C'est les vacances les enfants ! Si, si, je vous jure ! Terminé, rideau. Et chers amis, s'il est une chose que j'aime pendant les congés, c'est le fait de se poser avec un livre sur mon balcon pendant des heures !
Cette année, j'ai jeté mon dévolu sur un bouquin au titre tout à fait enjôleur : Ma Soeur Serial Killeuse.
Sorti fin 2018, il s'agit là du premier roman d'Oyinkan Braithwaite, jeune autrice anglo-nigériane ; et à ce sujet, je tiens à dire que je me réjouis particulièrement du fait que la culture africaine vive un nouvel essor littéraire sur les étalages occidentaux. On le constate notamment du côté des rayons SF des librairies les plus intéressantes : l'Afrofuturisme est en plein boum. Rien à voir avec le livre qui nous intéresse aujourd'hui, quoiqu'on y viendra peut-être plus tard, mais au même titre que je me réjouis vraiment de chroniquer des groupes Africains dans nos pages, je me délecte de plus en plus d'Afrique sur les étagères.
Ma Soeur Serial Killeuse, donc, est un roman qui vous annonce la couleur très vite : on va adopter le point de vue de Korede, infirmière à Lagos, qui ferait tout pour protéger sa petite soeur Alooya... même si ça implique de devoir cacher des corps.
Des critiques imprimées à même la couverture promettaient que le roman était drôle. Je ne suis pas tout à fait sûr d'avoir beaucoup ri, mais j'ai certainement ri jaune ! Tout au long de son récit, l'autrice va jouer avec notre frustration ; entre l'attitude des personnages vis-à -vis de la narratrice, la force presque incohérente de sa dévotion, la façon dont sa vie lui file constamment entre les doigts... C'est un roman où les choses ne se passent pas tout à fait comme on le voudrait, ou ce qui est moral ne gagne pas ; et ma foi, ça lui va très bien.
L'histoire ne manque pas de suspense non plus. Après tout, il est normal qu'avec des meurtres sur les bras, nos personnages principaux soient mis en difficulté. Et bien des fois, ça ne passe pas loin : occasions manquées, dérapages, mensonges, tous les moyens sont bons. L'autrice joue décidément avec nos nerfs.
Enfin, à travers son récit le roman nous dépeint toute la pression sociale que vit la femme nigériane, tout le rapport de domination et de possession qui se joue avec les hommes ; celles qui arrivent à le surmonter et toutes les autres qui sont forcées de jouer avec, parfois même d'y participer. On lit des portraits de soeurs, de mères, de belles-soeurs, de brus, de collègues, d'épouses, de tantes, d'amantes. Autant de portraits de femmes, d'avatars sociaux, en lutte dans un panier de crabe.
Pour finir, c'est un roman au rythme soutenu, avec des chapitres courts, très cinématographiques (il y a des flash-backs, des ellipses, beaucoup d'émotions perceptibles visuellement et auditivement), qui se lit très vite et vous tiendra en haleine.