Adapté d'un magazine français qui mêlait SF, fantastique, érotisme, enjeux sociétaux (le tout avec pas mal d'humour), la première adaptation de METAL HURLANT, sortie en 1981, est généralement très appréciée et saluée tant par le public et que la critique. Une Å“uvre culte (et pas seulement pour sa B.O savoureuse) qui a inspiré de nombreux cinéastes (Ridley Scott, Luc Besson…), de dessinateurs (mangas, comics). On retrouve même l'univers de MH dans un épisode de South Park ( https://www.youtube.com/watch?v=Pma_mr1Uh_A ). Ce qui, vous en conviendrez, n'est pas tellement courant pour une oeuvre française.
Avec Verveneyel nous avons décidé de nous partager les chroniques de ces 2 animés. Dans cet article il est question de la suite, « Heavy Metal - F.A.K.K. 2 », scénarisée par Kevin « Teenage Mutant Ninja Turtles » EASTMAN. L'homme est connu pour adorer le matériel originel, ce qui laisse espérer une bonne surprise. Malheureusement, sans être un gros raté, le contrat ne sera pas totalement rempli ; surtout pour les fans de la première heure j'ai envie de rajouter.
En effet, sorti 19 ans plus tard (année 2000), ce second opus divise et suscite beaucoup de controverses parmi les fans originels. Pourtant celle-ci ne mérite pas la mauvaise réputation qui lui colle à la peau. A défaut d'égaler l'épisode 1, cette suite n'en demeure pas moins (très) divertissante (l'entertainment à l'américaine : longer, bigger, harder … non je ne parle pas de boobs…quoique comme nous le verrons plus loin lol). De peau il va en être question dans cette suite bien plus « trash» que l'original (plus de sang, plus de nudité, plus de violence…la sortie aux USA avait même fait l'objet d'une interdiction à un public âgé de moins de 16 ans). Et puis, tant qu'à taper sur la franchise METAL HURLANT, autant taper sur la série, qui a connu 2 saisons et qui est bien moins réussie (pour ne pas dire ratée). Je ne me suis toujours pas remis de la présence au casting de Greg Le Millionnaire ^^.
Le « casting vocal » de ce Heavy Metal 2.0 est plutôt sympa, avec Michael Ironside, Julie Strain (Mme EASTMAN à la ville) ou encore Billy Idol (que l'on voit peu mais à des moments clefs…non je n'ai pas spoilé ^^). La présence de Michael Ironside est une étrange coïncidence car je vais pouvoir rapprocher Heavy Metal 2000 d'un autre film de sa filmographie qui lui aussi avait refroidi, et refroidi encore, les fans d'un premier opus d'une autre saga également culte. Je veux évidemment parler d'HIGHLANDER 2 (ou Highlander le retour).
Je trouve que les évolutions entre les longs métrages Highlander/METAL HURLANT et Highlander 2/Heavy Metal 2000 sont assez similaires car ils cristallisent les mêmes frustations/déceptions auprès des fans : la suite s'apparente à un reboot du premier (FAKK 2 reprend le Loc-Nar et les codes de Taarna, dernier segment du premier film et les 2 héroïnes se ressemblent ; Highlander 2 revisite les origines des immortels avec une Directors' Cut de Russell Mulcahy qui ne sauve pas ce second volet). Les premiers opus sont plus européens dans l'esprit (tant dans le dessin, les intrigues et dans la B.O - Trust, Cheap Trick, Blue à–yster Cult, Nazareth, Black Sabbath pour METAL HURLANT et Queen pour Higlander) ; tandis que les 2 suites sont clairement plus destinées au marché US et à la génération MTV (Machine Head, Pantera, Coal Chamber, System Of A Down, Queens Of The Stone Age, Monster Magnet… pour HM 2000 / à la différence du premier Highlander, on entend très très peu Queen dans la suite des aventures de McLeod).
L'esthétique plus comics que B.D renforce également cette impression d'américaniser et de rajeunir/ « pimper » le concept original (normal me diriez-vous, le magazine METAL HURLANT a été exporté aux States sous le nom d'HEAVY METAL). Quant à Highlander 2, la scène WTF dans laquelle C.Lambert et S.Connery se font mitraillés (lambeaux de peau qui voltigent, giclées de sang…) est typiquement américaine dans l'esprit (difficile de faire plus démesuré).
Il est aussi question d'immortalité dans Highlander 2 et Heavy Metal 2000 (les flacons qui soignent les blessures, la clé pour l'animé, les immortels pour les films de C.Lambert) dans lesquels Michael Ironside joue un méchant sanguinaire, despote, violent.
L'héroïne de ce second opus est une playmate connue pour avoir notamment tourné dans des séries B à tendances coquines ^^ (le syndrome Alerte à Malibu frappe METAL HURLANT en cette année 2000). Et finalement seul Billy Idol apparait comme garant de cette identité européenne dans cette suite.
En résumé, sans spoiler l'intrigue et le déroulé du film, le nouvel animé gagne en « punch » ce qu'il perd en « subtilité » : une suite too much, survitaminée, badass, un peu plus grossière et (très) crue. Ce qui, je trouve, fait perdre le charme naturel et fantasy du premier film, sans pour autant dénaturer totalement l'esprit METAL HURLANT. EASTMAN a rendu une copié plus « bourrin », plus « racoleur » en grossissant tous les traits et en allant dans la facilité (le scénario tient sur un ticket de métro : une vengeance sanglante). Ce qui n'est finalement pas tellement surprenant : 2 époques différentes, 2 animés différents. Par contre je considère que si METAL HURLANT pouvait parler aux jeunes et aux moins jeunes, HEAVY METAL FAKK 2 semble s'adresser en priorité aux ados. Est-ce bien ou mal c'est à vous de voir ; en ce qui me concerne les 2 films sont complémentaires car on ne les regarde pas pour les mêmes raisons (le second est en quelque sorte un petit plaisir coupable un peu graveleux lol)
Le vrai point noir de ce FAKK 2 réside dans son animation et notamment les effets 3D qui font que, visuellement, cette suite a bien moins vieilli que l'original. Le kitsch de l'animation du 1er fait partie intégrante de l'univers METAL HURLANT que l'on peut se représenter dans son propre imaginaire (South Park l'a très bien montré dans son clin d'oeil) ; tandis que les effets FX du 2nd semblent avoir été faits au rabais (pour comparaison ils sont bien moins réussis que ceux de Titan AE, animé que j'apprécie beaucoup). Un Titan A.E qui, de par son histoire et sa musique, pourrait se dérouler dans l'univers de Metal Hurlant (pour enfants évidemment).
Heavy Metal FAKK 2 est donc un animé très sympathique, honnête (Eastman est fan et ça se sent), calibré pop-culture MTV, qui nous propose une version dopée à la testostérone et à la silicone de l'univers METAL HURLANT. Sans toutefois conserver le côté kitsch et fantasy qui faisait le charme et l'aura du premier. Heavy Metal 2000 ne détrônera pas METAL HURLANT, mais ce n'est pas ce qu'Eastman cherchait à faire. Je pense qu'il cherchait surtout à rendre hommage à ce magazine qu'il affectionne tant, en tentant simplement de prolonger le plaisir du téléspectateur dans cet univers unique, tout en le modernisant à la sauce 2000's. Robert Rodriguez et Quentin Tarantino ont également fait cela avec les films Grindhouse où ils ont modernisé le concept des vieux films d'exploitation avec plus ou moins de réussite, mais en restant tout de même assez divertissants (moins kitsch plus d'actions).
Je vous rappelle également qu'on annonce le retour en kiosque du magazine METAL HURLANT en 2021.
Stay tuned and « Takin' A Ride » ^^.