Chers amis, laissez-moi vous raconter une histoire. En 1788, onze navires Britanniques prennent le large pour le sud du Pacifique, afin de fonder les première colonies en Nouvelle-Galles du Sud (l'Australie). Dans les cales de ces navires, il y avait des lapins, élevés probablement pour leur consommation alimentaire. Et arrivés sur le sol Austral, devinez ce qu'ils ont fait, ces joyeux grignoteurs de carotte ! Une idée ?... Non ?! Hé bien comme à chaque fois, ces petites boules de poil ont proliféré partout sur le continent, au point de devenir nuisible, bondissant par millier dans les vastes étendues du bush.
Figurez-vous qu'avec Bunny Kingdom, on vous propose de prendre part à un processus similaire. Vous devez proliférer sur une terre vierge, en tant que colon ET en tant que lapin, si vous suivez ; la seule différence étant que cette fois, les lapins sont équipés d'armures, d'épées, et d'un degré d'évolution civilisationnel qui ferait passer les animaux de Bellatrix Potter pour de radieux pécores. Ils ont même des chevaux à leur taille ! (Mais si, mais si ! Si vous mettez un géant des Flandres sur un Falabella, ça marche !)
Ceci dit, pas de combat à proprement parler, juste un jeu de stratégie où il faudra judicieusement placer vos lapin pour prendre le contrôle de territoires, bénéficier de leurs ressources, les améliorer, et empêcher vos adversaires d'acquérir les meilleures parts du butin. Pour ce faire, il y aura une phase de draft, c'est à dire une phase pendant laquelle vous allez sélectionner deux cartes dans une main de dix ou douze, et passer le reste à vos voisins. Sur ces cartes, tantôt des coordonnées à prendre sur le plateau du jeu, tantôt des permis de construire, tantôt des parchemins qui vont vous permettre de faire fructifier les gains de vos terres conquises.
En cette première phase, se situe déjà un petit bonheur de stratégie : si vos adversaires s'en sortent mieux que vous, c'est probablement un peu de votre faute. Il faut parfois choisir (ou renoncer à ) des cartes qui vous avantagent, ou désavantagent les autres. Vous serez obligé d'évaluer vos meilleures options.
Une fois la phase de draft dépassée, vous allez pouvoir construire des forteresse, des bâtiments utiles à vos affaires comme par exemple les relais aériens, ainsi que des lieux spéciaux produisant des ressources. Ce, encore une fois, pour maximiser les gains de vos possessions.
Et puis vient l'heure des comptes, et ils vous faudra multiplier le nombre de tours que comptent vos forteresses au nombre de ressource que vous produisez pour obtenir votre richesse en carottes d'or.
Si vous risquez peut-être de vous triturer les méninges quelques temps lors de la première partie, pour comprendre quoi faire, et comment ; le jeu sera pris en main assez vite et vous permettra au fur et à mesure des parties d'affiner votre jugement. Le livret des règles est en tout cas clair, exhaustif ; il permet une appréhension rapide du jeu.
Pour finir de rendre l'expérience agréable, le jeu est très beau. Graphiquement, les cartes sont belles, le plateau est beau, la boîte est magnifique, et les petites figurines de lapin sont adorables. L'humour qui parsème le jeu participe également à rendre la partie dynamique, attractive et excitante. On se réjouit de découvrir de nouvelles subtilités, ou d'en recroiser dans une autre partie.
Richard Garfield signe avec ce jeu une nouvelle réussite qui saura vous tenir en haleine, avec des parties qui se suivent, mais ne se ressemblent pas toujours.