65 millions d'année avant le premier Donjon : Diplodocus - Slow & Heavy

Dungeonsynth

Historique

Musique

Verveneyel

-

1 août 2023

" Parmi les nombreuses mouvances musicales qui gravitent si près du Metal qu'on pourrait presque parler de satellite indissociable, tel la lune à  la terre, il en est un qui a toujours su trouver grâce en mon coeur, et c'est le Dungeon Synth. Et j'affirme qu'appréhender ce style est tout à  fait inséparable d'une réflexion sur la scène Metal puisque les deux ont une histoire commune, et entrelacée... "
Parmi les nombreuses mouvances musicales qui gravitent si près du Metal qu'on pourrait presque parler de satellite indissociable, tel la lune à  la terre, il en est un qui a toujours su trouver grâce en mon coeur, et c'est le Dungeon Synth. Et j'affirme qu'appréhender ce style est tout à  fait inséparable d'une réflexion sur la scène Metal puisque les deux ont une histoire commune, et entrelacée. Allez, je vous fais le topo une fois, et puis plus jamais, notez bien !
Dans les années 90, alors que naissait en Norvège la seconde vague Black Metal (pour en devenir la définition actuelle), naissait également le Dungeon Synth grâce aux projets annexes de membres de formations Black Metal. Citons Burzum et son charismatique cerveau, Varg Vikernes, qui en parallèle de Burzum avait sorti du contenu étiqueté Dark Ambient, qui a fini par intégrer ses albums de Burzum, l'exemple le plus célèbre étant "Rundtgà¥ing Av Den Transcendentale Egenbetens Stà¸tte", sur l'album Filosofem. Varg aura d'ailleurs réalisé deux albums dans cette même veine en prison, Dauà°i Baldrs et Hlià°skjà¡lf (ce dernier étant mon préféré des deux, et un de mes albums préférés de Burzum, si cela vous intéresse). Si Burzum reste majoritairement une référence du Black Metal, sa discographie y résidant principalement, reste que sur la scène Norvégienne certains artistes sont devenus des pionniers phares du Dungeon Synth au même titre, et y sont restés. Le plus connu d'entre eux, c'est Mortiis, bassiste d'Emperor sur les premiers albums, qui depuis nourrit une carrière faite de claviers. On citera également Wongraven du groupe Satyricon, et pour finir Fenriz de Darkthrone et son projet annexe, Neptune Towers. Ne soyez donc pas surpris, même si aujourd'hui le Dungeon Synth a pris son envol comme style à  part entière, son évocation ne sera jamais très éloigné de l'esprit du Black Metal atmosphérique.
Ce qui faisait la caractéristique stylistique de la musique Dungeon Synth, c'est qu'il s'agissait d'une musique plutôt orientée Dark Ambient, où le clavier est l'instrument soliste, et où le chant est majoritairement absent. Ce qui suscite le terme de "Dungeon", c'est que la composition est principalement inspiré par l'univers de la fantaisie médiévale, d'où l'idée de clavier émanant d'un donjon.
Je le répète donc, c'est la fantaisie qui prime dans le style, et à  ce titre, s'éloigner de cet univers narratif constitue une démarche marginale, et c'est de cela qu'on parle aujourd'hui, parce que selon toute vraisemblance, ce qui a inspiré Diplodocus pour se lancer dans la musique, ça n'est pas tant Le Seigneur des Anneaux que Jurassic Park.
Description de l'image
Dans leur premier album, Slow and Heavy, sorti en août 2019, composé d'une face A et d'une face B; cette divergence, ils la font comprendre d'entrée de jeu, avec des cris de bêtes lourdes, dont la démarche pesante se ressent dans la lenteur générale de la composition, des percussions graves et métronomiques, ainsi qu'une certaine majesté. Certaines notes glissées imitent presque le cri des bêtes, avec un peu d'imagination.
En poussant l'interprétation musicale plus loin encore, on se demande presque si au delà  John Williams et sa bande originale de Jurassic Park, le groupe n'aurait pas été influencé également par l'illustration faite du "Sacre du Printemps" de Stravinski par les studio Disney dans le film de 1940 Fantasia, où l'on voit l'apparition de la vie sur Terre, jusqu'à  l'arrivée des dinosaures. C'est probablement tiré par les cheveux, mais l'ambiance en est, me semble-t-il, suffisamment proche. Non pas que Diplodocus propose de folles symphonies changeantes, mais leur musique est hantée par des mélodies dérangeantes, dissonantes parfois, menaçantes toujours; et on s'y retrouve donc.
Bien-sûr, il ne faut pas attendre de leur musique quelque chose de très violent et énergique, ça n'est ni le propos du groupe, ni celui du style, mais l'écoute est vraiment envoutante, hypnotique, et nous transporte véritablement dans son univers. Les amateurs de Black Atmos s'y retrouveront donc, je pense, mais aussi les amateurs de Doom et de Drone les plus ouverts. Mention spéciale au titre "Grazing Antarctopelta" que j'ai trouvé particulièrement puissant, ainsi que "Return of the Thunder Lizard" sur la face B, qui m'a rappelée cette scène géniale entre joie et confusion où l'on découvre un brachiosaure pour la première fois dans le Jurassic Park premier du nom.
Description de l'image
J'ajouterai pour finir, car je ne peux pas m'empêcher de mentionner les visuels, que le groupe semple faire de délicieuses références à  un cinéma d'un autre âge, dans l'esthétique très carton-pâte de ses dinosaures: je pense à  La Vallée de Gwangi (western avec des dinosaures que vous DEVEZ voir!), Planet of Dinosaurs (1977), ou Le Monde Perdu (1925). C'est nostalgique, un peu kitsch, mais très attachant!
Si vous souhaitez soutenir le groupe dans leur démarche en achetant une de leurs productions, cela ne vous coûtera que la modique somme de trois dollars pour obtenir l'album au format numérique, ce qui, vu la qualité de la création, relève presque de l'insulte. Laissez-vous tenter, peut-être qu'avec votre aide on finira par avoir droit à  une version en format physique produite à  grande échelle.