On dit que l'herbe est toujours plus verte dans le pré d'à côté. Je suis loin d'adhérer à une expression aussi limitante, ce qui ne m'empêche pas de prendre un malin plaisir à aller voir ce qui se fait hors des frontières, dans des pays un peu oubliés du monde Metal. Le Costa Rica fait partie de ces terres prolifiques. Beaucoup de groupes y fleurissent, mais à l'échelle mondiale, le Mexique et le Brésil éclipsent parfois toutes ces formations d'Amérique latine dignes d'intérêt.
Paganist, le combo que je vous propose de déguster aujourd'hui, est un quatuor de furieux qui nous gratifient d'un monstrueux premier EP cet année !
Avis aux amateurs, on parle aujourd'hui d'un florilège de Thrash Metal à la sauce Death du fort délectable. Au programme, de la musique très rapide, qui pilonne au niveau de la grosse caisse et du picking à la guitare. La signature de Paganist est très agressive, pleine de dextérité, vraiment tranchante dans le son et dans le type de chant. À ce sujet je pense que les fans de Vektor y trouveront leur compte. C'est certes moins orienté cosmos, mais on retrouve ce petit quelque chose d'aiguisé, cette touche pénétrante dans le son qui nous fait faire notre plus belle grimace de plaisir.
On y verrait presque une espèce de revival du proto-Death Metal : les morceaux ne manquent pas d'une certaine saveur aussi épique que maléfique sur le plan mélodique. On est de fait assez loin de Slayer et ses chromatisme : on voit plutôt planer l'ombre d'un Chuck Schuldiner. Les morceaux sont d'ailleurs plutôt riches, allant souvent chercher dans la fourchette "cinq à sept minutes".
Ce côté légèrement progressif est bien équilibré pour passer de la rixe éclaire à la menace plus lourde, et du début à la fin on reste scotché. "Ritual of Hate" est puissant en tout point de vue.
D'ailleurs, puisqu'on parle du titre de l'EP, je dois dire que le titre éponyme est un cas d'école de la notion de "faire du bon avec du vieux" en 2021. Ce fameux morceau éponyme comporte un break ultra simple, avec juste du gros power chord à vide ponctué de fantaisies à la batterie. Et ce passage, c'est typiquement le genre de chose qu'on a dû entendre des centaines de fois, mais qui sonne à la perfection ici, et qu'on a l'impression d'entendre pour la première fois. C'est la jouissance totale de la violence.
Allez-y les yeux fermés, les nostalgiques comme les progressistes, c'est de la bonne !