NO TERROR IN THE BANG - Eclosion

France

Metal

Musique

Evil Ted

-

1 août 2023

" Chronique du premier album des NO TERROR IN THE BANG sorti le 05/03/2021. "
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Qu'est-ce qui peut nous pousser à  écouter, à  acheter un disque plutôt qu'un autre, surtout lorsqu'il s'agit d'un artiste que l'on ne connait pas ? Outre les conseils récoltés auprès des copains et/ou des médias spécialisés, il apparait difficile de contester que le nom et la pochette vont pouvoir influencer, inconsciemment et/ou consciemment, le choix de l'auditeur. Le groupe faisant l'objet de la présente chronique l'a très bien compris car, en ce qui me concerne, ces 2 éléments ont aiguisé ma curiosité dans la découverte de leur univers et la rédaction de cette chronique. Il s'avère que le nom du combo, NO TERROR IN THE BANG, fait référence à  une citation du cinéaste Alfred Hitchcock : « There is no terror in the bang, only in the anticipation of it ». Derrière cette devine, on devine et retrouve la place prépondérante accordée à  la tension, au calme avant la tempête dans nombreuses de ses réalisations (Psychose, Les Oiseaux…).
L'aspect cinématographique est une part importante de l'identité du sextet rouennais (oui ils sont 6) ; et pas seulement parce que Romain Greffe (claviers, piano) a notamment reçu, avec Vincent Blanchard, le César de la meilleure musique de film en 2019 pour « Guy » d'Alex Lutz. Ici nous sommes plongés dans un metal cinématographique, à  tiroirs influencé, notamment par la scène nu-metal (Deftones, S.O.A.D…). Ce qui rend les atmosphères ambiantes/progressives bien intenses et souvent pêchues comme nous allons le voir.
« SAULE PLEUREUR » ouvre ECLOSION de manière mélancolique, avec une voix assez jazzy, dans une ambiance feutrée du type piano-bar d'époque.
Surgit alors le bien metal « ANOTHER KIND OF VIOLENCE » où des rythmiques bien lourdes et groovy prennent le pas sur un piano qui reste quand même présent. Après ces 2 titres on remarque déjà  que Sofia est la grande révélation de cet album tant elle excelle dans différents registres (rock, metal, jazz, hip-hop…). Je vous invite à  regarder le clip en fin de chronique pour votre rendre compte des capacités impressionnantes de la frontwoman.
On enchaine ensuite avec « NO MORE HELPFUL PEACE (part I) » et « NO MORE HELPFULL PEACE (part II) » qui, à  eux 2, résument assez bien l'idée que j'ai du groupe : tout en restant mélodique, N.T.I.T.B nous propose tout d'abord une facette plus sombre sur le premier extrait qui séduira sans le moindre doute les fans de metal moderne catchy à  tendance électro (comme Infected Rain par exemple). Sur la seconde partie, on revient à  quelque chose de plus doux, de plus posé, comme le titre d'ouverture. Le titre « INSIGHT », placé un peu plus loin sur le disque, réunira d'ailleurs ces 2 facettes sur une même composition.
Avec « MICROMEGAS », le sextet nous dévoile un visage plus hip-hop, ce qui n'est pas une surprise quand on sait que la chanteuse fait partie d'un collectif hip-hop rouennais. Des couplets hip-hop sont associés à  des refrains plus typés heavy-rock. Pour résumer : c'est comme si Body Count rencontrait Muse. J'ajouterai également que le côté electro-urbain de la composition m'a rappelé les Nova Twins (que j'ai eu la chance de voir en concert début 2020 avant la crise sanitaire). A écouter d'urgence.
Comment ne pas penser au film du même nom avec l'interlude instrumental « 21 GRAMS », film qui part du postulat que l'âme aurait une masse estimée à  21 grammes (théorie d'un médecin du début du XXème siècle Duncan MacDougall). Au regard de l'ambiance aérienne, éthérée qui se dégage, je ne serai pas surpris qu'un lien existe.
« POISON » a des airs de comptines « pop-hip hop-gothique » avec notamment ce phrasé et cette boîte à  musique en filigrane qui ajoute un climax un peu dérangeant (le côté witch house, courant musical que j'ai découvert avec ce titre). Surprenant mais réussi. « UNCANNY » nous plonge également dans cette ambiance horrifico-onirique avec, toutefois, un côté metal bien plus prononcé qui tape une nouvelle fois dans le mille.
« PREACHER OF STEEL » part dans le heavy-rock épique mené tambour-battant, et vous donnera une furieuse envie d'headbanguer. Un hit en puissance doté d'un potentiel live évident et qui, j'espère, deviendra un classique dans leurs futures setlists.
« MEMORY OF A WAIF » se décline en 2 parties avec un premier moment plus cinématographique (musique de générique), et un second moment plus sombre (qui m'a fait penser à  une sorte de Skunk Anansie plus heavy et plus torturé).
« BROKEN MIND » vient alors clôturer l'album dans une approche similaire à  l'ouverture proposée avec « SAULE PLEUREUR » (piano, voix…), mais dans un esprit différent : je trouve ce morceau bien plus tragique, plus sinistre et plus angoissant (notamment sur la fin).
Après plusieurs écoutes je constate avec grand plaisir que, contrairement à  l'adage, la montagne n'a pas accouché d'une souris : ECLOSION se révèle être une oeuvre riche, variée tant dans les influences que dans les émotions partagées, et dotée d'une production puissante, élégante et soignée. Ce premier effort des NO TERROR IN THE BANG a tout pour être la bande-son de ce premier semestre 2021, et par conséquent, entre déjà  en lice pour figurer dans mon top 2021.
Bonne écoute.
Clip de « ANOTHER KIND OF VIOLENCE » :
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