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Chers lecteurs de Blastphème, ça n'a sûrement pas échappé à votre regard : notre bien-aimé Blood Eagle écrit peu sur le site ces derniers temps. Parce que voyez-vous, Blood Eagle, c'est un homme d'action. Et le sieur n'a pas chaumé en cette année 2021, parce que lui et toute une troupe de petites mains Å“uvraient pour la fatidique date du samedi 13 novembre.

Avec l'ami Evil Ted, nous étions de la fête, nous avons entendu vibrer l'astrolabe de Petit-Quevilly, et avec ces quelques mots nous espérons vous le faire vivre un peu ! Accrochez-vous.

Dès potron-minet nous étions sur la route avec l'ours des enfers, Arras-Amiens, Amiens-Rouen, la belle aventure ; et à peine arrive-t-on sur les lieu de la bataille que tout de suite il y a de quoi se sentir à la maison : des colosses avec des casques en fer et de hallebardes gardent l'entrée, il y du fish & chips au food truck, le lancer de hache bat déjà son plein (souffrent, souffrent les rondins !), et on retrouve parmi la faune sauvage ameutée pour l'occasion quelques têtes connues.

Quelques frites dans la panse, et nous voilà prêts pour le démarrage des hostilités.

On ne soulignera jamais assez comme il est difficile d'ouvrir le bal, surtout en tout début d'après-midi. Il faut commencer fort avec un public pas tout à fait chaud, et c'est toujours une tâche compliquée pour quiconque écope de la sentence. Mais tout le monde n'est pas Shadwick, et si les gens cherchaient du sensationnel, de l'inattendu ; voilà un projet que l'on ne croise pas tous les jours. Deux personnes sur scène, un batteur, une chanteuse ; beaucoup de boucan et de grognements sur des samples de guitares qui tapent dur, ponctués de répliques cultes dont l'inénarrable "Depuis deux mois, j'pue de la chatte"... Bref, le Drakk Fest attaque avec du Grind, et madre de dios, quelle bonne idée ! En plus, on nous montre dès le début la teneur familiale du fest, puisque Drey de Burning States vient pousser la chansonnette sur un titre ; ainsi que le maître de cérémonie lui-même, notre Blood Eagle.

Vous l'aurez compris, ça commence en petit comité, mais ça commence fort. Et puisqu'on parle de groupes amputés de membres, c'est Of The Same Kind qui poursuit la fête, avec son Death Metal très lourd, au chant grumeleux, sans batteur. Musicalement, c'est le genre de musique à conseiller à votre mamie, mais surtout aux fans de Benighted. En live, la performance est au rendez-vous. à‡a tabasse en règle ; avec notamment des breakdowns assassins, à qui la scène fait pleinement justice, et une énergie assez communicative du chanteur.

La boucherie des premières heures consommée, il est temps de réduire un peu le niveau de tripaille ; et c'est ainsi que débarque de nulle part Dawn of Dystopia, qui défend sur scène son EP Dark Before Dawn. Au programme, du Heavy flirtant avec le Thrash, mélodique et épique, avec un riffing diablement bon qui aura volé le coeur de notre ami Evil Ted. C'est puissant, efficace, et ça ne perd nullement de sa superbe après les deux précédents groupes. C'est d'ailleurs une chose pour laquelle il faut saluer le Drakk : la programmation était très variée. C'est un parti pris casse-gueule, mais c'est un parti pris qui fait du bien. Mais je digresse ! Un point sur lequel Dawn of Dystopia tire son épingle du jeu de façon relativement originale, c'est avec la doublette vocale que forment Sandra, la chanteuse soliste, et Chucky, le batteur (qui n'est pas interprété par Brad Dourif...). Les efforts conjugués d'une voix clean puissante à la Smoulder et un scream medium bien placé ajoutent de l'efficacité. Comble du luxe, on a eu droit à une reprise de "2 Minutes To Midnight" de la bande à Harris, pour le grand final ; ce qui n'aura pas manqué de faire chanter l'auditoire.

Pour ce qui suit, je ne vais pas vous mentir, j'attendais ce concert de pied ferme depuis l'annonce de l'affiche. Parce que vous le savez si vous lisez mes chroniques, j'adore Praïm Faya. Et le fait qu'en live, ça tient, là encore, toutes ses promesses. C'est très énervé, rayonnant de fraicheur ; c'est la parfaite tranche de fun pour unir dans le pogo les fans de Death, de Hardcore, de Post-Hardcore même, et l'hypothétique bourrin qui cherche à manger de la semelle. Le live fait pleinement honneur à la force d'impact du groupe, autant qu'à la majesté de ses mélodies.

Après les bourgeons piquants de la jeunesse, le fest prend soudain un virage vers la fleur de l'âge du Metal, et c'est Stronghold, fort de leurs 23 ans de bons et loyaux services, qui foulent les planches. Au-delà du fait que le son était monstrueux sur ce live, j'ai été particulièrement touché par l'ambiance très bon enfant de ce concert ; ce côté proche du public et décomplexé qui me rappelait certains bons souvenirs de Crusher ou de Nile. La musique est excellente, la lourdeur au rendez-vous, et l'ambiance chaleureuse si bien qu'on ne peut pas détourner le regard. Je vous l'avais déjà dis, Evil Ted était complètement conquis par Pat' et Bosco de Dawn of Dystopia, et il en a eu pour son argent puisque les deux compères font aussi du bruit chez Stronghold. Il est d'ailleurs assez rigolo de constater que Bosco joue sur une LTD type Les Paul avec Dawn of Dystopia, une guitare à la forme un peu plus "sage" et "old school", qu'il troque pour une LTD AX, plus cornue, plus vilaine, pour jouer avec Stronghold.

Après deux performances consécutives modelées au marteau-pilon, il était temps de revenir aux premières amours de Metal, et c'est Dreamcatcher qui débarque pour nous faire découvrir le nouvel album "The Road So Far". Belle démonstration pour le combo, avec ses rythmiques galopantes (on ne se lasse pas d'ailleurs du doigté du bassiste), ses riffs parfois lourds et maléfiques ; ces mystérieux arpèges. Ce concert est une respiration bien placée dans une journée qui ne finit pas d'étonner.

Vous vous souvenez quand je parlais de Death Metal bon enfant chez Stronghold ? Disons qu'avec In Hell, on ne joue pas sur le même registre ! La bande de James est arrivé sur scène et le ton a très vite été donné : on n'est pas là pour rigoler, mais pour amorcer la descente aux enfers. Pour les avoir vu plusieurs fois, nous étions tombés d'accord avec Evil Ted sur le fait que le groupe ne cessait de progresser, et que le line-up actuel ne pouvait pas être en meilleure forme. Le hurleur de la bande est totalement possédé par son art, ruisselant, le visage tordu d'horreur ; et la cavalerie suit. Le bassiste Cédric n'en finit pas d'être génial de par sa dextérité (et l'enfer sait comme les bassistes étaient bons le 13 novembre à Petit-Quevilly...), les guitares braillent de toutes leurs forces et Trey Azathoth serait fier, et la batterie tient la baraque avec autant de violence que d'intelligence. Quoi qui nous attende pour janvier avec la sortie du prochain album, on risque de le sentir passer !

Après ça vous vous doutez bien qu'il fallait qu'on digère. Ni une, ni deux, c'est l'entracte que voilà , ce qui me donne l'occasion de parler de ce qu'il y avait d'autre à se mettre sous la dent que les groupes ! La salle pour commencer était peuplée par les partenaires du fest et leurs stands. Ainsi aura-t-on pu découvrir les splendides guitares de Bella Strings, le groupe Psych-Out, (venu tâter le terrain en vue d'une participation au prochain Drakk Fest ?), les cordes de guitares Made in France de Skull Strings, et les tatouages de FTW Tattoo. Mais je vous vois venir cher lecteur, après vous être pris sept concerts de haute voltige dans la face, vous vous sentez un peu comme après un tour de machine à laver. Il vous faut un bon bol d'air.

Sortez alors de l'astrolabe et vous pouvez aller vous détendre en tranchant des rondins avec des hachettes, faire bonne chair au Jack's Truck, étancher votre soif à la brasserie Ragnar (authentique brasserie Normande attachée à son héritage historique). Et si vraiment vous voulez briser votre train-train quotidien avec de l'inédit, vous pouvez regarder d'authentiques vikings en costumes se mettre sur la tronche dans l'herbe humide. Ou participer à des combats de fesses ancestraux. Il y en a pour tous les goûts !

Une fois bien requinqué, vous êtes mûr pour vous prendre une bonne dose de Hardcore à sept cordes avec Nobody's Straight. Cette machine à 2-step aura enflammé l'astrolabe avec ses bombes revendicatives, et nous aura donné à chaque track de bonnes raisons d'aller faire chauffer la carte bleue sur la boutique de M&O Music. C'est très fort, ça n'a pas sa langue dans sa poche, et tous les ingrédients sont réunis pour faire mouiller les maillots dans la fosse.

Après Nobody's Straight, on arrive au cas Corrosive Elements. C'est l'ajout le plus tardif de l'affiche, qui a remplacé Abrahma au pied levé, et pour ne rien vous cacher, ce groupe m'a totalement retourné. Je ne connaissais pas, pauvre hère que j'étais, mais quel délice. C'est ultra violent, c'est fun, c'est une espèce de joyeux amalgame de Municipal Waste et de Krisiun, avec des pointes de Rock'N'Roll, de la batterie féroce et vive comme un tir de gatling, un bassiste complètement Punk, pris d'une rage folle ; des machines de guerres aux guitares, un chant saisissant. J'avoue, j'ai été secoué ! Un prochain album arrive, envers et contre la paresse assumée du groupe, et je ne pourrais que m'en réjouir. Il ne faudra pas traîner trop loin de Blastphème quand ça sortira, l'article viendra surement bien vite.

Plus que deux concerts après cette avalanche et le show continue avec les Kause 4 Konflict, excellentissime groupe de Hardcore que j'avais croisé il y a fort longtemps lors d'un Hellfest. Les gars se portent comme un charme et ont été des monstres de show : le chanteur tenait la foule dans la paume de sa main, l'énergie des grooves était très communicative, la symbiose était parfaite. Avec le collègue Evil Ted on était d'accord pour dire que Rise of The Northstar tenait en K4K un challenger très honorable.

Et pour finir, je vous disais comme il est difficile de commencer une journée de fest ? La tâche n'est pas simple non plus quand il s'agit de la clôturer, mais Lokurah tient la scène. Depuis leur dernier album en date, Time to Do Better, le line-up a subit quelques mises à jour, et force est de constater que la formation assure. Le jeu de scène est très vivant, avec les musiciens qui n'ont pas peur d'accompagner le chanteur quand il s'agit de bouger et sauter. Quel chanteur d'ailleurs. Menant la barque tant au hurlement qu'au chant clean, le sieur survole une prestation aussi violente qu'épique, et termine avec sa bande une journée mémorable, sur une bonne note.

Tout ça pour vous dire, chers amis, que vous avez du boulot. Vous avez du boulot parce qu'il va falloir écouter tout ça. Réécouter tout ça. Soutenir tout ça. Faire péter vos Å“illères comme vous savez si bien le faire et vous manger du Drakk Fest. Parce qu'il y a décidément beaucoup de bon dans cette scène locale, et rien qu'avec onze groupe on ne peut conclure autre chose.

J'en profite pour communiquer toute l'admiration que j'ai pour le travail effectué par Blood Eagle, JP et leurs comparses, pour mettre en oeuvre cette journée ; qui, sur le papier, était casse gueule à plus d'un titre, et dans les faits, chronophage et énergivore. C'est un triomphe, qui a amplement mérité d'être sold-out, qui nous aura donné un goût de "vraie vie" précieux, qui nous aura permis de faire de belles rencontres dont le fruit sera bientôt visible sur Blastphème.

Bref, mesdames et messieurs, chapeau bas.

Drakk Fest - Bilan d'un Court Samedi d'Amour