DELTA TEA - The Chessboard

France

Jazz

Metal

Musique

Progmetal

Rock

Evil Ted

-

1 août 2023

" Chronique du premier EP du groupe DELTA TEA sorti le 29 février 2020. "
Delta Tea ? Delta Tea ? Ce nom me dit quelque chose. Mais oui, mais c'est bien sûr : ils devaient faire la première partie de WISHBONE ASH en mai 2020 au Forum de Vauréal ! Si la date avait été annulée (j'avais acheté ma place), les aficionados du groupe de Cergy-Pontoise avaient pu se rattraper en assistant à  la date de rattrapage, en tête d'affiche cette fois, à  ce même Forum de Vauréal, le 08 octobre 2020 (malheureusement je n'avais pas pu m'y rendre et je m'en mords encore les doigts car les retours que j'ai eu ont été plutôt élogieux).
Le 29 février 2020, le groupe a sorti son premier EP, « THE CHESSBOARD », qui se compose de 5 titres pour une durée avoisinante les 35 minutes. Si le dernier titre ne dure que 2 minutes, les 2 premiers tournent autour de 7 minutes, et les 2 autres frôlent les 10 minutes au compteur. Après avoir remarqué que le nom du groupe faisait référence au « Delta T », une notion en physique qui représente un différentiel de temps, je comprends un peu mieux pourquoi le groupe propose des morceaux d'une durée relativement longue. Le groupe joue un jazz-rock totalement instrumental, qui puisse sa source autant dans le hard-metal (Deep Purple, Dream Theater), que dans le rock progressif (Pink Floyd), voire même les bandes-son cinématographiques (pour le côté épique à  tiroirs). D'ailleurs fans du rock des 70's seront emballés par les claviers.
L'EP est conceptuel : l'humanité a été dédoublée par une force mystique. L'autre Terre a été ravagée mais quelques humains ont survécu et sont parvenus à  s'installer sur une autre planète. Cependant tout ne se passe pas comme prévu et ils décident de partir à  la recherche de la Terre originelle. L'entité mystique précédemment citée fusionne alors les 2 réalités parallèles, mais il y a un problème, le fameux « DELTA T » : si il s'est écoulé seulement quelques mois pour la Terre d'origine, il s'est écoulé plus de 300 ans pour la Terre dédoublée. On s'attend donc à  des compositions complexes, épiques, avec des changements de structures et d'atmosphères pour différencier ces 2 réalités. Ainsi que des moments plus soutenus pour illustrer les chocs entre ces 2 mondes qui sont amenés à  n'en faire plus qu'un. Tout cela ressemble pas mal à  un « space opera rock » ^^.
Il ne nous reste plus qu'à  aller voir si Delta Tea fait « échec et mat » avec son « chessboard » ^^.
Le premier mot qui me vient à  l'esprit est classieux. Technique assurément, mais ils évitent le piège de la démonstration en privilégiant souvent la mélodie et des thèmes identifiables. C'est notamment l'une des raisons pour laquelle la musique se suffit en elle-même et que l'absence de parole ne fait pas ressentir. On peut même considérer que certains plans de guitare et de claviers récurrents, au sein d'un même morceau, peuvent faire office de lyrics. « Delocalized » en est le parfait exemple. Les riffs guitares me font penser à  ce que pourrait proposer John Petrucci sur un album de DT ; sans la moindre surprise mon titre préféré de l'EP (le plus metal).
Il y a tout de même quelques choeurs sur « Chessboard », ou encore sur « Until Dust ». Si sur le premier ils apportent un côté épique à  cette pièce rock-progressive, sur le second ils viennent plutôt donner une dimension solennelle, mélancolique, presque religieuse (un côté requiem, notamment avec ces riffs assez sombres). Normal me diriez-vous pour un titre qui se traduit par « jusqu'à  la poussière ».
« Share » commence avec un début très ambiant, moins chargé musicalement. Et même si des passages plus soutenus viennent le morceau, on éprouve quand même une sensation de calme, de se laisser porter/flotter. L'intensité va toutefois monter crescendo, les passages « orientaux » m'ont fait penser à  Deep Purple (album Rapture Of The Deep). Encore une belle preuve de maitrise dans la composition car ils arrivent à  rendre le tout cohérent. « L'outro », très typée SF, se veut finalement plutôt stressante, déstabilisante par rapport à  tout ce que l'on vient d'écouter. Comme pour annoncer que le plus dur restait à  faire maintenant que ces 2 mondes avaient fusionné.
Amatrices et amateurs de rock-metal-prog à  tendance jazzy et donc d'univers très ouverts, je ne peux que vous conseiller de jeter une oreille plus qu'attentive à  l'EP de DELTA TEA. A consommer sans modération.
Bonne écoute.
Clip de « Delocalized » :
Description de l'image