La Tourmente : Innocence Ecartelée

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Verveneyel

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1 août 2023

" Vous vous souvenez de toutes les fois où j'ai dis du bien d'un album en donnant comme argument le fait qu'il était bien produit ? Aujourd'hui il est grand temps de se renouveler, et de vanter les mérites d'un projet tout droit sorti des caves les plus humides de notre morne Paris, j'ai nommé Innocence Ecartelée, qui a choisi 2020 pour laisser éclater sa colère et sa douleur au grand jour, avec une première sortie éponyme qui, l'été dernier, m'avait échappé. "
Vous vous souvenez de toutes les fois où j'ai dis du bien d'un album en donnant comme argument le fait qu'il était bien produit ? Aujourd'hui il est grand temps de se renouveler, et de vanter les mérites d'un projet tout droit sorti des caves les plus humides de notre morne Paris, j'ai nommé Innocence Ecartelée, qui a choisi 2020 pour laisser éclater sa colère et sa douleur au grand jour, avec une première sortie éponyme qui, l'été dernier, m'avait échappé.
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Fort de ses cinq titres, pour trente-trois minutes environ, la musique d'Innocence Ecartelée est une plaie ouverte qui prend le temps de tout nous dire sur les horreurs qu'elle renferme. Le riffing est très sombre, mélodique, avec des successions d'accords mineurs qui appuieront une ambiance gothique. Imaginez un peu ça comme une ruine de cathédrale : vous aurez à  travers ces mélodies un impression de grandeur, de quelque chose qui prend de la place, et jette une ombre sur les choses, tout en ayant également le tranchant des pierres brisées et des langues de gargouilles. Les hautes fréquences vous assaillent avec beaucoup de violence.
Dans cette cohérence pleine d'aigus, la voix ne dénote pas, puisqu'elle consiste en des hurlements plaintifs qui vous rappelleront peut-être Silencer, ou Mortifera ; ce genre de gémissement fantomatique aussi terrifiant qu'obsédant chargé en peine. C'est extrêmement lyrique de bout en bout.
Les morceaux se suivent, et cependant ne se ressemblent pas, en dépit du son crachotant qui embrume les détails. Parlons-en d'ailleurs de la prod, car elle participe vraiment à  l'atmosphère de l'album. Cette espèce de neige audio constante qui parsème l'écoute rajoute davantage de froideur à  l'édifice, et pourtant, je trouve que cela rend aussi l'expérience plus intime, et vivante. On croit beaucoup plus à  l'espèce de misère médiévale que le groupe induit dans son esthétique visuel. Cet album, quoiqu'inventif, fait démuni, franc et sans artifice. C'est d'ailleurs un projet qui tient sur les épaules de deux membres seulement, ce qui participe également au minimalisme de la musique, mais qui les honore d'autant plus dans le résultat final, très abouti.
Pour tout vous dire, écouter cet opus premier du groupe, c'est une expérience véritablement cathartique, qui évacue vos états d'âme et les concentre. Je suis sorti ressourcé de l'écoute, et je n'oublierai pas d'y revenir.
Dernier petit détail qui m'a séduit dans la démarche du groupe. Si vous vous aventurez sur leur bandcamp, vous trouverez la mention "Evitez d'acheter si vous soutenez le NSBM." Je vais tout de suite prendre des gants, il ne s'agit pas d'une considération musicale, et je suis le premier à  défendre la séparation nette entre le produit musicale, son fond politique, et la pensée personnelle des artistes. J'aurais bien du mal à  médire de Nokturnal Mortum sur le plan musical, par exemple. Malgré tout, je trouve ce genre de prise de position courageux, surtout dans un style de musique où beaucoup de monde s'accommode sans mal d'avoir des musiciens très, très à  la droite de dieu. C'est le genre de chose qui nous change un peu des arsouilles habituels, et l'air de rien, c'est rafraichissant. à‡a méritait d'ailleurs amplement de secouer le porte monnaie pour récupérer une cassette. Je vous invite très sincèrement à  le faire, d'autant qu'il n'y en aura pas pour tout le monde !
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