KUGELBLITZ - Pale Blue Dot

Blackmetal

Doom

France

Metal

Musique

Sludge

Stoner

Evil Ted

-

1 août 2023

" Chronique du premier album des parisiens de KUGELBLITZ sorti le 20 mars 2020. "
Kugelblitz, en voilà  un nom peu ordinaire. Il peut désigner une arme anti-aérienne allemande, une foudre en boule, ou encore un trou noir d'énergie dans une saga SF de Frederik Pohl. Et finalement, les parisiens concentrent un peu tout cela en eux : un son lourd et massif, une énergie puissante parfois chaotique, et des atmosphères sombres, pesantes. Ces dernières sont même accentuées par des moments plus minimalistes mais finalement assez angoissants (comme sur l'instrumental « S50014+81 » présent sur cet album), à  la manière des bandes-son cinématographiques.
Leur doom/sludge teinté de black et de stoner dépeint un climax cosmique fidèle à  ce que l'on peut s'imaginer dans un film ayant pour thème l'espace. Il n'est pas étonnant de voir le groupe citer Gojira, Mastodon, Meshuggah, Conan, Sunn O))), Mantar. Je citerai également Mayhem (surtout l'album « Ordo Ad Chao »), Magma, Voivod et Vektor (album « Terminal Redux » avec ses vocaux extrêmes et son thème SF) pour certains « plans techniques aventureux/expérimentaux » qui m'évoquent à  la fois la scène jazz (Magma et l'album précédemment cité de Mayhem) et la scène thrash (Voivod, Vektor). Au regard de la pochette, on en vient à  se demander si l'Enfer ne serait pas dans la voie lactée ? C'est ce que nous allons découvrir dans ce « Pale Blue Dot », sorti le 20/03/2020, qui nous embarque pendant 45 minutes (et 8 titres) dans une odyssée pour le moins mouvementée.
Avant de parler des titres de l'album, il faut impérativement préciser que le groupe est composé de 2 membres. Ainsi le duo nous propose une voix, une basse six-cordes, une batterie…et c'est à  peu près tout. Kugelblitz concentre donc toute son énergie sur une section rythmique en béton, froide, mais avec de très nombreux breaks et beaucoup de groove pour dépeindre au mieux ce trip/voyage halluciné dans le vide sidéral. La basse est même utilisée comme une guitare (riffing), ce qui renforce ce côté direct comme un uppercut. Quelques mots sur le concept également : une entité Korhnn༠explosa lors d'un combat avec une autre entité et créa l'univers (le fameux « big bang »). Depuis des millénaires, Koorhnn༠parcourt l'univers, absorbe toute l'énergie qu'il peut trouver pour se régénérer et se venger. La Terre, cette « Pale Blue Dot », doit donc être assimilée par cette entité afin de parfaire sa « résurrection ». Il appartient alors au groupe de révéler à  toutes et à  tous cette sombre prophétie cachée. Je parle sciemment de « «résurrection » car le religieux a son importance dans l'album comme le montrent les biens-nommés « Kathedrà¤al » (fans de black metal, ce titre est fait pour vous…mais avec la patte Kugelblitz évidemment), et « Muscipula Diaboli » (les vocaux rauques, extrêmes, accentuent la noirceur recherchée)
L'album commence avec « First Among Equals » de manière progressive, limite cyber (on imagine bien un vaisseau) pour ensuite nous asséner un bon gros riffing bien groovy. Ce contraste donne d'entrée de jeu un vrai côté épique à  la composition. « Destroyer Of Worlds » est évidemment lourd, sombre. La rythmique, lente et martiale, semble tomber comme une sentence inéluctable. On sent le mal approcher dangereusement et progressivement, je me répète mais l'ensemble a clairement une dimension cinématographique.
Vient ensuite le triptyque « Muscipula Diaboli », « S50014+81 » et « Kathedrà¤al » dont j'ai parlé en début de chronique. Je dis triptyque car je trouve que les 3 compositions forment un tout lié, avec au milieu l'instrumental qui conclut le titre qui le précède et annonce le suivant.
« Cosmic Convulsion » est construit en 2 parties : une première limite épileptique et une seconde instrumentale plus ambiante. Nous sommes effectivement en plein trip cosmique. En ce qui concerne le titre suivant, je rapproche « Lords Of Nothingness » à  « Muscipula Diaboli » même si la conclusion est différente, avec cette voix typée futuriste (cyber/indus).
L'album se conclut sur « Laniakea », morceau instrumental également très angoissant, digne d'un générique de fin d'un film de John Carpenter, ce qui ne laisse guère de place à  l'optimisme…
KUGELBLITZ frappe très fort avec ce premier album, surtout lorsque l'on découvre qu'ils se sont formés en 2019. Et si je ne les connaissais pas avant de réaliser cette chronique, je peux vous assurer que je vais désormais les suivre de près. Encore une très belle sortie française en 2020.
Bonne écoute.
Clip de « First Among Equals » :
Clip de « Kathedrà¤al » :
Description de l'image