Voilà longtemps qu'on n'avait pas soupé d'une grosse dose de carnage sur Blastphème. Que voulez-vous, les voies des phases musicales sont impénétrables. La vie est faite de fluctuation, et même si notre passion profonde réside dans l'hémoglobine, on est parfois rappelés par des comportements plus socialement acceptables, des écoutes moins vilaines. Ne vous inquiétez pas, aujourd'hui vous pouvez tout lâcher, et on va réveiller vos plus bas instincts avec le premier EP de nos compatriotes de Gorupted, sorti le 8 mai 2021, pour mieux vous "gorrompre".
À peine découvrons-nous le combo qu'on est déjà mis dans une ambiance chaude et familière : un logo bien dégueu et old school détouré à grand renfort de photo filtre, un crochet qui titillera les fans de "Souviens-toi l'Eté dernier" teinté avec un rouge qui pique les yeux, un fond noir. Pas de doute, on descend gentiment dans les bas fonds, et ça fleure bon le Grind DIY sans pitié.
L'EP se lance et nous voilà partis pour 17 minutes de franche rigolade putride et nauséabonde ; faite de guitares très, mais alors très grasses, une grosse caisse de bon goût qui sonne comme le fond d'un gobelet en carton, des samples de films qui vous feront réviser comme il se doit vos classiques cinématographiques (car il n'est de groupe de Goregrind qui ne trimbale pas un lourd bagage filmique dans son crâne trépané !), et un chant qui semble faire saturer le micro lui-même, dans les recoins les plus graves, grumeleux du spectre sonore.
C'est un EP franchement divertissant qui fait grimacer plus d'une fois par la pesanteur de son riffing. C'est ultra bête et méchant, caverneux et bas du front ; d'autant plus que là où certains groupes du même style perdent parfois de leur noirceur en devenant sautillant (et donc plus proches de Gutalax par exemple), Gorupted ne laisse planer aucun doute et reste profondément horrifique, juste assez premier degré pour qu'on croit au délire. On est de bout en bout charcutés par les oreilles dans une chambre froide dégueulasse, tantôt dans la peau du boucher, tantôt dans la peau de la victime. On trouve aussi quelques passages un peu plus aigus qui donnent au mélange un petit goût de Death old school, ce qu'on ne saurait rechigner.
C'est un chouette premier essai à soutenir sur bandcamp, à conseiller à tout ceux qui comme moi aiment tendrement Mortician, mais aussi Avulsed, et c'est le genre de projet que je serais ravi de voir en live ! Imaginez, vous cogner dessus avec les descentes d'organes qu'on nous propose. Ajoutez à cela des pistolets Nerf chargés avec du sang (vrai ou faux, c'est vous qui voyez) ; ce serait fin, pas vrai ? À bon entendeur !