" Présentation du space opera BLOOD MACHINES, moyen métrage de Seth Ickerman avec une B.O composée par Carpenter Brut. "
Dire que BLOOD MACHINES était attendu est un doux euphémisme. Le clip de « TUBO KILLER » des frenchies de Carpenter Brut était une sorte de mise en bouche de ce moyen métrage d'environ 50 minutes, sorti entre les 2 confinements, qui fait notamment référence à Metal Hurlant, à Ghost In The Shell, à Blade Runner, à Tetsuo, à Métropolis, aux Gardiens de la Galaxie, à Lifeforce de Tobe Hooper ... les cinéphiles apprécieront cette filiation avec ces oeuvres majeures du 7ème art.
Derrière le pseudo Seth Ickerman se cache un tamdem (Raphaà«l Hernandez et Savitri Joly-Gonfard - cocorico une nouvelle fois) qui nous accouche d'un ovni dans le paysage cinématographique hexagonal. Et rien que pour cela on peut déjà saluer la prise de risque.
Le synopsis : deux chasseurs de prime traquent dans l'espace une jeune femme qui s'était matérialisée de l'épave d'un astronef rebelle sous leurs yeux après avoir assisté à une étrange cérémonie. On retrouve les grands thèmes de la SF/cyberpunk avec une transposition dans le contexte actuel : la frontière entre l'humanité et la technologie ; la religion et la question d'un(e) messie (la croix inversée de la jeune femme n'est pas qu'un simple gimmick à destination de la communauté metal qui généralement apprécie Carpenter Brut) ; la place de la femme dans la société (ici se sont les femmes qui mènent la danse et ce sont donc les hommes, violents et belliqueux, qui suivent) ; la féminité à travers l'usage, la maitrise, le pouvoir et les droits/la jouissance que les femmes ont/doivent avoir sur leur propre corps (il n'appartient qu'à elles). Un film féministe qu'il ne faut surtout pas limiter à son esthétique sensuelle (terme bien plus adapté que dénudée car il est question de « sens » dans tous les sens du terme si je peux dire).
Visuellement c'est un feu d'artifice avec une photographie flashy qui colle parfaitement à l'ambiance cosmique, trip et sexy. Décomposé en 3 chapitres, le second chapitre manque certes un peu de rythme (mais cela est totalement logique dans la construction de l'intrigue et l'évolution des personnages), tandis que le premier et le troisième sont menés tambour-battant. L'aspect kitsch, un peu cosplay doit être pris comme une déclaration d'amour à la pop-culture (et en particulière à Metal Hurlant) plutôt que comme un manque de moyens financiers. La musique de Carpenter Brut est fondamentale dans l'atmosphère et le déroulé de l'histoire : comme dans 2001 L'Odyssée De L'Espace ou encore Star Wars, elle est indissociable des scènes qu'elle vient transcender/magnifier voire même spiritualiser (elle donne une âme au film et au(x) personnage(s) en quelque sorte).
Je n'en dirai pas plus pour ne rien vous spoiler et surtout pour vous laisser découvrir les twists et ce choc visuel. Ce n'est pas tous les jours que les studios français nous sortent de telles dingueries.