Les fans de mangas qui ont grandi dans les années 90-2000, rassemblez-vous, et écoutez ce qui va suivre ! Aujourd'hui on s'attaque à une oeuvre manga en deux tomes fini, découverte totalement par hasard, qui devrait raviver chez vous l'âme d'enfant enfouie sous la carapace des années. Pour la peine, rien de tel qu'une petite musique de circonstance !
Comet Girl, la voilà nommée, c'est à ce jour la seule publication de la jeune mangaka Yuriko Akase, sortie en 2018 pour la première fois au Japon, et publiée en France chez Casterman. Je ne vais pas vous mentir, le principal argument qui m'a fait passer à la caisse pour ce manga, c'est son nombre de tomes : mis à part quelques excellentes séries comme Berserk, je n'ai pas souvent le courage de me lancer dans de très longues séries, d'autant qu'une gracieuse partie de mes plus gros coups de coeur en manga sont des séries courtes ou des one shots ("Kid I Luck", "Poison City", "Bye Bye My Brother", "Ghost in the Shell", "Undercurrent", "Underwater"... pour ne citer qu'eux). À la vue d'une couverture jaune pétante et du graphisme gentiment vieilli qui apparaissait en tête de gondole, je me disais aussi que l'expérience allait être rafraichissante, pas prise de tête, ce qui était bienvenu !
Akase le dit elle-même, elle a grandi comme nous avec les mangas et animés de la dernière et douce décennie du 20ème siècle, et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça suinte par tout les traits du manga. Rien qu'à travers le vaste catalogue de personnages, on oscille entre du Dragon Ball, Albator, Saint Seyia, Gunnm, Sailor Moon ; bref, de quoi bien s'amuser !
Niveau histoire, on tient quelque chose de plutôt riche et tout à fait efficace : Sazan est un ouvrier terrien dans un monde post-apocalyptique qui a accompli sa reconstruction. Il saute de planète en planète pour travailler sur des chantiers de construction, entretenir des espaces vert et procéder à des maintenances mécaniques. Alors qu'un soir il rate la dernière navette pour rentrer chez lui, une jeune fille chevauchant une moto interstellaire propose de le ramener. Les deux sympathisent, se retrouvent le lendemain au bar, et notre héro commence à s'enticher de la mystérieuse inconnue. Seulement voilà , il découvrira bien vite que cette jeune fille du nom de Mina cache un étrange secret qui fait l'objet de bien des convoitises ! N'écoutant que son courage et son optimisme inébranlable, Sazan va s'engager dans une aventure périlleuse, à la rencontre de pirates de l'espace, d'une armée de robots, des intelligences artificielles malveillantes et autres trous noirs.
"Comet Girl", c'est un vrai "feel good" manga, pas nécessairement très original sur son scénario, mais malgré tout très bien bâti : l'autrice arrive à mettre beaucoup d'éléments dans ses deux tomes, tout en ayant la sagesse de ne pas faire traîner l'action en longueur. Certaines choses sont juste assez simples pour être parfaitement calibrée pour l'expérience. Il flotte dans la caractérisation des protagonistes une innocence assez adorable qui me fait fortement penser à Dragon Ball. Cela n'empêche pas les combats d'être dantesques d'ailleurs, ni certains moments d'être plus dramatiques. Si vous vous souvenez par exemple de la "paralysie" de Sacha dans le premier film Pokémon... on n'en est pas bien loin ! Les amateurs de romance seront servis tout autant avec une histoire mignonne mais pas cucul, sobre, assez drôle parfois. On retrouve aussi des quêtes initiatiques par-ci, de l'existentialisme par là , un soupçon de combat entre l'homme et la machine, un sous-texte écologique avec une pincée de Miyazaki ; il y a de quoi largement se repaitre de l'histoire et d'en sortir comme d'un bon film ! C'est un univers qui se présente comme palpitant jusque dans sa vie quotidienne dans laquelle on a envie d'être projeté.
Pour servir la nostalgie sur un plateau d'argent, le graphisme d'Akase a un grain old school de bon aloi, qui est d'autant mieux mis en valeur QUE TOUT LE MANGA EST EN COULEUR ! Et c'est suffisamment rare pour être souligné. Si ce n'est peut-être pas un cas unique et isolé, il demeure que l'immense majorité du marché en manga est en noir et blanc. Pour ce manga en particulier, publier en couleur est une idée de génie, qui fait ressortir d'autant mieux les couleurs flashies héritées des 90's. C'est vraiment un intérêt majeur du manga, qui manque à vrai dire à pas mal d'autres séries, et qui donne une saveur toute particulière. On a l'impression de lire un animé en papier.
Belle réussite pour ce premier essai de Yuriko Akase, un vrai retour en enfance pour qui se laissera porter au gré des vents cosmique ; un petit plaisir pas cher et un rayon de soleil en ces temps pas faciles !