On connait tous ces artistes totalement hyperactifs qui ont une sortie tous les ans, voire plusieurs fois par ans. On s'émerveille parfois devant des exemples impressionnant de furieuse productivité, comme avec Batyushka (et non pas Batushka). Et parfois on constate aussi que la productivité n'est pas synonyme de qualité, comme le prouve l'astronomique discographie de Buckethead, avec des nombreux opus poussifs.
À contrepied de ça, il est des projet où chaque album se savoure jusqu'au bout car la succession est toujours lente. On en a beaucoup parlé notamment avec Rammstein, Tool, et Metallica, dont on a mis beaucoup de temps à voir naître les successeurs respectifs de Liebe Ist Fà¼r Alle Da, 10000 Days et Death Magnetic, mais on peut s'estimer heureux tout de même, car la discographie de ces groupe reste bien fournie. Le groupe du jour, lui, existe depuis presque vingt ans, et n'a que deux albums entiers à son catalogue.
Il faut dire que le véritable fer de lance d'Expurgo, groupe brésilien de Grindcore originaire de Belo Horizonte, ce sont les split, au nombre de dix à l'heure actuelle. C'est un format que j'aime, malgré tout, même si ceux-ci sont bien fournis en général, on à quand même moins à goûter que sur un album entier, c'est pour cela qu'en 2018, on pouvait se réjouir de voir leur deuxième album arriver, huit ans après le premier, pour vingt-sept titres, soit trente-sept minutes de Grindcore de grande qualité.
Quand on vous dit Grindcore, ici il faut voir quelque chose de vraiment Punk, rageur, et incisif, plutôt à la manière de Wormrot. Comprenez donc que si vous êtes surtout fans de groupes lourds et sals comme Mortician, on est un peu moins dans cet esprit.
Reste cependant que l'album ne manque pas de lourdeur et d'atmosphère, on sent une véritable oppression dans les mélodies de guitares. Riche en composition, l'album expose différents travers du Grindcore, entre les morceaux expéditifs de quelques secondes, les morceaux épileptiques à base de blast quasi constants, les morceaux presque Doom dans leur riffing lent, pesant, et pour finir certains morceaux dont les mélodies rappellent les penchants horrifiques du vieux Death Metal, on a affaire à un album qui respire et qui ne stagne pas. Bien-sûr la dominante des guitares est grave, le sel de la majorité des morceaux étant basé sur l'impact et la puissance, mais quand il faut, le groupe sait faire appel à des aigus malsains qui n'auraient pas déplu à Sepultura.
Autre gros point fort du groupe, la doublette au chant entre le chanteur soliste et le guitariste, qui ont tous les deux des tessitures de hurlement différentes et complémentaires, et leur question/réponse bien dosé rend l'album globalement dynamique. Les voix renforcent vraiment les grooves et attaques des parties instrumentales.
À noter en plus que la production, sans être totalement brouillon, n'est pas non plus tout à fait propre, ce qui donne notamment à la batterie un son brut très agréable, la grosse caisse bien ronde notamment est un vrai point fort de l'ensemble.
On a donc tout intérêt à bien profiter de cet album, parce non seulement il est fameux, mais en plus on risque bien de ne pas lui voir de successeur avant un moment!