à‡a y est, le voilà arrivé ! Après moult annonces, une interview, des révélations, des teasing, on peut enfin parler du premier opus des récits apocryphes que notre ami Velfragor s'est proposé de mettre en musique.
Sorti le 9 avril dernier, ce premier opus d'une saga en deux tomes est une réussite qui plaira autant aux amateurs de Black Metal symphonique et atmosphérique qu'aux amateurs de Dungeon Synth ou de musique ambiante.
Il faut dire qu'avec les révélations successives des titres "Filius Prodigo", "Lilith's Osculum" et "In Nomine Patris", on ne nous révélait qu'à demi-mot l'importance de l'aspect symphonique instrumental sur l'album. Et pour cause, les morceaux ainsi révélés sont ceux avec le plus de chant. Ceci dit, les parties sans chant finiraient presque par s'équilibrer dans l'album, occupant une bonne partie de "Et Inter Opera Somnia", mais aussi les différents interludes qui parsèment l'album ; ainsi que le final kaléidoscopique que constitue "Somnium Mercator". On ne saurait s'en plaindre.
Se frotter à du symphonique, quand on n'a pas les moyens d'un Dimmu Borgir ou d'un Septicflesh, c'est toujours une démarche délicate car il suffirait d'un rien pour que les VSTs sonnent cheap. Suffisamment de travail a été consacré au mix pour que ce ne soit pas le cas. L'album fait authentique, underground, on sent qu'il a peu de moyens dans la tirelire ; ça n'en fait pas pour autant une oeuvre garage. La grandeur et la majesté recherchés ne sont pas taris. Il faut dire que l'album aura impliqué beaucoup de travail au Volker Studio, avec l'aide de Salvador Holbox du Cymatic pour le mix et le mastering, ainsi que Diego Milanesio de Studio Lux et Matias Chemino pour les prises du chant de Lilith.
Le côté "Opéra Metal" (comprenez histoire mise en musique ; un récit d'ailleurs qui ne manquera pas de titiller vos amis catholiques) est d'autant plus crédible qu'on a vraiment l'impression d'être transporté à travers une saga. Les parties Metal sont globalement puissantes, souvent étranges, au service de l'intrigue ; quoique parfois tout à fait inattendues. À vrai dire, le solo très Rock'N'Roll de "Filius Prodigo" est le genre de chose que l'on ne voit pas venir dans le morceau en question. Mais ça marche. L'opéra tient également debout à travers le recours à quelques invités triés sur le volet qui sont venus prêter main forte au sieur Velfragor : Alejandra Flores dans le rôle de Lilith, Gio Diaz dans le rôle de dieu (rien que ça... c'est Morgan Freeman qui va faire la moue), Armando Gallo dans le rôle d'Adam, et Vivian Becerril dans le rôle d'Eve (Eve qui est également dépeinte par deux autres personnes, tant physiquement que vocalement : Myriam Mateos et Sara Lizcardi). Ajoutez à ça encore un invité pour certaines lignes de guitare solistes, en la personne de Martin Xipe Totec, et ça fait pas mal de monde à mobiliser. Notez que peu de projets se lancent dans des entreprises aussi périlleuses que de réunir sur un seul album tant de gens aux quatre coins du monde. Quand on ne s'appelle pas Jorn Lande, ça force le respect.
L'écoute est très naturelle jusqu'au bout, et à l'issue du passage de l'album, alors que la chaîne hi-fi recrache le CD, on ne peut que tirer une révérence bien mérité à l'homme qui aura tout fait, de ses petites mains, contre vents et marées, pour que ce projet voie le jour. Apocalypse Somnium est un tour de force dont on ne peut pas remettre en question l'intégrité, l'authenticité, le travail laborieux, et la passion. Bravo.
Vous voulez entendre une dernière chose complètement dingue ? L'individu est tellement efficace qu'on a déjà un premier gros aperçu du prochain album, qui sortira cette même année 2021. Le titre s'appelle "Pretium Libertas", c'est sorti trois jours après l'album, et ça laisse présager d'une continuité préservée !