Voyage dans l'Unconnu : Le Livre Jaune - Michael Roch

Horreur

Roman

Verveneyel

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1 août 2023

" Encore une lecture récente qui m'aura fait du bien ! C'est la saison croirait-on, mais que voulez-vous, c'est ce qui arrive quand on a un excellent libraire. "
Encore une lecture récente qui m'aura fait du bien ! C'est la saison croirait-on, mais que voulez-vous, c'est ce qui arrive quand on a un excellent libraire.
Sans tarder commençons par poser les bases : Le Livre Jaune de Michael Roch est un roman plutôt court, qui nous fait suivre les pas d'un naufragé perdu dans une mystérieuse citée cyclopéenne, où il rencontrera un aveugle au parler étrange, un roi solitaire, des monstres abominable, des populations hostiles, mais surtout, beaucoup de douloureuses remembrances.
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Pour le connaisseurs, sachez qui Le Livre Jaune tire son inspiration de l'univers de Robert W. Chambers, égrainé dans le recueil de nouvelle Le Roi en Jaune, sorti en 1895. Dans ce livre génésique, on nous parle d'une étrange pièce de théâtre aux airs de tragédie grecque, dans l'étrange cité de Carcosa. Dans l'oeuvre de Chambers toujours, les lecteurs de cette pièce se retrouvent d'une certaine manière maudits, embarqués dans une déchéance ou une autre.
Si bien-sûr je vous recommande très fortement de lire Le Roi en Jaune, notamment parce que c'est l'une des inspirations notables d'H.P. Lovecraft (en mentionnant ce nom, je sais que j'ai maintenant toute votre attention), mais sachez que Le Livre Jaune s'apprécie même sans connaître, et vous propose une expérience assez différente de Chambers. On n'en attendait pas moins d'un livre sorti plus d'un siècle plus tard, et en plus, cette fois-ci, c'est un français qui écrit.
Pour ne rien vous cacher, j'ai vécu une bonne partie du livre jaune un peu comme un film de David Lynch : c'est un roman qui nous perd, à  l'instar de notre protagoniste. On ne sait pas tellement où on est, ni ce qu'on est venu y faire. Le monde nous apparaît comme si on le regardait à  travers une lentille "fish eye" Et puis à  mesure que notre personnage chemine, on nous envoie des bribes d'indices, des soupçons d'éclaircissement, sans pour autant retirer le malaise, l'étrangeté. Pour couronner le tout, l'atmosphère est sordide, avec un décor fait de marécage et de grisaille, peuplé de créatures immondes, tentaculaires et visqueuses.
Les personnages ne feront pas grand chose pour effacer ce malaise, tant les conversations avec l'aveugle ressemblent à  des dialogues de sourd (sans mauvais jeu de mot), et l'étrange Roi en Jaune, grimé par un masque et ficelé à  des attaches comme un pantin humain. Tous deux nous enjoignent de comprendre, de nous souvenir ; et petit à  petit, il se pourrait bien qu'on y parvienne.
Je dois redoubler d'effort pour ne pas vous spoiler le final de ce roman, qui m'aura agréablement secoué. Je me suis beaucoup identifié à  l'égarement du protagoniste, à  sa quête de lui-même. Même si, comme je vous le disais, j'ai passé une partie de la lecture dans le brouillard, j'ai aussi beaucoup apprécié cet aspect. Le Livre Jaune n'est pas abstrait, il est simplement brumeux et opaque, mais surtout fortement conceptuel, métaphorique. C'est une expérience de lecture, horrifique, touchante, inquiétante ; excellente !
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