des twists tellement prévisibles (encore ce côté paresseux…) et, de mon point de vue, ne dégage aucune empathie (ce qui est malheureusement souvent le cas avec cette actrice en ce qui me concerne). Enfin, pour terminer sur ces aspects plutôt négatifs, la manière dont nos héros se débarrassent de la menace du film est vraiment un copier-coller du premier (paresseux je vous disais ^^).
Mais heureusement tout n'est pas à jeter, il y a de bonnes idées : le côté carton-pâte des décors et maquillages fait mouche côté nostalgie (tout comme la B.O) ; le personnage de Willem Dafoe (Wolf Jackson, officier de police) fonctionne à merveille (excellente transition entre sa vie et son après-vie) ; Catherine O'Hara est toujours bien perchée, la gestion maline de la "non-présence" de l'acteur Jeffrey Jones (totalement logique et compréhensible au regard de sa condamnation par les tribunaux américains) ou encore la scène avec Danny DeVito (acteur totalement sous-estimé) et celle de la "recomposition" de Monica Bellucci sont totalement dans l'esprit que l'on attend d'un Beetlejuice. Enfin le final me laisse espérer qu'il n'y aura pas de 3ème épisode...même si cela n'est pas vraiment très clair vis-à-vis de notre anti-héros (est-il vraiment mort de mort et parti dans l'au-delà-delà à bord du Soul Train?).
En conclusion, et pour comparer cette suite à une autre saga des 80's ressuscitée, BEETLEJUICE BEETLEJUICE n'a pas la magie de SOS FANTOMES L'HERITAGE (que je trouve meilleur que SOS FANTOMES 2), mais propose quand même quelques idées sympathiques comme SOS FANTOMES LA MENACE DE GLACE. Tout cela m'a finalement donné envie de regarder les épisodes de l'animé Beetlejuice qui étaient bien funs...comme pour nos chers Ghostbusters...
Bonne séance.
(Dessin par Evil Ted)