Sortant son premier album en 2022, accouché par le cerveau fécond de son unique leader, Bekor Qilish est un Black Metal tel qu'on l'imagine sorti de la tête de Roland Topor.
Au-delà du style graphique de l'album qui m'y fait un peu penser, c'est surtout que musicalement, on s'y retrouve un peu, mais pas totalement. On reconnait ce qu'on entend, mais de manière très déformée.
La musique du projet est assez chaotique, partagée entre sa violence presque compulsive et ses rêves d'infini, de majesté. On passe sans préavis du nébuleux au frénétique. Le rendu en est étrangement saisissant.
C'est une perdition dans laquelle on se plait à nager. Il ne faut d'ailleurs pas négliger que l'intelligence musicale est indéniable. Certains passages avant-gardistes sont inattendus et parfaits pourtant. Les aplats de rythme sont bien pensés, sont habillés d'harmonies tout à fait bonnes ; si bien que l'album séduira quand même les plus ouverts des profanes.
Pour ceux qui aiment le côté « dream team » des albums, je vous disais que Bekor Qilish était un one man band, mais on retrouve pas mal de beau monde en guest, avec notamment Colin Marston de Krallice, Gabriele Gramaglia de Cosmic Putrefaction, Samuele Boni de Landscape of Zeroes, l'actuel batteur de Fleshgod Apocalypse Eugene Ryabchenko, mais aussi notre Romain Goulon national.
A travers cette équipée, on peut saisir que l'album unira les fans de Black Metal, de Tech Death, de Prog, de polyrythmie, avec sa bizarrerie extraterrestre bien menée. L'écoute passe en réalité très vite, sans temps mort.
C'est tout frais du mois de juillet, sorti chez I, Voidhanger Records, et c'est à tenter.