" Chronique du premier album de FauxX sorti le 28/05/2021. "
Pour la chronique du jour, nous mettons une nouvelle fois les pieds dans le fameux débat : finalement qu'est-ce que le metal et surtout qu'est-ce que le metal (d')aujourd'hui ? D'autant plus pour le groupe en question, FauxX, au sein duquel il n'y a pas de guitare ni de basse. Le combo a été formé par Joachim Blanchet et Jean-Baptiste Tronel (bien connu des fans de Tagada Jones au sein duquel il officie derrière la batterie) ; et un premier EP, « NH3(il) », publié en 2018.
« StatistiC EgO » ; déjà le titre de ce premier album nous suscite notre curiosité. Il mélange 2 notions que les aficionados de SF connaissent très bien : la technologie et l'humanité. Le mot « StatistiC » illustre évidemment les données/la technologie/le tout numérique ; tandis que le mot « EgO » renvoie à la conscience, au « soi » et donc à la condition humaine (j'ai évidemment pensé à la trilogie « Matrix » et aux 2 films « Le Cobaye », comme bon nombre d'entre vous). Des notions antinomiques car même si les statistiques peuvent être de nature multiples et complexes, elles restent impersonnelles et dépourvues d'émotions/sentiments (on peut les interpréter et leur faire dire ce que l'on veut…l'actualité nous le montre assez souvent d'ailleurs…).
La pochette représente assez fidèlement l'idée que l'on peut se faire de l'association de ces 2 concepts : de loin on distingue une masse de personnes assises/en train de prier/de se recueillir au milieu duquel se tient un personnage debout/en lévitation (tel un messie holographique). Mais de près le rendu est tout autre : on remarque que ces personnes semblent plutôt assujetties/asservies et que le personnage central semble être un corps inerte pendu…contraste saisissant. On s'entend donc à une atmosphère froide, clinique, brutale et un regard pas spécialement optimiste sur le monde qui nous entoure tout au long des 7 titres (pour environ 44 minutes) qui composent le skeud.
« ALT LIGHT REBIRTH » nous plonge dans une ambiance indus/darksynth/électro malsaine, torturée, avec un côté hypnotique/épileptique (comme pour nous embrigader…la thématique religieuse des lyrics renforce cette impression).
On perçoit sur « THEIR GARBAGE IN THE HEART », qui fait l'objet d'un clip (en fin de chronique), des influences telles que Ministry (album « THE MIND IS A TERRIBLE THING TO TASTE »), Nine Inch Nails (album «THE DOWNWARD SPIRAL » - le clip me fait beaucoup penser à NIN ) ou encore Godflesh (album «SONGS OF LOVE AND HATE » qui marqua l'arrivée de l'excellent batteur Brian « Brain » Mantia que j'ai pu voir avec Guns N'Roses au POPB de Paris en 2006, juste avant qu'il ne quitte le groupe en pleine tournée pour raison familiale). J'évoque ces 3 groupes car on ressent à la fois de l'étrangeté, de l'agressivité et de la révolte (les paroles sont sombres : « Open your shrine, Where we eat the dead, Open this arch, This temple open of the dumpsite, To better spit out, Their garbage in the heart»). Le mix de la voix, qui lui donne un aspect désincarné, pourrait donner des allures de résignation mais l'impact catchy des compositions donne plutôt l'envie de se révolter. On est donc plus proche du nihilisme (caractère vindicatif) que du fatalisme.
On continue dans la froideur et dans la dualité des contrastes avec le bien-nommé « DUALITY » qui fracasse tout sur son passage (difficile de ne pas headbanguer sur ces rythmiques contagieuses). Des sons de guitares se font même entendre, ce qui me conforte dans l'affiliation à la scène metal.
On poursuit avec le court instru « ANTI EX MATTER », puis avec un autre titre quasiment instrumental (mis à part un sample vocal placé en fin) « FUNERAL TRANSHUMAN » qui porte lui aussi bien son nom. Il se dégage comme un côté requiem avec cette mélodie lancinante et mélancolique. Ce qui n'est guère surprenant quand on sait que le but ultime du transhumanisme est de repousser au maximum la date fatidique de la mort (voire même l'éradiquer purement et simplement grâce aux progrès technologiques, médicaux…et on en revient au titre de l'album et à la pochette…la boucle est bouclée ^^).
Il ne me reste plus qu'à évoquer « FURY & DECEPTION » et « KILL THE MONSTER ». Le premier dure 8'50 minutes et interpelle directement l'auditeur pour qu'il fasse une sorte d'introspection sur ces conflits intérieurs (le tout en employant des termes assez durs…quitte à interpeler, autant y aller franco ^^). En un mot : furieux ! Quant au second, le duo revient à quelque chose de plus lancinant au niveau des vocaux mais avec toujours aussi lourd au niveau des instru (une rythmique électo faussement calme en fin de compte) et en poursuivant cette démarche poussant à une introspection/remise en question (les paroles sont importantes dans l'appréhension et l'immersion dans leur univers).
Sombre, lourd et furieux, « StatistiC Ego » de FauxX nous secoue les tripes et les tympans. Pour revenir sur les 2 thématiques précédemment citées en début de chronique, j'aurai tendance à penser que la part « organique-Ego » se retrouve musicalement au niveau de la batterie de Jean-Baptiste, que les claviers/machines de Joachim sont la part « numérique-StatistiC », et que la voix de Joachim fait le pont entre ces 2 mondes que tout semble opposer. On espère découvrir le duo sur scène dès que les conditions le permettront à nouveau. A suivre de près.