" Chronique du second album des américains d'ETERNAL CHAMPION. "
A la question, « Julien, ça te dit quelque chose Eternal Champion ? », ma première réponse a été « le jeu culte de Sega ? ». Puis, après avoir levé le museau de ma mini-megadrive (faut bien s'occuper durant cette période de confinement), j'ai vu qu'il s'agissait en fait d'ETERNAL CHAMPION, le groupe américain de power-metal, et non pas du jeu de combat Eternal Champions (l'absence du « s » aurait pourtant dû m'interpeler).
Finalement cela reste quand même plutôt intéressant car leur premier skeud, « THE ARMOR OF IRE » sorti en 2016, avait eu d'assez bons retours dans les médias et sur les réseaux. Sans être révolutionnaire ni inoubliable, le groupe nous délivrait un power-metal US épique (totalement différent et plus viril que le power européen à la sauce Helloween-Gamma Ray-Edguy) où planaient notamment les ombres de Manilla Road, Manowar ou autre Virgin Steele. C'est donc parti pour une chronique où l'on va voir notre « champion éternel » partir en croisade pour tenter de ravir le trône tant convoité de « l'album Power Metal de l'année 2020 ». Kill with power - die, die !
Tout d'abord, pour celles et ceux qui connaitraient déjà leur premier album, l'effet de surprise n'est plus vraiment là . Pourtant, paradoxalement, si je devais conseiller à un néophyte de découvrir ETERNAL CHAMPION je lui conseillerai de commencer par cet album. En effet, «RAVENING IRON » est mieux produit, la voix du chanteur plus sure/affirmée (avec toujours ces effets caractéristiques) et ne souffre pas des changements de line-up (notamment l'arrivée de John Powers à la guitare).
Ensuite, ETERNAL CHAMPION n'a pas changé de stratégie et nous propose toujours un power-heavy US venu tout droit des 80's. En ce sens la pochette, totalement machiste/sexiste et pas forcément de bon goût, est sans équivoque : en faisant appel à Ken Kelly (connu pour ses artworks avec Manowar, ses illustrations SF-Fantasy de Conan le Barbare), le groupe se pose, non plus en alternative ni en héritiers, mais en successeurs à la bande à Joey DeMaio. D'ailleurs, autant le dire tout de suite, les 2 albums d'ETERNAL CHAMPION surpassent toutes les productions de MANOWAR depuis « KINGS OF METAL » (1988) ; et ce même le si « WARRIORS OF THE WORLD » (2002) comprenait quelques titres sympas. Les « rois du metal » se sont désormais eux, comme le montre les toutes premières secondes du titre « A FACE IN THE GLARE » (morceau d'ouverture) où l'on entend un forgeron travailler le fer. Les passages en mid-tempo renforcent également cette impression de vouloir taper fort et en continu, comme pour laisser son empreinte. à‡a commence plutôt bien.
« RAVENING IRON » a clairement une dimension cinématographique : comment ne pas penser aux films Barbarians, Kalidor et évidemment Conan qui ont bercé l'enfance/l'adolescence des jeunes des années 80. En effet, à l'écoute de ce single il est difficile de ne pas s'imaginer vouloir mener « une lutte fantastique, celle du bien contre le mal », et ce « par la force de l'épée magique taillée dans le métal étoile ». J'ai volontairement repris les paroles du générique de l'animé Conan chanté par Bernard Minet pour rester un peu dans le kitsch car oui, incontestablement, ce metal des ETERNAL CHAMPION a un côté rétro.
« SKULLSEEKER » vient également marquer au fer rouge les metalheads en manque de headbanging avec un groove bien lourd (limite doom) et un refrain forgé pour être repris en choeur en fosse. Le meilleur titre de l'album en ce qui me concerne, voire même de toute leur discographie.
« WORMS OF THE EARTH » est la seconde réussite de l'album avec sa rythmique bien plus énergique et plus speed que tous les autres extraits. C'est d'ailleurs assez surprenant que les 2 titres que je préfère soient d'une part le plus lent (« SKULLSEEKER ») et d'autre part le plus rapide de l'album (« WORM OF THE EARTH »). Ce 6ème titre viendra d'ailleurs rehausser une seconde partie d'album un peu en deçà comme nous le verrons ci-après.
Mais alors que reprocher à cet album après ces 4 titres plutôt réussis pour l'empêcher de conquérir le titre de meilleur album de power-metal 2020 ? Comme dit plus haut, ils ont simplement sorti l'album que tout le monde attendait, sans aucune surprise ni originalité par rapport à leurs précédents EPs et album. Les titres sont certes solides, efficaces mais ils restent un tantinet prévisibles et manquent un poil de personnalité (un peu dommage pour un metal viril ^^). Ce qui fait que l'album tourne un peu en boucle. « COWARD'S KEEP » (mais que vient faire cette fin en arpège-guitare sèche ???) et « BANNERS OF AHRAI » ont des faux airs de B-Sides et sont les 2 compositions les moins réussies. A noter également que le combo nous propose un instrumental plutôt sympathique et très 80's, « THE GOLDBLADE » qui sert d'ouverture au dispensable « BANNERS OF AHRAI », et qui font lien avec le précédent EP «TERMINUS EST » (ces nappes de claviers).
« WAR AT THE EDGE OF THE END » risque, quant à lui, de diviser les fans : il s'agit d'un “remaster†d'un titre qu'ils avaient écrit en 2013. Si le titre perd en personnalité avec un côté roots/brut/lourd dans le mix originel (flagrant sur le chant), il gagne par contre en immédiateté avec un aspect plus catchy/épique/lumineux (il fait plus « single » en quelque sorte). Un même titre mais 2 ambiances bien différentes ; je vous laisse choisir votre camp lol.
En résumé, même si cela peut paraître « politiquement correct », c'est un peu le statu quo avec ce « RAVENING IRON » dans le sens où celles et ceux qui avaient aimé « THE ARMOR OF IRE » continueront à apprécier le groupe (5 des 8 titres valent quand même le coup). Tandis que celles et ceux qui n'adhéraient pas à leur univers risquent probablement de ne pas accrocher à ce second effort. Enfin, pour conclure, j'ajouterai que quitte à programmer du « warrior-power-metal » autant désormais programmer ETERNAL CHAMPION qui eux, je pense, ne décommanderont pas au dernier moment. A bon entendeur … ^^.