Un peu de musique pas intelligente, ça vous tente ? Parfait, vous tombez à pique, en 2020, le groupe Internal Suffering s'est décidé à refaire un tour du côté de ses racines, et de ressortir, avec quelques bonus, une vieille gloire d'antan : leur premier album, originellement sorti en 1999 ; ceci pour donner un peu de grain à moudre à des fans attendant toujours un successeur à Cyclonic Void of Power sorti en 2016.
Soyons donc nostalgiques les amis et intéressons nous à ce que la Colombie avait à nous donner au crépuscule des années 2000.
Si vous me permettez l'expression, dès son démarrage, il était clair que le groupe n'était pas sorti de l'ombre pour cueillir du muguet. Le riffing est ultra gras, ponctué ça et là de pinch-harmoniques fou-furieux, tellement grave et distordu que parfois on entend à peine les notes. On a également droit à une énorme basse distordue, et une batterie garage qui blast produite avec un petit budget mixage qui mange du spectre sonore à s'en péter les caisses, pour soutenir l'édifice. Le chant guttural ultra caverneux va chercher les plus bas fonds du coffre du chanteur, Fabio Marin, au point qu'on en vient à réfléchir sur la signification de "Internal Suffering", le nom du groupe. C'est simple au niveau de la mise en place (on entend par exemple une installation de batterie assez standard qui ne déborde pas de cymbales), effréné dans le rythme (les chansons dépassent rarement les quatre minutes), et implacable dans la violence. C'est un album Punk, complètement hyperactif. Vous l'aurez donc compris, c'est typiquement le genre de groupe à présenter à votre grand-mère qui aime Aznavour, ou votre copine qui adore Coldplay.
Et pourtant, ça n'empêche pas l'album d'être assez varié et de révéler une certaine finesse d'écriture. Les breakdowns mid/down tempo sont intelligemment distribué pour arrêter le flot d'information qui parsème l'album. On retrouve aussi ça et là des solos de guitare virtuose pour mettre un peu de mélodie dans le bazar, et on ne peut pas nier qu'en dépit du mitraillage que cet album constitue, il y a un petit quelque chose dans le son qui nous donne envie de rester, et d'en reprendre.
C'est également le genre d'album complètement dingue qui nous fait regretter les festivals en plein air, car m'est avis que la tournée de cette reissue aurait été un vrai carnage.
À noter que si pour vous l'album est encore trop propre, rien n'est perdu : les titres bonus sont des titres démo, avec un matériel d'enregistrement qui semble encore plus au bord d'exploser, des pig squeals qui ressortent de façon encore plus tranchantes, et des cymbales qui sifflent encore plus ! C'est cadeau !
à‚mes sensibles s'abstenir, mais si vous cherchez le grand frisson de la brutalité, croyez-moi, vous avez trouvé.