En 2016, sort le premier album d'un quatuor de Prog-Death Metal, à savoir Luna's Call. « Divinity », propose un album en 8 titres qui avait enflammé la toile par l'ingéniosité de celui-ci et par l'incroyable odyssée Tech/Death fourni avec. Accroches mélodiques, passages acoustiques classiques, solos, Tapping & String-Skipping, free jazz et autres signatures stylistiques pour créer un son qui leur est propre. J'avais moins été emballé par cet engouement, restant persuadé qu'avec cette première expérience prometteuse, ils ont la possibilité de sortir quelque chose de plus grandiose.
5 années se sont écoulées et le 28 Aout 2020, sort le tout nouvel album « Void ». Les bâtisseurs de Lincoln que l'on savait doter d'un génie artistique, confirme leur position, dans ce voyage intersidéral, digne d'une bande son d'un Alien le 8èm passager, d'un Interstellar et d'un 2001 :L'odyssée de l'espace. Avant de démarrer cette lecture, il est important de noter que 2021, signe une grande année pour eux, puisque sort sur Listenable Records (The label Français que je suis depuis 1995, qui a sorti une pépite à savoir Luciferion) le LP, CD & Digital version de ce second opus en date du 30/04/2021.
Au line-up, nous retrouvons : Neil Purdy (vocaliste à la douce voix & guitare), Jamie Batt (de Base Ball à la batterie), Liam Underdown (guitare) & pour finir Brad Laver (non je ne ferai pas de jeux de mots pourris, à la basse & aux vocalises mélodieuse et enchanteresse). Voilà pour les présentations, il est temps pour toi, jeune ou plus ancien lecteur du meilleur webzine de la galaxie, d'enfiler ton costume de corsaire de l'espace et de suivre Moi : Hokuto 2 Kuizine, connu aussi sous le nom de Capitaine Harlockà bord de mon Arcadia et de vivre un voyage des plus sidérale-ment cosmographique.
Quantités colossales d'énergie et de matières s'accumulent autour de « Merced's Footdsteps », qui ouvrent cette navigation spatiale. Chorale mélodieuse, rythmique jazzy au groove enveloppant un chant d'où s'échappent les Orphéons qui feraient pâlir le grand compositeur Berlioz, pour le faire exploser à 1 minute 33 scd dans un flow guttural se combinant parfaitement avec les membres, créant ces Gamma-Ray Bursts qui détruiront cette bonne vieille terre, si l'être humain ne l'a pas fait avant. Ecoute cette intro c'est du grandiose.
Les mains pâles et squelettiques de la vie qui flétrit, s'agrippent au sol « Signs », second titre t'indique que le temps érode ce qui vit, que les êtres vivants ne sont pas des minéraux et aucun minéral n'est vivant. Véritable catacombe sonore, orchestration de grooves qui apportent un sens de l'équilibre, édifiant un travail harmonieux dans la complexité du genre Prog/Death. Brad Laver architecte de ce titre en concordance avec les sections métriques de Jamie Batt, endosse le rôle de commandant. Les guitares de Neil Purdy & son acolyte Liam Underdown, peignent la toile de fond avec leurs envolées d'accords. Le travail est énorme et ceci me conforte dans l'extraordinaire puissance de ce groupe.
« Solar Immolation », incroyable qu'est cette chanson, qui offre un aperçu de leurs prouesses techniques. Une poursuite élégiaque au travers de cette épopée spatiale,ce titre est le plus long de l'album, qui reste un pari énorme et un exercice compliqué qui est de ne pas sombrer dans le recyclage d'instrumentaux. Nous pourrions associer cette Å“uvre à celle de « The Wall » des Pink Floyd, mais à l'inverse Luna's Call ne sombre pas dans ces 3 accords qui englobent sensiblement le onzième album des flamants roses (attention j'indique juste que ces trois accords ont permis de faire un opéra rock des plus grandiose pour l'époque). Des modulations de synthétiseurs ambiants apparaissent, tandis que les guitares et cette bassemassive se succèdent, pour créer un son spatial et introspectif. Mélanges de figures de style qui ne perdent jamais le fil de l'histoire, emportant avec lui l'auditeur. Ce morceau est une prouesse, aussi bien dans l'écriture que dans l'instru, j'en ai des frissons à chaque écoute.
Assis aux commandes de mon Arcadia, je me noie dans cette bande son qu'est «Enceladus & the Life Inside», et je me recueille devant tant de beauté qu'est cette planète bleue qu'une poignée de capitaliste sans visage, sans respect pour la vie, empoisonne. Une phrase d'un célèbre capitaine me vint à l'esprit : Je ne me bats que pour ce en quoi je crois. Je ne défends personne. Je ne combats que pour ce que j'ai au fond du cÅ“ur. J'erre parmi les étoiles…. Je vis en homme libre dans le sombre océan de l'univers, cette mer sans lendemain que je parcourrai jusqu'au jour où je rendrai mon dernier souffle. Je vis comme un vrai homme sous ma bannière : la bannière de la liberté !
Les cordes acoustiques me remplissent le cÅ“ur de tristesse, cette douce harmonie vocale qui erre dans les recoins de mon navire comme le fantôme qui traine ses chaines, transperce les consciences. L'exobiologie trouvera je l'espère une autre terre salutaire, je le souhaite. L'orchestration symphonique qui prend le relais sur ce morceau, continue dans mes réflexions les plus pessimistes. Si l'être humain ne montre pas à nos enfants, la beauté que recèle ce monde, alors l'humanité court à sa perte.
Tu as déjà entendu l'âme d'une basse ? Les cordes qui galopent et tiennent le morceau en entier ? Si ce n'est pas le cas, je t'invite à prêter attention à l'organique son qui s'en dégage sur « Locus ». Technicités transcendantes, mélodies qui débouchent sur un renouveau sonore artistique et architectural comme les grandes civilisations de notre monde telle l'Egypte antique. Ajoutes-y des chants opératiques, des structures de chansons progressives et des solos savoureux débordant de sensibilité. Prête une grande attention à l'écoute de ce titre, tout y est millimétré. La ligne vocale massive qui apparait à 2 minutes 27 secondes, transporte le morceau dans une direction Théâtrale Death/Progimpressionnante. Suit dans la continuité de ce morceau « In Bile They Bathe », tout aussi cinématographique, avec ce growl du néant. La chanson se construit et se déconstruit avant d'exploser en une rafale de riffs azimutés et de solos démentiels.
« Silverfish » permet l'espace d'un instant de se poser, dans cette instru acoustique, avant que le dernier morceau de 9 minutes 25 secondes, termine avec éloquence ce magnifique album. Parfait équilibre à couper au scalpel entre la grâce, la légèreté et les parties plus abrasives du Death. Morceau incroyable qui à chaque recoin surprend par la quantité de gelstat qui s'en échappe. «Fly Further Cosmonaut » est le titre parfait pour terminer ce Space opéra.
Alors il en pense quoi Hokuto 2 Kuizine de ce second album de Luna's Call ?
Qui veut m'offrir le vinyle, je lui paie un verre de vin et l'observation du ciel au télescope durant une nuit.
« Void » sorti en indépendant le 28 août 2020, se voit signer avec l'excellent label Français Listenable Records et c'est une excellente chose que de savoir ceci. L'alliance des deux va permettre à ce groupe de s'installer au panthéon des plus grands.
La production de l'album est juste dingue, puisque Russ Russell est aux commandes. Au fur et à mesure des écoutes, il est évident que tu peux vraiment entendre chaque membre du groupe, non seulement dans les sections individuellesmais aussi dans la réunification des ensembles instrumentaux. Chacun a sa chance de briller, car cela transparaît naturellement dans la composition et les styles de jeu pour lesquels ces musiciens excellent. Luna's Call, c'est une unité soudée qui sait comment évoluer avec les autres. De la première piste à la dernière, « Void » est une démonstration époustouflante de créativité compositionnelle et de musicalité qui a sa propre identité. Combien de comparaison avec Opeth et j'en passe j'ai pu lire, stop on arrête les claquements comme le dirait un certain Jean Claude Van Damme. Aucun autre disque de Death/Prog que j'ai entendu cette année et l'année dernière ne peut lui être comparé, Luna's Call est un groupe qui nage puissamment à contre-courant de la musique grand public, tentant de créer quelque chose de nouveau, d'accompli, de mélodique, ramenant le Death Metal dans sa clarté la plus vive, permettant à ce style d'être excitant à écouter.Les guitares sont des monolithes, les voix sont fluides, hautes et puissantes, les émotions se déchaînent avec la combinaison de Jamie et Brad. Des textes d'une grande profondeur, « Void » est un très grand album tout aussi magique que l'artwork de Ian Purdy. Si je devais mettre une note étoilée, il te faudrait simplement regarder le ciel dans le désert d'Atacama au Mexique et tu auras ma notation. Luna's Call, je vous souhaite un avenir brillant au sein du label Listenable Records.