En 2020, soyons honnête n'importe qui s'intéressant de près ou de loin au Metal a déjà entendu parler de Goregrind. Ou en tout cas, pour ceux qui n'en ont jamais entendu parler, tout le monde s'est déjà douté qu'un tel truc, quelque part, devait exister. Et si pendant des années les groupes officiant dans le styles ont bourlingué de festival en festival, de salle en salle, de label en label, sans forcément toujours marquer l'histoire, il importe de mentionner que la récente montée en popularité de Gutalax a globalement rendu service à la notoriété du genre, et à mon humble avis, ça fait du bien.
Cessons de nous mentir, un pataquès violent, chaotique, et dégueulasse, un coup de temps en temps, bien-sûr que ça fait du bien.
Et bien-sûr, on vous dit Goregrind, on vous dit que l'actuel fleuron du genre c'est Gutalax, forcément, un feu d'artifice d'a priori sifflent dans vos oreilles, et c'est précisément pour ça qu'il faut continuer à lire cette chronique.
Quand le Grindcore est né, on pouvait en distinguer à coup sûr deux branches thématiques toutes liées aux groupes fondateurs. Le gore, en l'occurrence, à peu de choses près, ça découle pas mal des délires chirurgicaux de Carcass, et d'aucun penseraient que c'est dans ces frontières uniquement que le propos du Goregrind se situe. Il n'en est rien. Le versant politique, porté par Napalm Death, demeure parfois, et c'est ça qui nous intéresse aujourd'hui.
Parce que le groupe du jour, c'est le parfait croisement entre de la fantaisie chirurgicale et l'anarchisme de gauche le plus féroce, et ça se ressent jusque dans le nom: Fascistectomy; comprenez "ablation chirurgicale du fascisme".
L'artwork répercute ce mélange avec la subtilité d'un Tobe Hooper sous crack, et l'on voit deux étranges chirurgiens qui s'apprêtent à couper ce qui ressemble à un bout d'intestin à tête d'Hitler. Comme si quelque part le fléau du fascisme était un mal intérieur, dont il faut se débarrasser à coup de scalpel comme on retire l'appendice. à‡a n'en a pas l'air, je sais, mais c'est assez profond!
Et musicalement ça dit quoi ? Humblement pour quelqu'un qui ne peut pas prétendre à l'expertise en matière de Grindcore et Goregrind, je dois dire que cette première démo éponyme m'a maintenu en appétit de bout en bout pendant ses maigres huit minutes, tant et si bien que je n'aurais pas boudé à en avoir plus. Le riffing, quoique rendu pâteux et bourdonnant par une production ultra lo-fi, est très efficace. Le mélange entre Death Metal et Punk Hardcore est subtilement dosé, car ça n'est pas parce que les morceaux sont courts qu'ils ne peuvent pas être riches. Du reste la vraie force instrumentale de cette démo, c'est la ligne de batterie, qui sait mettre en valeur certains passages clés de guitare et basse, et qui est totalement en charge de la respiration des morceaux, et de leur aura. Deux gros coups de toms par-ci, ça donne toujours un petit quelque chose de lourd et massif; de la même façon qu'un breakdown à la guitare prend toute sa saveur quand la batterie est bien sentie.
Le groupe n'a également pas hésité à converger autour d'une base vocale forte: le groupe a deux vocalistes, qui se définissent comme suit: "voix d'orc" et "voix de rat". Tout est dit. Deux chanteurs cependant, sans surprise, ça permet, surtout quand on enregistre du live, du spontané, d'avoir quelque chose de plus complet, et de plus épais. Les échanges entre les deux vocalistes sont dynamiques, sauvages, et pour le coup, vraiment sordides, visqueux.
L'ensemble est donc massif, cohérent, sale à souhait, au point où on en voudrait vraiment plus.
La menace du jour nous vient d'Espagne chers amis, jetez-y une oreille attentive, peut-être que ça vous donnera envie de vous tatouer "No Pasaran" sur les fesses, ou au moins, que ça vous fera gigoter un peu les cervicales!