HOWARD LE CANARD (Willard Huyck)

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Evil Ted

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1 août 2023

" Review d'un film que Georges Lucas lui-même regrette d'avoir produit. "
Quand on y pense, les enfants des 80's pouvaient regarder pas mal de choses estampillées « tout public » alors que le contenu n'était parfois pas si innocent que cela. Je pense notamment aux animés « Les Chevaliers Du Zodiaque », « Ken Le Survivant », « Cobra » et aux nombreux films action-héros qui contenaient pas mal de violence, de nudité (suggérée ou pas) et de langage fleuri…Tout ce que l'on aime quand on est enfant car on a l'impression de braver des interdits (et par conséquent par forcément au goût des parents).
« HOWARD LE CANARD » rentre dans cette catégorie car s'il a été vendu comme une comédie d'aventure jeunesse, il contient pas mal de situations, répliques et sous-entendus pas forcément appropriés pour un public enfantin. En effet, notre extraterrestre à  plumes est une sacrée canaille : il joue du rock, il picole, il est assez porté sur la chose...Le film nous met directement dans le bain : alors que notre canard rentre du boulot (il est publicitaire), il est aspiré vers un autre monde par un faisceau laser (alors qu'il feuillette tranquillement le Playduck du mois et sa page centrale). Son appartement est rempli de clins d'oeil à  la pop-culture (un petit jeu pour retrouver les références). Il atterrit alors sur notre Terre, à  Cleveland, dans une rue malfamée, ce qui marque le début de son aventure et de ses galères.
Comme vous le voyez c'est totalement WTF, mais je ne le qualifierai pas pour autant de nanar. Dans l'esprit, je rapproche ce long-métrage d'un épisode de SUPERMINDS, de DOCTOR WHO/ TORCHWOOD (le côté plus adulte, je pense notamment au tentacule gluant qui sort de la bouche de Jenning et qui effraie une Beverly retenue prisonnière dans un camion…). De la SF parfois cheap (le rendu du monstre final n'est vraiment pas terrible, pire que l'Hydre dans Willow) avec des personnages qui acceptent (très/trop) rapidement un événement surréaliste. Il faut dire que c'est « normal » de tomber nez à  bec avec un canard de 82 cm qui parle, qui porte un costume…le charme des 80's et de ses intrigues/raccourcis aussi longues qu'un ticket de métro (sans connotation…quoi qu'avec Howard on ne sait jamais ^^).
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D'ailleurs en ce qui concerne les personnages, outre le canard joué par Ed Gale, on retrouve notamment Lea « Lorraine Mcfly » Thompson (trilogie Retour Vers Le Futur), Jeffrey Jones (le père de Winona Ryder dans Beetlejuice) et Tim Robbins (l'Echelle de Jacob, Les Evadés…).
Lea Thompson incarne Beverly, une rockeuse solitaire, arnaquée par son manager (le groupe de rock féminin s'appelle « Cherry Bomb », hommage aux Runaways…pop-culture je vous ai dit) ; Tim Robbins est Phil un assistant de laboratoire qui se fait passer pour un scientifique reconnu pour draguer, et Jeffrey Jones qui interprète le Dr Jenning créateur du Spectroscope responsable de la venue d'Howard
Il est intéressant de noter que ce long-métrage est considéré comme la toute première adaptation d'un personnage Marvel « direct to cinema » (avant les adaptations prenaient la forme de séries ou téléfilms qui pouvaient ensuite être rediffusés dans les salles obscures).
Notre canard lubrique va principalement se lier d'amitié avec Beverly (et même se rapprocher un peu plus) : la scène dans le lit où elle est en petite tenue et allume/caresse notre volatile dans le sens des plumes est totalement délirante, tout comme celle où elle trouve un préservatif dans le portefeuille de notre héros à  pattes palmées (je ne sais même pas si aujourd'hui on pourrait filmer ça).
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Phil ne le prendra jamais vraiment au sérieux : il imitera même Donald pour essayer de communiquer avec Howard lors de leur première rencontre. Quant au Dr Jenning, s'il se montre tout d'abord bienveillant envers lui, cela va vite changer car dans une tentative de préparer le spectroscope pour le renvoyer chez lui, le savant fera venir un grand souverain noir de l'univers qui prendra possession de son corps (avec des pouvoirs électriques, télékynésiques à  la clé et un rendu visuel assez cartoonesque). Oui, ils osent tout, pourquoi s'en priver ^^ !
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Evidemment vous devinez déjà  quelques incohérences : le Dr Jenning souhaite le renvoyer directement chez lui sans avoir fait des expériences, des recherches, des études et autres tests sur notre Alien. Bizarre, non ? Les personnages ne sont pas plus étonnés que cela de voir un canard qui parle (les scénaristes contournent le problème en disant que c'est un costume). Il faut dire que voir Beverly cacher et déplacer Howard dans un sac poubelle géant n'est pas pratique et réduit le potentiel de comique de situation. Le Dr Jenning, possédé par une entité monstrueuse, rentre dans une centrale nucléaire, comme dans un moulin, pour refaire le plein d'énergie…J'en passe et des meilleures, mais c'est aussi le charme des 80's : on filmait même si c'était bancal.
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Les amateurs de jeux de mots seront servis : les expressions/maximes que l'on connait sur notre planète bleue sont revues à  la sauce canard (quack fu, mare, plumes, fientes…je vous laisse les découvrir au fil des minutes).
HOWARD LE CANARD n'est pas le chef d'oeuvre du siècle, mais ce n'est pas non plus la fiente immonde que Georges Lucas voulait enterrer à  tout prix. C'est une petite perle des années 80's qui ne se prenait pas au sérieux et qui n'hésitait pas à  bouger les codes (cela me rappelle le film THE GATE, LA FISSURE vendu comme un film pour enfants alors qu'il s'agissait d'un film d'épouvante...impensable aujourd'hui) : les enfants ne comprenaient pas tout, les adolescents se marraient car ils pigeaient tous les sous-entendus, et les parents regrettaient parfois d'avoir laissé leurs gosses regarder cette dinguerie. Une sorte de Ted avant l'heure.
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En espérant vous avoir donné envie de (re)voir cet ovni.
Bonne séance.
Trailer :
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